Crise du logement: mobilisation générale
Crise du logement: mobilisation générale
Avant lété, un bon millier de personnes étaient descendues dans la rue à Genève pour dénoncer la pénurie de logements. Après ce début de mobilisation qui nous a aussi permis de déposer en un temps record un référendum muni de plus de 12000 paraphes et de lancer la récolte de signatures en faveur dune initiative, on doit se rendre à lévidence, la crise du logement sapprofondit. En effet, et par exemple, les nombreux étudiant-e-s qui viennent dautres régions ne trouvent plus à se loger dans le canton. Ainsi, il est temps de poursuivre la construction de ce mouvement unitaire pour tenter de remédier à cette situation.
Souvenez-vous, nous étions très nombreux à descendre dans la rue en juin dernier pour manifester contre les régisseurs et les propriétaires qui profitent de la crise pour faire grimper les loyers à des niveaux inégalés. Nous avions alors dénoncé devant ses bureaux le représentant le plus méritant des régisseurs: arc uller. Nous avions aussi stigmatisé le nombre de logements vides par exemple, la bonne vingtaine situés derrière la banque Darrier. Ces logements sont encore aujourdhui vides comme tant dautres répartis un peu partout à travers les quartiers de Genève. Alors que constitutionnellement le gouvernement a le pouvoir de réquisitionner ces appartements, il se cache derrière des discours lénifiants sur les méfaits de la crise du logement et sur le manque de logements pérennes pour ne rien faire.
NON le 24 novembre
Nous mettions à ce moment-là aussi la dernière main au référendum que nous avions lancé pour empêcher les loyers après rénovations de passer de 3200 Fr. la pièce par an à 3800 Fr. voir plus, lors de travaux effectués avec le soutien financier de lEtat. La campagne de votation sur cet objet est dores et déjà lancée. En effet, cest le 24 novembre que le corps électoral genevois se prononcera sur cette question. Et nous espérons que chacun-e comprendra la nécessité de se mobiliser et de dire NON pour empêcher les spéculateurs, propriétaires régisseurs douvrir une brèche dans larsenal juridique visant à protéger tous les locataires.
«Droit au logement» a besoin de vous
Dautre part, jusquau 14 octobre nous devons fournir un effort militant sérieux pour finir de récolter les 12000 signatures quil nous faut pour déposer ce jour-là linitiative lancée par le Comité «Droit des locataires» et qui a pour objectif dinscrire notamment dans la constitution, que tous les textes de loi relatifs aux logements et à la protection des locataires qui sont issus de votations populaires et dinitiatives doivent faire lobjet dune nouvelle votation lorsque le Grand Conseil vient à modifier de telles lois.
Les étudiant-e-s montent au front
De nombreux étudiant-e-s nont pas trouvé à se loger pour la rentrée universitaire de la mi-octobre. Certains, au moyen dun tract distribué à tous les ménages genevois, ont lancé une campagne pour rechercher individuellement des solutions de logements chez lhabitant. Dautres, au sein dorganisations détudiants ont eu recours à dautres formes de mobilisations plus percutantes (voir ci-contre). Notre soutien leur est, dores et déjà acquis.
Comme on peu le voir ces prochaines semaines seront riches en événements. Gageons que la mobilisation qui débutait en juin passé se renforcera au fur et à mesure de ces échéances.
Rémy Pagani
La CUAE a horreur du vide!
Face à la crise du logement à Genève la Conférence universitaire des associations détudiant-e-s (CUAE) est passée aux travaux pratiques vendredi dernier en occupant 8 studios, vides depuis plus dun an et appelés à être transformés en bureaux, au 3 rue du Conseil-Général à deux pas de lUni. Plainte pénale des propriétaires et inculpation pour violation de «domicile» sont venus sanctionner cette affirmation légitime du primat du droit au logement sur le droit au rendement du capital. Nous reproduisons ici lessentiel du communiqué de la CUAE au moment de leur action. (réd)
«Alors que le Grand Conseil où les propriétaires immobiliers sont mieux représentés que nimporte quel groupe de la population sapprête à voter une nouvelle loi sur luniversité, Genève ne parvient pas à loger ses étudiant-e-s. Quils soient universitaires ou en formation dans les diverses écoles supérieures genevoises ou encore en apprentissage, les jeunes peinent à trouver des logements: les régies pratiquent sans vergogne la discrimination à légard des personnes disposant de revenus modestes en imposant des garanties de loyers inacceptables et en fixant des loyers exorbitants. Comment un jeune en formation est-il sensé payer 1000 F de loyer pour un studio?
Les foyers et résidences universitaires sont pleins. Dans lurgence, luni réserve des dortoirs pour accueillir les quelques 700 étudiants qui sans nul doute se retrouveront à la rue à la rentrée. La CUAE estime quune bonne politique de la formation doit aussi prendre en compte les conditions de vie des étudiants, car la pénurie de logement ne touche évidemment pas ceux qui ont le plus facilement accès à la formation supérieure. Elle frappe de plein fouet les jeunes dorigine sociale modeste et les jeunes étrangers; elle menace de devenir un numerus clausus implicite. Par le biais des conditions doctroi des bourses et des subsides à la formation, les jeunes disposant de faibles revenus sont tenus de terminer leurs études dans les délais minimaux: comment peut-on étudier correctement si lon passe la rentrée dans un abri de la protection civile?
La CUAE sest constamment prononcée en faveur de laccès aux études pour tous sans discrimination sociale. Aujourdhui, les mêmes milieux qui veulent vendre la recherche scientifique aux entreprises privées et ouvrir le «marché de la formation supérieure» créent la pénurie de logement pour gagner sur la rente immobilière largent quils perdent à la bourse. Cohérente avec ses positions en matière académique, la CUAE veut agir pour répondre de façon claire à cette violence sociale quest la «crise du logement».