Caserne à moitié occupée et crise du logement…

Caserne à moitié occupée et crise du logement…

Nous publions ci-dessous l’appel à une action militante symbolique – et pacifique dans tous les sens du terme! – qui a eu lieu devant la caserne des Vernets à Genève le 4 novembre, à la veille de la grande manif RHINO, à l’appel de la CIGUE (coopérative de logement pour personnes en formation), de la CUAE (Conférence universitaire des associations d’étudiant-e-s), du GSsA, du «Collectif Carlton» et de solidaritéS…

Malgré les préparatifs pour la manif du lendemain et une pluie battante, plusieurs dizaines de militant-e-s se sont retrouvés ce soir-là, pour applaudir et participer à une performance de rue, illustrant la problématique du manque aigu de logements notamment pour les jeunes en formation. L’une des solutions du problème étant… la réappropriation par la collectivité, l’Etat de Genève en l’occurrence, de la Caserne des Vernets, pour y construire du logement répondant à ce besoin. Encore faut-il qu’il y ait une réelle volonté politique de le faire. Le «hasard» faisant bien les choses, la Tribune de Genève publiait le jour-même un article annonçant que le canton pourrait récupérer la caserne «à l’horizon 2010-2012» selon des entretiens ayant eu lieu en juin – et dont rien n’avait filtré jusqu’ici – entre représentant-e-s du Conseil d’Etat et le chef de l’armée Christophe Keckeis…

5 ou 6 ans à attendre encore donc, mais l’issue serait favorable? Voire… la patronne libérale du «Département militaire» du gouvernement genevois, Martine Brunschwig-Graf, qui «refuse de se précipiter» ne déclare-t-elle pas – toujours selon la Tribune – que «Plusieurs combinaisons sont possibles. Des privés peuvent aussi s’intéresser à ce terrain…»

Il faudra donc y revenir. Pour maintenir la pression et dire que l’«horizon» de plus d’un lustre pour que les militaires quittent les Vernets est bien trop long et ne correspond d’aucune manière à l’urgence de la crise du logement genevoise. Et pour empêcher les «combinaisons» évoquées par Madame Brunschwig Graf qui verraient ce terrain de la collectivité livré comme champ de manœuvres… aux spéculateurs de tout poil. (pv)

Cherchez l’erreur! Genève connaît encore et toujours une forte crise du logement, problème proclamé par nos politiques comme prioritaire. Pourtant, entre le droit au logement dans sa Constitution1 et le droit d’expropriation dans ses lois2 ce ne sont pas les bases légales qui font défaut dans la République et Canton de Genève pour agir. […]

Alors que les squats sont vidés par la contrainte et que les loyers flambent, la création de logement fait cruellement défaut. Il est indispensable et urgent de trouver des solutions à la pénurie du logement!

En plein centre, 50000 m2 de vide…

Or, cas exceptionnel en Suisse (les autres grandes villes ayant été libérées de leur caserne), à Genève, il se trouve un terrain de presque 50000 m2 de surface en plein centre de notre ville: la caserne des Vernets. Peu occupée en raison des réformes Armée XXI, elle n’accueille plus que quelques cours de répétition et de formations spécifiques, notamment la garde d’ambassade.

L’absurdité de conserver une telle infrastructure partiellement utilisée en pleine zone urbaine saute aux yeux. Dans l’accord locatif qui lie le canton à la Confédération, il est précisé qu’il peut à tout moment reprendre la libre jouissance des terrains et des immeubles si d’autres terrains sont mis à disposition: le camp d’entraînement d’Epeisses, par exemple, pourrait très bien convenir. Par ailleurs, la baisse des effectifs entraînée par les réformes Armée XXI oblige la Confédération à réduire activement les terrains, bâtiments et installations militaires. Malgré ce remaniement du concept de stationnement, la caserne des Vernets n’a pas été touchée. Pourtant, si son contrat de bail est établi jusqu’en 2025, des échéances en 2007 et en 2010 ont été fixées pour rediscuter de la réelle nécessité de son utilisation. Dès lors, nous exigeons des autorités qu’elles profitent de ces échéances pour mettre fin à cette absurdité.

Plans d’aménagements alternatifs

Il est opportun dès maintenant d’envisager des plans alternatifs d’aménagement de logements et de constructions d’utilité publique: c’est d’ailleurs une demande qui a été formulée à plusieurs reprises, entre autres dans une motion du Conseil municipal de la ville demandant à l’exécutif d’engager une procédure dans ce sens. Une motion au Grand Conseil en 2005 et en 2004 au Conseil national, toutes deux rejetées, contiennent les mêmes réclamations. Actuellement, un concours international d’architecture et des travaux divers planche sur des projets urbanistiques. Il est temps de les concrétiser, car pendant que certains protègent des ambassades, d’autres gens en situation difficile attendent d’être logés.

Finalement, la caserne est actuellement surtout utilisée pour des engagements de sécurité interne de l’armée, dits subsidiaires (protection diplomatique et surveillance). Au-delà du danger que peut représenter l’attribution de ces tâches de police à des militaires mal formés, ces engagements, prétextes pour donner du travail à une armée qui n’a plus lieu d’être, sont illégitimes voire anticonstitutionnels selon l’article 58 al.2 de la constitution.

Pour ces raisons, nous estimons légitime et indispensable d’exiger le départ des militaires et de revoir l’affectation attribuée à la caserne des Vernets pour la rendre à un usage d’utilité publique, en priorité du logement social.

Rendons la Caserne
à un usage civil!

  • Faisons du militaire inutile et coûteux un usage civil intelligent répondant aux besoins de la société!
  • Genève, une «ville de Paix» ne veut plus de caserne en plein centre!
  • Genève une ville sociale qui veut loger décemment tous ses habitant-e-s!

Organisation: CIGUE, CUAE, GSsA,
Collectif Carlton, solidaritéS, …

  1. Art. 10
  2. Loi sur les démolitions, transformations et rénovations de maisons d’habitation (LDTR) art. 26 et suivants.