Police et justice: deux choses différentes...

Police et justice: deux choses différentes…

Une plainte du Conseil d’Etat contre un juge des affaires économiques. Une plainte de la justice contre inconnu qui vise explicitement le Conseil d’Etat. Que se passe-t-il dans la justice neuchâteloise? Est-ce un simple conflit de personnes ou des problèmes plus sérieux se cachent-ils derrière ces manœuvres procédurières?



D’abord le canton de Neuchâtel s’est doté d’un département de la justice, de la santé et de la sécurité. Cela signifie que la police et la justice dépendent du même chef, en l’occurrence la socialiste Monika Dusong, ce qui est problématique pour l’indépendance de la justice, et les juges ne se sont pas privés de le faire savoir. Ensuite la police se sent le vent en poupe et a la fâcheuse tendance a vouloir se soumettre la justice et agir à sa guise. En ces temps où la sécurité est devenue un thème à la mode favorable aux carrières politiques, les autorités de l’Etat ont bien évidemment l’oreille attentive à tout ce qui vient de la police. Le phénomène expo 02 avec son renforcement massif des dispositifs policiers n’y est pas pour rien. Petit à petit, la police essaye de dicter sa loi et souhaite être soustraite aux règles normale de la justice. Apparemment on a même vu des policiers refuser de se rendre à des convocations de juge et n’être pas sanctionné?



C’est sur cet arrière-fonds que le conflit entre le conseil d’Etat (ou la conseillère d’Etat responsable du département ?) et la police d’un côté, la justice de l’autre, s’est envenimé. Problème supplémentaire : il est de notoriété publique que la police cantonale, de sûreté en particulier, est travaillée par l’UDC. Le fondateur de la section neuchâteloise de l’UDC est d’ailleurs un inspecteur de la police de sûreté, qui a eu maille à partir avec la justice suite à des comportements pour le moins répréhensible dans le cadre de ce qui fut appelé l’affaire Fluhmann, du nom d’un autre inspecteur qui lui dut payer pour les autres et fut renvoyé. Qui protégeait l’inspecteur Perrin, président de l’UDC Neuchâtel?



Finalement, le Conseil d’Etat a nommé un juge extérieur à l’administration neuchâteloise pour délivrer un avis de droit sur la séparation des pouvoirs exécutifs et judiciaires et les rapports entre le Conseil d’Etat , la justice et la police. D’autre part une commission parlementaire du Grand Conseil a été élue pour enquêter sur le sujet.



Plusieurs choses nous inquiètent dans cette affaire. La remise en cause de l’indépendance de la justice, certainement. Le renforcement de la police et son emprise sur la vie publique tout autant. Et finalement les campagnes policières sur les thèmes sécuritaires ressemblent fort à un déroulement de tapis sous les pieds de l’UDC qui en fait évidemment un thème de campagne pour tenter de se faire une place en terres neuchâteloises.

A nous de l’en empêcher!


Henri VUILLIOMENET