Licenciements de délégués du personnel

Licenciements de délégués du personnel

A Matisa, Sécheron, Caran d’Ache, les licenciements ont frappé des membres des commissions du personnel. A Sécheron, dans la charrette des 25 licenciés (sur 189 salarié-e-s), on trouve deux délégués du personnel et un délégué à la caisse de pensions. A Caran d’Ache, le cas est encore plus flagrant, puisqu’un tri singulièrement sélectif a permis d’éliminer deux délégués syndicaux du personnel administratif et technique. Quant à Matisa, la direction s’en est prise directement et spécifiquement au président de la commission du personnel, Jean-Marc Coulon, menacé de licenciement.

La protection des représentant-e-s du personnel dans les entreprises est minimale, sinon nulle, en Suisse. Même s’il arrive à certaines commissions du personnel de se rapprocher dangereusement du statut d’annexe de la direction du personnel (DRH), ces instances représentent l’un des principaux points d’ancrage de l’activité syndicale dans la réalité quotidienne des travailleurs et des travailleuses et l’une des premières formes d’organisation des salarié-e-s sur leur lieu de travail.

Ces licenciements sont donc graves, comme tout licenciement d’ailleurs, et traduisent le véritable climat qui existe dans nombre d’entreprises, loin des discours ronflants sur «la grande famille entrepreneuriale unie dans l’aventure du grand large de la globalisation» . Comme le dit Michele Nista, président de la commission d’entreprise de Sapal: «En réalité, il existe un fossé énorme entre le discours des politiciens bourgeois qui disent que les conventions collectives doivent régler les relations dans les entreprises et la pratique des employeurs qui font tout pour que les travailleurs ne puissent pas s’exprimer. Nous devons obtenir la garantie de l’emploi pour les travailleurs élus, durant tout leur mandat et même durant les deux années suivantes.» ( L’événement syndical , 28.10.2005).

L’enjeu est d’ampleur et mérite une mobilisation à sa hauteur. Les délégués de la Conférence d’industrie MEM d’Unia l’ont bien compris, qui ont réservé une ovation debout à Jean-Marc Coulon, le 25 octobre. Signer la pétition de soutien à ce dernier relève donc de la solidarité la plus élémentaire (www.unia.ch). Mais on peut douter qu’une pétition atteigne l’objectif de faire reculer durablement le patronat sur ce point de la protection des représentant-e-s du personnel.

Seule une mobilisation forte des salarié-e-s concernés serait susceptible d’y arriver. En prendre le chemin suppose de relativiser dans les faits la paix du travail absolue et de considérer que le licenciement d’un membre d’une commission du personnel revient, du côté patronal, à rompre l’engagement conventionnel. (ds)