L’assassinat bientôt dans le PIB?

L’assassinat bientôt dans le PIB?

La Grèce avait honteusement triché sur son déficit
pour pouvoir rentrer dans l’Europe en janvier 2001. Elle
vient de s’enrichir d’un coup de 25%, en faisant rentrer
dans le calcul de son Produit intérieur brut (PIB) toute une
série d’activités de l’économie
«parallèle», comme le travail au noir. A
l’instar d’autres pays européens, elle a aussi
intégré dans son estimation des éléments
comme la fraude à la TVA et la dissimulation de chiffre
d’affaires.
Et, pour faire bon poids sans doute, le ministre des finances Georges
Alogoskoufis a également fait l’inventaire des
«activités illégales», comme le blanchiment,
la prostitution, la fraude, la corruption, etc., qui figurent depuis
dans le PIB.
On savait déjà que l’augmentation des cas de
cancers (maladie au traitement souvent onéreux) entraînait
une croissance du PIB, selon la curieuse définition de la
richesse à la base de cet indice. Voilà que les
activités maffieuses y vont de leur contribution, risquant de
propulser la Sicile à l’avant-garde des régions
européennes les plus riches!
L’humour noir britannique avait proposé de
considérer l’assassinat comme un des beaux-arts.
L’humour grec vient de le propulser au rang d’industrie
nationale.

Chocs-options aux Etats-Unis

Selon une étude universitaire, près de 30% des
entreprises américaines auraient antidaté ou
manipulé à un moment ou à un autre les plans de
stock-options attribués à leurs dirigeants
entre 1996 et 2005. Le but de la manœuvre? Maximiser
les gains supplémentaires réalisés lors de la
vente des titres. Normalement, les stock-options,
c’est-à-dire ce droit de vendre des actions de
l’entreprise concédé aux dirigeants, voient leur
prix d’exercice fixé lors de leur attribution. Antidater
cette attribution permet d’aller rechercher dans le passé
la période la plus basse du cours des actions et donc
d’augmenter artificiellement la différence avec le cours
effectif au moment de la vente.

Près de 80 entreprises ont ainsi l’objet d’une
enquête du gendarme de la bourse (SEC), qui les soupçonne
d’avoir antidaté leurs stock-options sans en avertir leurs
actionnaires (ce qui est illégal). Parmi elles, le gratin de
l’informatique et des télécommunications
(Microsoft, Apple, Brocade, etc.) Le Wall Street Journal en a
rajouté dans le genre macabre en révélant que
certaines entreprises comme Home Depot, Black et Decker et United
Health avaient profité de la chute de la Bourse après les
attentats du 11 septembre pour attribuer des stock-options
à leurs dirigeants. Merril Lynch, qui a perdu trois
employés lors de l’attaque sur le World Trade Center,
aurait attribué à son président des options sur
plus de 750 000 actions, qui avaient alors perdu 15% de leur valeur.
Toujours glacées, les eaux du calcul égoïste…

Daniel SÜRI