Diktat patronal confirmé au National

Diktat patronal confirmé au National

C’est par 117 voix contre 65, que le Conseil national a rejeté le 13 juin dernier l’initiative parlementaire Vanek «Extension des conventions collectives facilitées, salaires minimaux, annulation des licenciements abusifs de syndicalistes.»

Rappelons que cette initiative, soutenue au vote par l’essentiel de la gauche et des verts, reprenait des propositions que le groupe «A gauche toute!» avait faites en décembre 2004 pour renforcer les «mesures d’accompagnement» à l’extension de la libre circulation.

Contre le dumping salarial, il s’agissait d’obtenir que soit supprimée la condition restrictive que la sous-enchère salariale soit «abusive et répétée » pour pouvoir réagir, que l’extension des conventions collectives soit possible à la seule demande du syndicat, la possibilité de salaires minimaux par branche et par région et la possibilité d’annulation de licenciements abusifs de représentant-e-s des travailleurs-euses, qui fait défaut en Suisse comme l’a dénoncé l’OIT.

Le vote de la majorité parlementaire patronale contre cette initiative n’est évidemment pas une surprise. Mais les arguments de celle-ci méritent d’être rapportés.

Le rejet de la possibilité de faire annuler par voie de droit le licenciement abusif d’un syndicaliste par exemple, a été tout à fait ouvertement défendu du fait que cette modeste mesure «porterait préjudice à la flexibilité du marché du travail.» Bel aveu sur la nature de la «flexibilité» en question, qui n’est qu’une étiquette commode pour… l’inflexibilité du diktat patronal comme règle d’or du système et garante de profits maximums.

Sur le plan de l’extension des conventions, c’est le droit de veto patronal absolu qui a été défendu au nom de la concertation entre «partenaire sociaux».

Le rapporteur libéral-radical de langue allemande a été clair. Dénonçant l’initiant pour avoir voulu «reprendre un catalogue de revendications syndicales ayant déjà par le passé essuyé des défaites au parlement» – ce qui est en effet le cas – il a plaidé encore une fois pour le refus de «restreindre la marge de manœuvre patronale» et chanté les louanges du «modèle suisse». Ce n’est pas pour rien que la Suisse à le moins de jours de grève au monde! s’est-il exclamé avec ravissement, en concluant que les mesures proposées détérioreraient «massivement» les conditions-cadres du paradis patronal helvétique.

Sur la question du salaire minimum, le rejet des propositions contenues dans l’initiative parlementaire, met clairement la balle dans le camp de ceux qui – comme nous – se posent la question du lancement d’une initiative populaire fédérale pour un salaire minimum légal dans ce pays. Affaire à suivre…

Pierre VANEK