Droit au logenent d'abord… Rhino doit vivre!

Droit au logenent d’abord… Rhino doit vivre!

Rhino, pour Réoccupation par les Habitant-e-s des Immeubles Non Occupés, est à Genève un symbole de la résistance populaire à la scandaleuse spéculation immobilière de la fin des années 80. La droite de ce canton, responsable de la spirale spéculative et de la crise du logement qui en a découlé, n’a cessé d’attaquer de front les locataires pour masquer son désastreux bilan et favoriser les intérêts des milieux qu’elle représente, en laissant entre autre une ardoise de plus de 2,7 milliards à la BCG aux frais de la collectivité.

Aujourd’hui, alors que la crise du logement n’a cessé de s’aggraver, le procureur Zappelli s’appuie sur une victoire de cette droite et de ses extrêmes aux élections cantonales du 9 octobre pour jouer au fossoyeur zélé de ce lieu emblématique des occupations légitimes d’immeubles, d’appartements ou de locaux laissés vides par les spéculateurs, de la promotion du logement associatif et de l’animation culturelle autogérée. L’enjeu du rapport de forces engagé est clairement de savoir ce qui prime, le droit au logement, les droits des habitant-e-s ou le droit à la propriété.

L’appel à l’évacuation de Rhino lancé par Fontanet, défenseur des propriétaires, parlant cyniquement de «déprédations des immeubles», a été relayée par le procureur le 19 octobre, avec un argument particulièrement odieux, celui d’«éviter tous les troubles de l’ordre public», stigmatisant ainsi les habitant-e-s de Rhino, alors que les actions entreprises par Rhino jusqu’à ce jour, en plus d’un entretien de fait des immeubles, et d’un engagement financier régulier, sont aujourd’hui très largement reconnues dans leur utilité sociale et culturelle.

Depuis des décennies, les milieux immobiliers et leurs relais parlementaires cherchent à évacuer les locataires à bas revenu du centre de la ville vers la périphérie au profit de bureaux et d’appartements de luxe pour les grandes entreprises et leurs cadres. Les attaques répétées contre la LDTR, la relance des congés ventes, les abattements fiscaux pour les propriétaires illustrent cette volonté. La résistance des locataires s’est pourtant affirmée pendant toute cette période avec des succès réguliers en votations populaires mais n’a pu contrer la politique de pénurie de logements aux loyers accessibles pour la majorité, face à la volonté de la droite qui a toujours priorisé la propriété face au droit au logement.

La légitimité du mouvement des squatters

Les années de luttes des squatters pour l’appropriation collective d’un bien essentiel, le logement, représentent sous des formes variées l’affirmation du droit fondamental pour chacun-e à un toit. Le plus souvent, ces mouvements d’occupation de logements vides en période de pénurie ont été assumés par des jeunes sans ressources financières et ont donné lieu à des expériences conviviales, innovantes sur le plan social et culturel. Les récentes mobilisations du mouvement étudiant (Collectif «Besoin de ToiT», occupations du California, puis du Carlton ) ont reçu un soutien populaire, y compris en votation. C’est cette légitimité que la droite veut annihiler dans une nouvelle phase d’offensive contre les défenseurs du logement social. L’évacuation de Rhino s’inscrit dans cette politique de liquidation du mouvement des squatters.

Relançons la résistance…

Nous défendons le droit au logement et à des conditions d’habitats favorables à la vie culturelle et à la convivialité. Nous devons nous mobiliser pour accroître le volume et le rythme de construction de logements sociaux, pour la défense accrue des locataires, notamment contre les hausses de loyers, et les évacuations forcées.

Il faut réquisitionner les logements vides, voir exproprier certains terrains à des fins locatives. C’est la voie de l’initiative Rhino. Il faut déclasser les parcelles nécessaires à la construction de nouveaux logements bon marché, et récupérer la parcelle de la caserne des Vernets dans le même sens. Il faut refuser les projets accordant des privilèges indus aux promoteurs qui veulent valoriser des terrains pour maximiser leurs propres profits.

Seules, les mobilisations en cours permettrons d’avancer concrètement sur cette voie: nous réaffirmons que les centres des villes appartiennent à toutes et à tous, qu’ils sont une richesse et un bien commun qui peut contribuer à transformer les énergies individuelles en élan collectif pour projeter les sociétés dans l’avenir et rendre possible un autre monde. Pour cela, nous devons nous battre afin de leur imposer un caractère essentiellement populaire…

Gilles GODINAT