CCT de la métallurgie: rien ne bouge!

CCT de la métallurgie: rien ne bouge!

En 2003, les associations signataires de la convention de l’industrie de la métallurgie (130000 salarié-e-s, 600 entreprises) avaient décidé de la prolonger de deux ans, les conditions d’un accord étant loin d’être réunies. D’un côté, l’association patronale avait des prétentions commeaugmenter le temps de travail à 42 heures par semaine, rendre le
13e salaire facultatif, flexibiliser les horaires de travail. En face, les différents syndicats et associations signataires de la convention de la métallurgie…

On notera tout d’abord que les salarié-e-s sont représentés par des syndicats comme Unia, mais aussi par des groupements assez particuliers, comme le VSAM, qui représente plutôt une association maison – dans certaines entreprises on y est apparemment inscrit d’office –, mais joue un grand rôle dans la négociation. A la lecture des publications du VSAM (voir ci-dessous), on a l’impression que le patronat se trouve des deux côtés de la table …

Temps de travail flexible

Le syndicat Unia avait un cahier de revendications ambitieux: salaires minimaux régionaux, adaptation des rémunérations au coût de la vie négociée centralement, retraites anticipées, réduction du temps de travail pour les emplois en équipes. Ces deux années ont été l’occasion d’intenses tractations. Cependant, de mobilisation des métallos pour la convention collective, on n’en a pas vu la couleur. Au bout du compte, la Convention Collective n’a pratiquement pas changé, mais elle a été finalement signée, faute de mieux.

Un article nouveau, le 57, a suscité les inquiétudes des militants syndicaux: il prévoit la possibilité, pour le patron, dans certaines situations, d’augmenter le temps de travail, de 2080 heures annuelles actuellement (40 heures par semaine en moyenne) à 2210 heures annuelles (42 heures par semaine en moyenne), et ceci avec le même salaire. Ces augmentations sont soumises à l’accord des organisations représentant le personnel (vu la qualité des signataires, on a quelques inquiétudes à se faire).

Aucune mobilisation, aucune avancée…

La convention contenait déjà un article dit «de crise» qui permettait aux employeurs de prendre des libertés avec le temps de travail, mais le nouvel article qui confirme la possibilité de déroger aux accords sur le temps de travail a suscité des réactions indignées dans la base syndicale. L’info distribuée par la direction d’Unia, après la signature, vise essentiellement a tenter de rassurer les travailleurs-euses sur la portée de cet article 57.

L’assemblée des délégués Unia a accepté de reconduire cette convention à une large majorité, faute de toute autre perspective. Ainsi, la paix du travail absolue est également reconduite pour 4 ans, sans que les revendications prioritaires du syndicat (salaire minimum, temps de travail, retraite anticipée) n’aient avancé d’un iota. Il fallait s’y attendre! Des avancées dans ces domaines sont en effet inconcevables sans une mobilisation sociale importante et sans un renforcement de l’organisation des travailleurs sur la place de travail.

Qu’est-ce que le VSAM?

Voilà comment se présente cette association, qui prétend regrouper la moitié des salarié-e-s de l’industrie de la métallurgie:

«La VSAM pense et agit comme un partenaire d’entreprise, compétent, constructif, objectif et orienté vers le futur. Elle recherche des solutions créatives, professionnelles, pragmatiques et mesurées et soigne le dialogue. Au contraire d’autres syndicats, la VSAM fait preuve de retenue envers des postulats dogmatiques et forfaitaires. Elle est indépendante, tant politiquement que confessionnellement, ainsi que des employeurs et autres syndicats.»

On croit rêver! Décidément le monde du travail a du pain sur la planche pour parvenir à prendre en main la défense de ses intérêts.

Henri VUILLIOMENET