Logements concentrationnaires pour migrant-e-s…

Logements concentrationnaires pour migrant-e-s…

«On a le sentiment d’être mis dans un dépôt» , tel est le titre d’un courrier des lecteurs publié dans Le Courrier du mercredi 31 août 2005 et rédigé par un NEM (requérant d’asile frappé de non entrée en matière). Outre la promiscuité et la sur-occupation des baraquements au centre d’hébergement de la Voie-des-Traz (en bordure de l’aéroport de Cointrin), l’auteur fait état du «bruit des avions et des odeurs très fortes» , de la nourriture insuffisante, de dépression et de maladie de nombreux NEM, de l’interdiction de visite d’amis. Il pose un constat amer «les NEMS sont des gens que la Suisse a voulu jeter à la poubelle (…). La Suisse est en train de détruire beaucoup de gens! J’espère que les autorités suisses nous donneront le droit de vivre comme des être humains» .

Cet article est publié un jour après le dépôt, par solidaritéS, d’une motion au Conseil d’Etat demandant d’expliquer sa politique en matière de logement des requérant-e-s d’asile. Car si la Suisse, et donc Genève, bafoue les droits élémentaires des NEM, le canton semble poursuivre une politique indigne vis-à-vis de l’ensemble des requérant-e-s d’asile. Un constat est établi: les années 2000 sont marquées par une diminution du nombre de requérant-e-s. Pourtant, leurs conditions de logement dénotent un caractère plus «concentrationnaire» que durant la situation d’urgence des années 1990, lors de l’arrivée importante de requérant-e-s provenant de pays en guerre, notamment de l’ex-yougoslavie.

L’Hospice général, en charge d’accueillir et d’intégrer les requérant-e-s d’asile, a obtenu l’autorisation d’aménager des blocs «containers» (160 personnes logées) en bordure des pistes de l’aéroport international de Cointrin, au lieu dit «les Tilleuls», non loin des baraquements des «NEM»! Outre le fait que l’Office cantonal de la population ne reconnaissait pas ce lieu comme une adresse officielle, et que la voirie ne relevait pas les ordures, l’autorisation a été accordée sans qu’aucun élément ne permette d’affirmer que des mesures du niveau de pollution de l’air et de bruit aient été effectuées. Que penser d’un tel emplacement, accolé à la barrière protégeant l’accès à la piste, soit sur la partie du territoire genevois la plus polluée par le kérosène. Que penser du déplacement de familles entières vivant jusqu’alors dans des appartements en ville dans de tels logements? Que penser d’un projet qui semble se dessiner, de réserver aux gens du voyage un terrain adjacent aux «containers» des Tilleuls?

Le canton de Genève développerait-il une politique concentrationnaire des migrant-e-s? Tout semble nous porter à le croire! SolidaritéS attend des réponses claires du Conseil d’Etat. Notre mouvement se battra fermement contre une telle politique xénophobe et indigne à l’endroit des plus démuni-e-s de notre république, à savoir les requérant-e-s d’asile et les «NEM». (nl)