Les dangereuses dérives de la police neuchâteloise

Les dangereuses dérives de la police neuchâteloise

Déjà mis en évidence lors de l’acquittement des manifestants anti-UDC (voir solidaritéS no 87), le comportement de la police cantonale neuchâteloise ne cesse de faire la une de la presse. En automne dernier, l’opération Emmaüs (voir solidaritéS no 74) avait vu une vingtaine de policiers équipés pour la lutte contre la guérilla urbaine emmener menottés des membres cette communauté.

Aujourd’hui le procureur doit reconnaître, dans L’Express, que l’intervention de police a largement dépassé le cadre qui avait été fixé par le ministère public. Néanmoins un des buts de la police a été atteint; si l’activité de la communauté a été reconnue de type thérapeutique, ne nécessitant donc pas de permis de travail, le principe qui consiste à ne demander à personne d’où il vient et ce qu’il a été, mais de s’engager à suivre les règles de la communauté, ne pourra plus être respecté. Les étrangers hors union européenne trouveront désormais portes closes à Emmaüs, de par la volonté des autorités politiques et policières.

Autre fait inquiétant rapporté par la presse: suite à un braquage à la poste de Corcelles (un village du canton de Neuchâtel), un couple de buralistes postaux, après avoir été retenu une nuit par les agresseurs, a été soupçonné à tort de complicité. Résultat: un mois de détention préventive! Un mois d’interrogatoires éprouvants, pour être finalement libéré à mi-février. Aujourd’hui on leur annonce un non-lieu, mais quelle ne fut pas leur surprise de voir des techniciens arriver à leur domicile pour débrancher les micros (et les caméras?) qui avaient été placés à leur insu dans leur appartement durant leur détention. Le tort moral est immense. Quant aux pertes de gain et aux frais d’avocat, ils ne pourront être compensés que si le couple porte plainte contre l’Etat et exige des indemnités.

La police se sent de plus en plus les mains libres pour agir à sa guise et se réfugie derrière le caractère légal des mesures prises (mises en place par la législation antiterroriste); ne s’est-elle pas déjà félicitée, il y a quelques mois, d’avoir pu arrêter un délinquant grâce aux caméras placées dans son appartement, se fixant pour seule limite de ne pas filmer le lit conjugal? Où s’arrêtera la surveillance? Mettre de plus en plus de pouvoir dans les mains de la police finit toujours par se retourner contre la population.

Henri VUILLOMENET