Non à l’extension monstrueuse de Balexert

Non à l’extension monstrueuse de Balexert

Le 26 janvier, la majorité de
droite du Grand Conseil genevois approuvait un projet de loi
déposé par le Conseil d’Etat, à
majorité roseverte, décrétant l’octroi au
mégacentre commercial de Balexert S.A. d’une concession
sur le domaine public. Celle-ci lui permettrait d’étendre
un pseudopode abominable au-dessus de la route de Meyrin. Ce projet est
monstrueux à plusieurs titres. Un référendum vient
d’être lancé.

C’est sur une longueur de 130 mètres que la route de
Meyrin serait recouverte, pour y installer 7500 m2 de nouvelles
surfaces commerciales, sur deux étages, culminant à 18
mètres de hauteur. Le privilège d’installer cette
grosse verrue est octroyé à Balexert pour le loyer
dérisoire de 11 700 francs par mois. Le seul
intérêt public mis en avant pour justifier
l’opération est le fait que la construction
créerait une «passerelle » pour les
piéton-ne-s leur permettant le franchissement de la route de
Meyrin à la hauteur de l’arrêt du nouveau tram
Cornavin-Meyrin; ceci alors qu’une simple traversée en
surface bien aménagée, avec des feux, ferait
évidemment l’affaire. En revanche, les raisons de
s’opposer à ce projet sont multiples:

Sur le plan urbanistique, le bloc massif posé sur la route de
Meyrin et le tunnel de 130 mètres en dessous représentent
non seulement un enlaidissement de cette voie, par un
aménagement de type comparable à la Halle 6 de Palexpo,
mais il s’oppose à la réhabilitation de cette
artère, desservie par le tram, pour en faire un «boulevard
urbain», vivable pour les nombreux habitant-e-s des environs,
plutôt qu’une semi-autoroute.

  • L’augmentation de la fréquentation du centre
    commercial, lié à l’extension représente
    potentiellement 1650 mouvements de véhicules de plus par jour,
    alors que les normes de protection contre le bruit et contre la
    pollution de l’air (OPB et OPair) sont déjà
    régulièrement dépassées dans le secteur.
  • Les mégacentres commerciaux sont des gouffres à
    énergie dont l’extension va à l’encontre des
    objectifs écologiques et antinucléaires de la politique
    cantonale. La seule augmentation prévue de la consommation
    énergétique du Centre commercial correspond à la
    consommation d’énergie de 10 ou 15000 habitant-e-s!
  • La concentration du commerce, dans le type de centres dont
    Balexert est un archétype, tue le tissu de petits et moyens
    commerces, dans le quartier et au centre ville, sans bien entendu
    créer de pouvoir d’achat supplémentaire.
    Cinémas, magasins de quartier, voire «petits»
    centres commerciaux, comme celui voisin des Avanchets, sont mis en
    péril. La qualité de la vie diminue et chacun des
    emplois, de qualité discutable, prétendument
    «créés» par le mastodonte, se traduira par la
    suppression de plusieurs emplois ailleurs…
  • Cette opération confisque et «privatise» un
    espace public qui est bradé pour un loyer annuel correspondant
    au prix dans une zone de logement subventionné, les conditions
    de circulation pour les piétons et les deux-roues sont
    péjorées et du point de vue même des client-e-s, le
    gigantisme du centre n’apportera aucun avantage, au contraire…
  • En outre, on crée avec cette opération un
    précédent fâcheux qui pourrait se reproduire
    ailleurs, alors qu’il ne s’agit que d’une
    opération opportuniste de Balexert S.A. qui possède
    déjà des terrains propres qui lui permettraient une
    extension «normale», dont elle risque d’ailleurs de
    ne pas se priver à l’avenir.

Signez le référendum

Ainsi, ce projet doit être combattu. Il n’aaucun
intérêt social et écologique et il
estparticulièrement choquant que ce soit unConseil d’Etat,
à majorité censément rose et verte, qui ait fait
du zèle en concluantce deal avec Balexert S.A. et en
déposant, en urgence, le projet de loi en question.Il est
d’autant plus choquant qu’il l’ait
fait,volontairement, en dérogeant au
processusdémocratique habituel.

En effet, cette opération si elle devait se faire, signifie une
modification du PLQ (plan localisé de quartier) qui doit
être préavisée par les autorités locales,
sous forme d’un vote, de refus ou d’approbation, par le
Conseil municipal de la commune concernée, en l’occurrence
Vernier. Ce préavis de la commune peut être l’objet
d’un référendum, permettant ainsi aux habitant- e-s
– suisses et étrangers désormais! – de se
prononcer. Or en déposant le projet de loi et en le faisant
voter par le Grand Conseil, le Conseil d’Etat donne un signal
clair: il se soucie comme d’une guigne de la démocratie
à l’échelonmunicipal et fait primer les
intérêts «supérieurs» de Balexert SA
sur celle-ci.

Heureusement, un référendum a été
lancé; le PS, qui s’est opposé au projet au Grand
Conseil, en est l’un des moteurs, avec les Verts (dont 5
député-e-s sur 13, dont le président du parti, ne
se sontmalheureusement pas opposés au projet!) Font partie
également du comité l’association
d’habitant-e-s du secteur, la FAQH (Fédération des
associations de quartier et d’Habitants) et la
Société d’Art public.

Après en avoir débattu, solidaritéS et «A
Gauche toute!» ont décidé, bien sûr, de
soutenir le référendum,mais sans intégrer
formellement le comité référendaire et en
s’engageant à un quota raisonnable de signatures. Pourquoi
cette réserve, alors que nous n’avons aucun doute sur le
fond de notre opposition à ce projet? Parce que nous avons
voulu, symboliquement etmatériellement, que le PS et les Verts
assument pleinement leur responsabilité. C’est parce que
ces partis ont été incapables d’imposer à
leursmagistrats unminimum de respect de critères
écologiques et environnementaux, sans parler de
procédures démocratiques normales, que nous devons
descendre dans la rue récolter des signatures. Or c’est un
peu facile d’attendre de notre part, dans tous les cas, que nous
venions «rattraper» les dérapages de magistrats
roses-verts dont les partis ne peuvent ou ne veulent pas tenir la bride!

Pierre Vanek