L’histoire et les raisons de la grève à l’aéroport

L’histoire et les raisons de la grève à l’aéroport



Nous reproduisons ci-dessous
l’essentiel du contenu d’un tract d’information
publié le 6 janvier par le syndicat SSP/Vpod au 5e jour de la
grève. Il fait le point sur le déclenchement de cette
lutte et ses objectifs.

Qu’est-ce que ce que c’est Swissport ?

Les deux entreprises Swissport Genève et Dnata font le travail
qu’on appelle «ground handling» à savoir
enregistrer les passagers et leurs valises, transport et tri des
bagages, travail sur la piste (start, manœuvrer les avions sur le
tarmac), fret et autres services au sol. Les entreprises sont au
bénéfice d’une concession de
l’Aéroport International de Genève (AIG).

Pourquoi ce conflit ?

L’Aéroport International de Genève –
institution publique qui appartient à l’Etat de
Genève – exacerbe la concurrence entre les entreprises du
site, notamment lors du renouvellement des concessions
aéroportuaires. Cette concurrence meurtrière mène
à casser des prix qui peuvent être facturés aux
compagnies aériennes. On n’a pas de crise
économique, le nombre des passagers et le nombre des valises
à transporter ont augmenté. Mais la guerre des prix se
répercute sur les conditions de travail. Un travail très
dur pour des salaires très bas, qui ne permettent guère
de nourrir un foyer à Genève.
    Le personnel au sol et son syndicat, le SSP,
demandent qu’on négocie une convention collective de
travail applicable aux deux entreprises pour éviter que la
concurrence meurtrière des prix se répercute sur le
personnel.

Monsieur Longchamp porte plusieurs casquettes

Le conseiller d’Etat radical, Monsieur. Longchamp, est
président du Conseil d’administration de l’AIG. Dans
cette fonction, il demande la concurrence et il dit non à des
conventions collectives de travail par secteur. Pour le
« ground handling », il nous menace
même d’appeler une troisième entreprise pour
intensifier la concurrence !
    Ainsi M. Longchamp viole la législation
suisse. L’Etat est obligé de demander aux fournisseurs des
marchés publics et des mandats de prestations de respecter les
conditions usuelles locales de la branche. Et il nous interdit de
définir justement ces conditions usuelles à travers une
CCT commune des entreprises « ground
handling » !
    En même temps, M. Longchamp comme chef du
département est « chef » aussi de la
CRCT (chambres des relations collective de travail), institution qui
aurait comme tâche de contribuer à résoudre des
conflits collectifs entre patron et syndicats!
Comme chef de l’AIG, M. Longchamp est aussi responsable du fait
que l’AIG ait envoyé du personnel d’un
établissement public financé par l’Etat pour briser
la grève auprès d’une entreprise privé. Il a
utilisé des moyens d’Etat pour soutenir
unilatéralement la position du patron et a violé ainsi
l’obligation de garder la neutralité de l’Etat.

Négociations sur la CCT de Swissport échouées

L’ancienne CCT de Swissport est arrivée à son terme
fin 2009. Les assemblées générales du personnel de
Swissport ont refusé à l’unanimité de
reconduire la CCT selon les propositions de Swissport. Les
négociations ont échoué, le syndicat SSP a donc
refusé de signer la CCT.
    Là dessus, Swissport a signé une CCT
avec l’association minoritaire « PUSH »
(la CRCT, organe étatique, sur demande de PUSH justement, a
établi de façon officielle l’inventaire du nombre
des syndiqué·e·s auprès de
Swissport : 2/3 des syndiqué·e·s sont
membres du SSP, Push ne présentant que 1/3 des membres).
    Le patron Swissport a organisé
unilatéralement une « votation » du
personnel on posant la question de la manière suivante :
Est-ce que vous voulez qu’on ne donne absolument rien et
qu’on gèle tous les salaires ou bien êtes-vous
d’accord qu’on vous donne quelques petit miettes
d’amélioration ? La majorité des gens qui
ont répondu ont opté pour avoir quelque chose au lieu de
n’avoir rien – mais cela ne signifie en aucun cas
qu’ils auraient pris partie pour la position de l’employeur.

Pourquoi la grève ?

Conformément à la décision de
l’assemblée générale du personnel de
Swissport, le syndicat SSP a refusé de signer la convention
selon les vœux du patron. Le 31 décembre 2009,
l’ancienne CCT est donc arrivée à son terme et
notre obligation de paix de travail aussi. A partir du 1er janvier
2010, on n’a plus de CCT et plus d’obligation de respecter
la paix du travail, on est libre de faire la grève ce
qu’on a fait le 2 janvier.

Que demande le personnel ?

Les employés réclament l’amélioration
sensible de leurs conditions de travail, c’est-à-dire
notamment :

1. Une CCT forte,

2. Une augmentation salariale pour 2010,

3. La revalorisation du travail irrégulier,

4. La suppression des pénalités financières en cas de maladie du personnel.

Que répond la direction ?

Après 3 jours de grève durant lesquels la direction de
Swissport n’a rien proposé aux employés, une
séance de négociation a enfin eu lieu lundi soir. La
direction a demandé aux grévistes de cesser leur
mouvement et de reprendre le travail. Pour cela, la direction a fait
une unique proposition : le payement d’une prime annuel de
400.- CHF, reconductible en 2011. Cela représenterait une
augmentation du salaire mensuel de 33.- CHF! Devant ce mépris
persistant de leurs revendications, les employés ont
décidé la poursuite de la grève. […]