Non à la 5e Révision de l’AIDiscours de Pierre Vanek au 1er Mai à Genève

Non à la 5e Révision de l’AI
Discours de Pierre Vanek au 1er Mai à Genève

Chères Camarades, Chers Collègues,

Le thème, décidé à
l’unanimité, de ce 1er Mai à Genève,
c’est le NON à la 5e révision de l’AI. Ce
n’est pas un mot d’ordre abstrait, c’est une bataille
de résistance – à contre-courant – pour
mettre un coin dans les rouages de l’entreprise de
démantèlement social en cours, sous l’impulsion de
la droite patronale et plus particulièrement du parti
blochérien qui en est l’avant-garde.

Cette bataille a été engagée dans un rapport de
forces inégal, le lancement du référendum et son
aboutissement ont dépendu de la volonté et de
l’énergie de quelques petites organisations, associations,
sections et unions syndicales, mouvements, sections de partis… A
Genève, l’engagement de nombre de militant-e-s de forces
qu’on retrouve ce 1er Mai dans la rue a été
décisif et doit être salué…

Aujourd’hui, le front référendaire national est,
sur le papier, très large. Pas une seule organisation de
personnes handicapé-e-s ne soutient la révision.
L’USS, le PSS, tous ces «grands» appareils
soutiennent notre NON le 17 juin. économiesuisse, lobby
patronal, qui recensait l’autre jour leur «front»
à eux, en était réduit à annoncer
qu’il se composait des partis bourgeois, des offices AI et des
«experts»….

Mais qu’on ne s’y trompe pas, camarades, cette bataille
– que nous ici, entendons gagner à Genève –
ne le sera que «par en-bas». Par une mobilisation et une
intervention de chacun-e d’entre-nous, sur nos lieux de travail,
dans nos immeubles, dans nos quartiers, dans notre entourage, dans les
bistrots où on boit le café le matin… ceci dans les 1,
2, 3, 4… semaines qui viennent et jusqu’au 17 juin. Nous avons
besoin de chacun-e, de têtes, de bras, de langues, d’argent
aussi bien sûr…

Ce n’est pas une bataille facile. Certes vous trouverez de bons
arguments dans nos tracts ou dépliants: des arguments sur les
coupes scandaleuses de centaines de millions dans les prestations aux
bénéficiaires de l’AI; sur les mesures
inadmissibles de flicage au nom de la «détection
précoce» qui menacent tous les salarié-e-s –
dès quelques semaines de maladie déjà -, et qui
les livrent encore plus à l’arbitraire patronal et aux
licenciements possibles; sur l’absence dans cette révision
de la moindre obligation faite aux patrons de créer et
d’adapter des places de travail…; sur cette économie
capitaliste axée sur la
«compétitivité» et les profits pour les
actionnaires, qui produit un monde du travail de plus en plus dur, qui
«casse» de plus en plus de salarié-e-s qui ont
besoin plus que jamais des prestations de cette assurance sociale
indispensable à un moment où la droite veut en
réduire arbitrairement et massivement l’accès….;
sur le transfert de charges en direction des collectivités
locales et de l’aide sociale qu’implique cette
révision…; sur l’hypocrisie du discours sur la
«réinsertion» à un moment où tout
simplement les places de travail adéquates ne sont pas sur le
«marché»…; sur l’imposture de la dette de
l’AI, soigneusement orchestrée par un sous-financement
volontaire, dans une période où on a multiplié les
cadeaux fiscaux aux plus riches….

Ainsi, nos arguments sont solides, mais camarades, pour qu’ils se
transforment en force matérielle capable de nous faire gagner
cette bataille. il faut qu’ils s’incarnent, que chacun-e
s’en saisisse et surtout…. Il faut être capable de
rejeter – ensemble – et avec le mépris qu’il
mérite, l’argumentaire mensonger, populiste,
xénophobe de l’UDC, qui mènera sa campagne sur les
«abus». Certes, on pourra expliquer – statistiques
à l’appui – que les fraudes à l’AI sont
bien inférieures à celles à d’autres
assurances; qu’au contraire, avec la 4e révision
déjà, la vis à été serrée, au
point où nombre de gens qui auraient dû recevoir des
prestations de l’AI, ont été rejetés et en
sont réduits à l’aide sociale.

Mais avec l’UDC, ce n’est pas d’un débat
rationnel qu’il s’agit. Quand ce parti, annonce que 40% ou
50% des rentes actuelles seraient abusives, qu’au-delà de
la réduction déjà opérée de 30% des
nouvelles rentes, il faut encore en sabrer 20%, que l’AI
relève d’une «industrie de l’assistance
publique» qu’il faut éliminer, que l’AI est
peuplée d’une «cohorte de paresseux, de
fainéants et de parasites sociaux parmi lesquels les
étrangers sont particulièrement nombreux»,
qu’elle est peuplée aussi d’«invalides
simulateurs» invoquant maux de dos ou problèmes psychiques
relevant de maladies imaginaires qui ne devraient empêcher
personne de travailler, quand ils expliquent qu’ils veulent en
finir avec une situation où «chaque citoyen est un rentier
AI potentiel» et que c’est «une bonne partie de
l’électorat rouge-vert qui profite de la manne
distribuée toujours plus généreusement par
l’AI.»

Quand ils agitent la «balkanisation de l’AI» en
invoquant le fait que nos collègues originaires de
l’ex-Yougoslavie, qui travaillent dans des branches et des
emplois – dont en particulier le bâtiment – où
on risque bien plus de «finir» à l’AI que dans
les hautes sphères que fréquentent les boss de
l’UDC, sont plus nombreux à l’AI que leur proportion
dans la population… Quand enfin, l’UDC se targue
d’être le moteur de cette révision, d’en
préparer une 6e du même genre, mais en pire, et inscrit
explicitement ce combat-là dans le fil de sa lutte
«victorieuse» contre les «abus» concernant
l’asile et les étrangers…

Quand on entend ce discours, camarades, ce qu’il faut pour y
opposer, ce n’est pas d’abord des statistiques…
c’est une conscience de classe! C’est le refus de se
laisser diviser, c’est la conscience que les vrais
«parasites sociaux» sont dans l’autre camp, que les
milliards de Blocher et de ses pairs, les dizaines de millions de
«salaire» des Ospel et consorts, n’ont pas
été gagnés à la sueur de leur front, mais
par l’exploitation du travail de nos frères (et
sœurs!) en Suisse et ailleurs… En bref, en ce qui les concerne,
tous ce qu’ils ont eux, ils nous l’ont volé!

Revendiquer qu’on arrête d’étrangler
l’AI, l’AVS, l’Assurance-Chômage… qu’on
garantisse un minimum élémentaire à toutes celles
et tous ceux qui sont dans l’incapacité de travailler, ce
n’est pas «trop» demander, au contraire –
camarades – c’est la millième part de nos droits
réels!

Pierre Vanek