Cointrin: vers la grève à Gate Gourmet

Cointrin: vers la grève à Gate Gourmet

Stagnation des salaires, contrats
précaires, travail sur appel, démantèlement de la
convention collective, suppression des pauses, allongement de la
durée de travail, dégradation des conditions de celui-ci
et exigences de rendement répondant à des taux
exorbitants, visant à faire payer aux salarié-e-s le
rachat de la boîte par un groupe financier international…

Tout cela se passe sur le site de l’aéroport
international de Genève, officiellement propriété
des citoyen-ne-s de notre République. C’est en effet dans
l’entreprise de catering Gate Gourmet, qui marche par ailleurs
fort bien, que les travailleurs et travailleuses soumis à ce
régime ont décidé lundi 21 janvier, en AG du
personnel, de partir en grève pour se défendre, exigeant
notamment au minimum une augmentation de 4% de leurs salaires, comme
dernière proposition de compromis pour compenser les multiples
dégradations insupportables dont ils et elles ont
été victimes. A signaler que certains employé-e-s
n’ont pas vu leur salaire augmenter depuis 10 ans!

Un patron inflexible

Loin d’être un coup de tonnerre dans un ciel bleu, cette
mesure de lutte a été décidée par les
employé-e-s de Gate Gourmet à la suite de l’absence
d’accord, fin 2006, sur le renouvellement de la CCT. A
défaut, celle-ci avait été prolongée durant
toute l’année 2007 par un arbitrage de la CRTC (Chambre
des relations collectives de travail, instituée par la
législation genevoise.) Fin 2007, pas d’accord entre Gate
Gourmet et le Syndicat des services publics (ssp). Le personnel –
appuyé par son syndicat – se tourne alors
légitimement vers la grève pour débloquer la
situation. Lors d’une dernière rencontre le mercredi 23
janvier, le patron ne bouge pas et la grève doit démarrer
à 3 heures du matin le lendemain.

Mais la grève ne démarrera pas… ou pas vraiment.
En effet, le mardi déjà – avant la dernière
rencontre avec les représentants syndicaux – le patron
fera jouer une nouvelle fois la législation genevoise en
demandant une «conciliation» par l’entremise de la
CRCT, ce qui rend le soutien syndical à la grève
prétendument illicite et impose une muselière
complète au syndicat qui n’a même pas le droit de
s’exprimer publiquement sur cette affaire. En outre, le matin
même du déclenchement de la grève, la direction
s’attaquera un à un aux employé-e-s en les
menaçant de licenciement immédiat s’ils ne
prenaient pas leur poste. Et le piquet de solidarité
extérieur indispensable et suffisant pour bloquer effectivement
l’accès à l’entreprise a malheureusement fait
défaut.

Solidarité nécessaire: soyons prêts

Depuis, la «conciliation» du 29 janvier de la CRTC a
échoué, une autre séance serait agendée et
le patron a tenté de faire «voter» son personnel, de
manière unilatérale sur ses propres propositions
uniquement, excluant celles du syndicat, contre lequel il aurait par
ailleurs déposé plainte pénale…

Mais, malgré ces péripéties incroyables, qui
jettent une lumière crue sur la réalité des
droits  – ou plutôt sur l’absence de droits
– des travailleurs et travailleuses dans ce pays, le mouvement
devrait reprendre. Il est indispensable qu’il
bénéficie, le moment venu, d’un soutien à la
hauteur. Rendez-vous donc, peut-être bientôt, du
côté de l’Aéroport.

Pierre Vanek