Lutter contre le patriarcat en siégeant au Grand Conseil, est-ce réaliste ?

Le patriarcat, pas plus que le capitalisme, ne s’effondrera pas de lui-même, ni par une politique des petits pas. Seul, le travail parlementaire ne suffira pas à un changement si radical. Mais en donnant de la voix aux revendications portées dans la rue par des milliers de femmes et personnes lgbtiqa+, nous pouvons renforcer le mouvement autonome des femmesx¹. La présence au Grand Conseil d’un positionnement fermement féministe tel que celui de solidaritéS est une condition essentielle pour lutter contre le machisme et le sexisme.

L’Union Syndicale Cantonale Neuchâteloise (USCN) a établi une liste de 45 revendications que nous soutenons toutes et que nous nous engageons à prendre en compte, respecter et défendre au cours de la législature 2025-2029. Plusieurs d’entre elles concernent plus particulièrement les femmesx et seront un bon point d’appui pour nos interventions parlementaires.

Nous défendrons avec conviction une extension des droits politiques : droit de manifester gratuitement et sans autorisation préalable ; droit d’affichage sans tracasseries judiciaires, policières ou règlementaires ; garantie des libertés syndicales. Ces droits sont essentiels, notamment pour le Collectif neuchâtelois de la grève féministe, mais aussi plus largement pour toute la population (revendications 1 à 4 de l’USCN).

Nous nous engagerons en faveur de l’inscription dans la Constitution d’un nouvel article garantissant les droits des personnes LGBTIQA+ (revendication 8 de l’USCN). Cela implique une campagne longue qui nous permettra de thématiser l’importance de développer une politique inclusive.

Une série de revendications concernent plus directement le monde du travail, où les femmes restent clairement discriminées. Pour avancer sur le droit à un salaire égal pour un travail de valeur égale, nous proposons la mise en place d’un observatoire des salaires et d’une loi analogue à la loi sur l’égalité jurassienne (revendication 14 de l’USCN). Une réforme de la loi sur la formation professionnelle, importante pour les filles et les femmes, et plus généralement pour tou·te·s les salarié·e·s, rencontrera aussi notre soutien (revendication 13 de l’USCN). Pour un meilleur partage du travail domestique et d’éducation des enfants, nous revendiquons la réduction du temps de travail sans diminution de salaire, qu’elle soit hebdomadaire ou sous la forme de plus longues vacances. De plus, les congés parentaux doivent permettre aussi bien aux pères qu’aux mères d’accueillir leurs bébés dans de bonnes conditions (revendications 15 et 16 de l’USCN). La prochaine législature devra aussi donner le jour à une CCT dans le secteur de l’accueil de la petite enfance, mobilisé à juste titre depuis la grève féministe du 14 juin 2019 (revendication 34 de l’USCN).

solidaritéS s’engagera aussi aux côtés du Collectif neuchâtelois de la grève féministe pour des mesures concrètes contre toutes les formes de violences sexistes et sexuelles. Ces violences et les mesures pour y faire face concernent les lieux de travail, l’espace public, les institutions, les couples et les familles. Au niveau des écoles et sur les lieux de formation, nous voulons des programmes d’éducation combattant toutes les formes de harcèlement, de sexisme et de discriminations.

Depuis la grève du 14 juin 2019, trop peu d’avancées féministes ont été faites dans notre canton, mais solidaritéS est déterminé à défendre ces revendications au Grand Conseil, tout en cherchant l’appui actif des syndicats et du Collectif féministe pour la grève.

1. Femmesx : orthographe inclusive qui signifie femmes et personnes LGBTIQA+ ↩︎