Le patronat contre la santé

Le patronat contre la santé

En 1984, le Conseil
fédéral renonce au projet de loi sur la prévention
et la promotion de la santé, laissant ce pays,
jusqu’à ce jour, très en dessous de la moyenne OCDE
pour ses dépenses en matière de prévention, loin
derrière le Mexique, la Pologne et la Hongrie. Alors
qu’aujourd’hui, l’offensive porte sur la
culpabilisation des malades, considérés comme
individuellement responsables de leurs maux, il est temps de
s’organiser.

Il aura fallu attendre 25 ans pour que, suite à une
procédure de consultation, le Conseil fédéral
adopte en septembre 2009 son message relatif à la loi
fédérale sur la prévention et la promotion de la
santé (LPrév) ; elle vise notamment à la mise en
place d’un centre public national de compétence afin
d’« améliorer le pilotage, la coordination et
l’efficacité des mesures de prévention, de
promotion de la santé et de détection précoce, et
de contribuer ainsi au renforcement de la prévention et de la
promotion de la santé en Suisse » (Message du CF,
30 septembre 2009). Actuellement examinée par la commission
ad-hoc du Conseil national, elle est fortement contestée et
globalement rejetée par Santésuisse, l’Association
suisse d’assurances, l’ensemble des associations
patronales, de même que  l’UDC et l’UDF.

L’UDC à l’offensive

Depuis 2003, et le lancement de son initiative pour
« baisser les primes » en démantelant
l’assurance de base, l’UDC se fait le champion de
« la responsabilité individuelle » en
matière de santé. Elle vient même de proposer la
suppression du principe de l’assurance obligatoire votée
en 1996, attaquant de front la solidarité entre les
assuré·e·s, au seul profit de la logique marchande
des assurances maladies complémentaires.

    La même logique est à
l’œuvre, rappelons-le, dans le refus systématique de
la prise en charge de mesures préventives, et sa remise en cause
du catalogue des prestations de l’assurance de base, dans des
traitements ou interventions médicales, y compris
récemment les avortements.

Les patients coupables : vraiment ?

Ce discours néo-conservateur très offensif vise à
culpabiliser les patient·e·s souffrants de diverses
pathologies somatiques ou psychiatriques, comme le montre clairement la
supression pure et simple de leur droit aux prestations de l’AI.

    Nouvelle cible de cette droite
décomplexée : les patient·e·s
souffrant d’obésité. Reconnu par l’OMS comme
un problème majeur de santé publique,
l’obésité atteint près de 20 % de la
population européenne. En Suisse, un quart des enfants et un
tiers des adultes présentent une surcharge pondérale.
L’idée de pénaliser cette importante partie de la
population traverse jusqu’aux rangs du parti
Radical-Libéral.

    Alors que notre état de santé est
déterminé très largement par des facteurs
socio-professionnels, (comme vient de le reconnaître l’OMS)
qui creusent les inégalités sociales dans la
santé, la droite cherche à nous rendre individuellement
responsable, en dissimulant les causes sociales réelles  de
la dégradation de la santé de la population. Relevons
ensemble le défi en démasquant les vrais responsables de
cette triste évolution !

Gilles Godinat