hommage A catherine reid...

CATHERINE, TU RESTERAS DANS NOS MÉMOIRES

Catherine courage, tout le monde la connaissait. Bien au-delà des frontières cantonales. Vendeuse à la Migros, elle avait osé porter plainte pour discrimination salariale. Victime d’un cancer récemment déclaré, Catherine Reid, qui n’a jamais cessé de se battre malgré une sclérose en plaque qui la faisait souffrir depuis plusieurs années, a dû lâcher prise. La mort l’a emportée à l’âge de 56 ans, dans la nuit du 16 au 17 août. Nous pleurons une amie, une camarade, une femme d’exception, une battante. 

Après une vie riche de plusieurs métiers, Catherine avait choisi de travailler à la Migros. Depuis toujours soucieuse de la défense du monde du travail, elle s’était rapidement affiliée au syndicat et avait défendu avec conviction ses collègues au sein de la commission du personnel. Suivant attentivement ce qui se passait dans la vie politique, notre campagne contre le travail du dimanche ne lui avait pas échappé : solidaritéS s’imposait comme un mouvement fait pour elle. Déjà militante à Unia, elle voulait  plus qu’un engagement syndical : un changement de société, un monde où hommes et femmes seraient traités à égalité, en tous points.

Catherine a rejoint solidaritéS il y a dix ans. En même temps que la Marche mondiale des femmes. Entre 2004 et 2012, elle s’est présentée à plusieurs reprises sur nos listes électorales, au niveau communal, cantonal et fédéral : «C’est la claque du 10 décembre 2003 [élection de 7 hommes au Conseil fédéral] qui m’a fait réagir! Quand j’ai appris le résultat, j’ai pensé: maintenant, il faut y aller! Les femmes sont exploitées et ne connaissent pas leurs droits, et les patrons jouent sur leur ignorance. Les femmes et le monde du travail ouvrier sont mal représentés dans nos institutions.» (extrait d’une interview parue dans notre journal, n° 45). Du premier au dernier jour, l’engagement féministe, social et solidaire de Catherine aura été exemplaire.

David contre Goliath

En portant plainte contre la Migros, Catherine savait qu’elle s’attaquait  à un géant et que la Migros ferait tout pour faire traîner le procès en longueur. Elle le disait, c’est un peu David contre Goliath, mais ce qui est juste est juste, et la loi doit aussi s’appliquer à la Migros, que cela leur plaise ou non.  A l’heure de sa mort,  l’affaire n’est toujours pas réglée. Ce procès, ponctué de recours, où la Migros refusait tout, par principe et peur d’une jurisprudence qui serait applicable à l’ensemble du personnel, Catherine l’aura assumé jusqu’à son dernier souffle. Elle l’a répété jusqu’à la dernière heure, c’est pour toutes les travailleuses de la Migros que je me bats, c’est pour toutes les femmes qu’on se bat.

     La cérémonie des adieux, émouvante, a eu lieu dans la salle Unia à Neuchâtel. Catherine Laubscher a pris la parole au nom de Unia, de solidaritéS et de la Marche mondiale des femmes, rappelant et remerciant la femme de coeur, de justice, de courage et de résistance que nous perdons aujourd’hui.

     Salut Catherine, nous ne t’oublierons pas. Ta lutte est la nôtre, nous la continuerons. Toute notre amitié aussi à ton compagnon et à ta fille qui, comme nous, peuvent être fiers de toi. 

Marianne Ebel, SolidaritéS Neuchâtel, Août 2012