Les cartes électorales vaudoises sont rebattues

Les cartes électorales vaudoises sont rebattues

En décidant, à une très forte majorité, le
25 octobre de présenter deux candidats à
l’élection du Conseil d’Etat vaudois du printemps
2007, les Verts ont biffé de l’ordre du jour politique
l’éventualité d’une liste à quatre (2
PS, 1 Vert, 1 A Gauche toute!), qui avait été le choix
à la fois du Parti socialiste et d’une majorité
d’A Gauche toute!, malgré l’opposition de
solidaritéS (cf. solidaritéS no 95 du 11.10.2006).

Ce rejet de la liste à quatre par les Verts, défendue
entre autres par Laurent Rebeaud, actuel porte-parole du gouvernement
vaudois, fait ouvertement le choix du maintien d’une
majorité de droite au gouvernement, estimant en outre
qu’une majorité de gauche au Grand Conseil
(législatif) est impossible. Ce positionnement va de pair avec
quelques gentillesses sur l’archaïsme de la gauche,
représentante de «classes sociales en voie de
disparition». L’insistance est mise sur le fait que Les
Verts n’appartiennent pas à la gauche, que «ni de
gauche, ni de droite», ils sont «devant» et que leur
politique d’alliance avec la gauche tenait plus
d’aléas historiques que d’un choix politique
profond. (Laurent Rebeaud, sur les ondes de la RSR, au journal du matin
le 27 octobre). Cette option du grand large – Rebeau parlait
de sortir d’un carcan – a été
généralement mise sur le compte d’une nouvelle
génération de membres du parti, visiblement plus
pressée d’aller aux affaires que sa devancière et
qui a réussi à marginaliser une partie des dirigeants
historiques (Anne-Catherine Ménétrey, Daniel
Brélaz).

Avec le refus de la liste à quatre, le projet de mesures
prioritaires pour le programme de législature 2007-2012,
laborieusement négocié entre le PS, les Verts et A Gauche
toute! (AGT) tombe aussi à l’eau, puisque ce texte
n’avait de sens que dans le cadre d’une liste à
quatre au premier tour, susceptible de l’emporter contre la liste
à quatre de la droite et s’appuyant sur une
majorité au Grand Conseil. C’est du moins l’avis de
solidaritéS qui le fera connaître lors de la
deuxième journée des Assises d’A Gauche toute! le
4 novembre. Un ordre du jour chargé pour cette
réunion, puisqu’il s’agira à la fois de
décider du programme d’AGT – à partir des
résultats des groupes de travail de la première
journée – et de la position d’AGT concernant
l’élection au Conseil d’Etat. Le même jour, le
PS vaudois tiendra son assemblée générale, qui se
déterminera aussi sur ce point, son Comité directeur
ayant opté pour une formule 2 + 1, soit deux PS et un AGT.
Mais la logique politique d’une liste commune minoritaire
n’est évidemment pas la même que celle d’une
liste à quatre et sa mathématique électorale non
plus. Le cavalier seul des Verts réinvite aussi à une
nouvelle évaluation de cette question.

Daniel SÜRI