Congrès de La Gauche: vers une organisation nationale à la gauche du PS et des Verts ?

Congrès de La Gauche: vers une organisation nationale à la gauche du PS et des Verts ?



Après un premier congrès
à Schaffhouse en novembre 2009, qui a jeté les bases
d’un regroupement des forces anticapitalistes sur le plan
national, le mouvement La Gauche s’est réuni à
Lausanne le weekend dernier ; quelque 200 militants y ont
participé. solidaritéS est partie prenante du processus.

Rassembler l’essentiel des forces situées à la
gauche du PS et des Verts dans une seule organisation structurée
sur le plan national et susciter une dynamique qui incite des
militant·e·s non encore engagés dans une
organisation politique à rejoindre le mouvement :
voilà un projet ambitieux, mais qui apparaît aux yeux de
beaucoup comme une nécessité, compte tenu du tournant
social-­libéral du PS et des Verts, de
l’émiettement et de la faiblesse des organisations
anticapitalistes existantes, incapables d’intervenir sur la
scène politique nationale, et du contexte inédit de crise
économique et écologique qui rend plus urgente que jamais
l’émergence d’une alternative anticapitaliste.

Programme, fonctionnement, stratégie

Pour autant, un tel rassemblement, pour être consistant et tenir
sur la durée, ne peut se faire à n’importe quel
prix. Il nécessite d’abord un socle programmatique commun
qui dessine les contours d’un changement social anticapitaliste,
démocratique, écologique, féministe. A cet
égard, les discussions autour d’un premier document
d’orientation politique ont permis de clarifier certains points.
D’abord, il a été décidé
d’ajouter une référence claire à une
transformation de la société sur des bases
anticapitalistes, ce qui n’apparaissait pas dans le texte
initialement proposé au vote. Ensuite, en y éliminant des
expressions pour le moins ambigües, telle l’idée de
« codécision » dans les entreprises,
susceptible d’être interprétée comme une
promotion de la paix du travail et du partenariat social ; à
cette formulation initiale, il a été
préféré de rappeler l’urgence de
défendre les droits syndicaux régulièrement
bafoués en Suisse et l’exigence d’une
démocratie qui ne s’arrêterait pas à la porte
des lieux de travail. D’autre part, un amendement a permis de
souligner les liens structurels qui unissent destruction de
l’environnement, réchauffement climatique et mode de
production capitaliste. Enfin, d’autres amendements,
proposés comme le précédent par des
militant·e·s de solidaritéS, ont permis
d’ajouter une dimension internationaliste et féministe au
texte d’orientation qui en était dépourvu.

La priorité : construire des fronts de résistance

La Gauche doit aussi se doter de règles de fonctionnement qui
soient à l’image de la société qu’elle
veut construire – c’est-à-dire favorisant une
démocratie horizontale et pluraliste où les
décisions ne sont pas accaparées par une minorité
de professionnels de la politique. Si les statuts votés par le
congrès sont à cet égard acceptables, c’est
surtout dans la réalité et le fonctionnement quotidien
qu’aura lieu le test de la démocratie interne :
reconnaissance du droit de tendance, circulation des informations et
transparence, formations des militant·e·s et mise
à niveau des débats pour que toutes et tous puissent y
prendre part sont ainsi des gages incontournables de démocratie.

    Enfin, le mouvement La Gauche sera
inévitablement amené à des clarifications sur la
stratégie à mettre en œuvre pour construire des
rapports de force sociaux et changer la société. Il y a
ici un point sur lequel solidaritéS ne transigera pas :
il s’agit de construire une organisation qui ne soit pas la
troisième roue du char de la « gauche
plurielle », qui ne soit pas obsédée par
l’idée de siéger à tout prix –
c’est-à-dire en renonçant à son
programme – dans des parlements, voire dans des
gouvernements, aux côtés du PS et des Verts.

    De ce point de vue, la priorité de La Gauche,
dans l’immédiat, c’est la construction de fronts de
résistance aux attaques néo-libérales et aux
politiques d’austérité qui veulent faire payer la
crise aux salarié·e·s. Un travail militant dans
les syndicats, dans les associations, dans les quartiers populaires et
en direction de la jeunesse sont autant de passages obligés pour
la reconstruction d’une gauche combative et qui ne cède
pas aux illusions électoralistes à court terme.

Hadrien Buclin et Guillaume Thion