Grande manif antinucléaire à Genève: près de 3000 personnes dans la rue

Grande manif antinucléaire à Genève: près de 3000 personnes dans la rue



Après avoir participé
à une première semaine de piquets dans la rue, à
l’initiative de Greenpeace, ContrAtom avait annoncé une
« grande manifestation » antinucléaire
pour le samedi 26 mars à Genève. Pari tenu !

Organisée par ContrAtom et soutenue par un large front de plus
d’une vingtaine d’organisations, syndicats, partis,
mouvements, associations… la manifestation a en effet
été un grand succès en termes de mobilisation.

    Si la dépêche ATS reproduite par la
majorité des médias, dont malheureusement nos
ami·e·s du Courrier, annonçait – à
tort ! – 1000 manifestant·e·s seulement, les
comptages des organisateurs dans les Rues-Basses, effectués par
des personnes expérimentées ayant consigne de ne pas
gonfler les chiffres, donnaient une fourchette de 2400 à 2800
participant-e-s à la manifestation…

    Et – au-delà du nombre – il y
avait d’autres facteurs réjouissants. En premier lieu, la
composition de la manifestation. Si les « anciens
combattants » antinucléaires s’y sont
retrouvés bien sûr, une forte présence de jeunes
démontrait que la sortie rapide du nucléaire peut compter
sur l’appui d’une génération montante de
militant·e·s…

    Par ailleurs, malgré le caractère
tragique des évènements au Japon et la solidarité
nécessaire avec ce peuple martyr – encore une fois
après Hiroshima et Nagasaki – la manifestation
était loin d’être une marche funèbre ou
silencieuse. Au contraire, emmenés par la présidente de
ContrAtom Anne-Cécile Reimann au micro, les slogans
antinucléaires ont été repris avec un élan
et une énergie remarquable par les participant·e·s.

A ceux qui veulent atomiser la Terre…

A côté des grands classiques, comme par exemple
« Inactifs aujourd’hui, radioactifs
demain ! » d’une actualité
évidemment toujours brûlante, on a pu en entendre de
nouveaux comme par exemple « A ceux qui veulent atomiser
la Terre… La Terre répond, vous êtes une bande de
cons ! » Et, en effet, ce qualificatif est le
moindre de ceux qu’on peut appliquer aux tenant·e·s
du nucléaire envers et contre tout, qui refusent de se rendre
à cette évidence, que l’atome, c’est
fini !

    Schneider-Amman, conseiller fédéral
libéral-radical n’affirmait-il pas cette semaine
n’être « pas encore arrivé à la
conclusion que nous devrions renoncer à la technologie
nucléaire » ? La ministre PDC Leuthard se
répandait sur la « difficulté »
et les « énormes efforts »
nécessaires, le cas échéant, pour sortir du
nucléaire traitant cette exigence de « demande
irréfléchie ». Maurer de l’UDC
dénonce quant à lui
l’« hystérie atomique » des
antinucléaires… Un sommet dans ce sens a été
atteint par la porte-parole romande du lobby patronal Economiesuisse
qui, samedi 26 mars dans la Tribune de Genève, affirmait que
« Si on nous démontre que l’on peut faire
sans dans 70 ou 80 ans, on ne va pas s’y
accrocher… » Mais, pour l’heure ils s’y
accrochent: les profits des actionnaires du nucléaire passent
avant tout, avant la vie même des habitant·e·s de
ce pays. C’est précisément la recette de la
catastrophe de Fukushima, c’est la recette aussi du tCHernobyl
helvétique potentiel.

La Terre est ronde et… le nucléaire c’est fini

Pour les manifestant·e·s dans les rues de Genève,
comme pour n’importe qui ayant les pieds sur terre, la question
se pose évidemment différemment : il faut
arrêter nos centrales le plus rapidement possible, à
commencer tout de suite par les vieux réacteurs de
Mühleberg et Beznau… Ce fait est un donné de
départ. Il faut le reconnaître comme on reconnaît
que la Terre est ronde. Il faut faire avec et le prendre comme
paramètre de base : s’ensuit notamment la
nécessité d’un programme massif
d’économie d’énergie électrique, avec
– par exemple – un passage à une tarification avec
un quota électrique « de base » bon
marché mais ou toute consommation superflue est facturée
de manière progressive et dissuasive, on doit aussi
édicter des normes contraignantes qui retirent du marché
tous les appareils trop énergivores, et encore financer un
programme d’investissement public massif dans les
équipements à consommation réduite, offerts
notamment aux ménages qui n’ont pas les moyens de se les
payer… (Comme l’ont fait par exemple les SIG aux Libellules
à Genève)…

Une mobilisation montante

Les réponses existent et, quelle que soit la difficulté
à les mettre en œuvre, elles le seront toujours bien plus
facilement avant une catastrophe atomique que si on attend passivement
qu’un accident nous tombe dessus en multipliant les mesures
dilatoires.

    Pour y arriver, la prochaine étape de
mobilisation, c’est bien sûr le 26 avril 2011 : 25e
anniversaire de Tchernobyl et date à laquelle ContrAtom appelait
déjà à une manifestation à Genève
qui devra être encore plus forte que celle du 26 mars… puis le
22 mai il s’agira d’un rendez-vous national, dans la
foulée de la marche antinucléaire de Pentecôte de
l’an dernier, qui aura lieu dans les environs de Beznau.

    Il est vital que ces rendez-vous soient massifs et
populaires ! En effet, les Verts et le PSS rivalisent – de
manière peut-être un peu infantile – les uns avec
« leur » initiative populaire (à
lancer/déposer avant les élections de l’automne),
les autres avec « leur » projet loi de sortie
du nucléaire « planifiée et
structurée » et leur initiative cleantech
déjà dans le tube… Mais ce qui sera déterminant
politiquement – en dernière instance – pour en
finir avec le nucléaire dans de bonnes conditions dans ce pays,
c’est l’énergie, la mobilisation et
l’organisation du mouvement antinucléaire
lui-même… Sa capacité à mener cette bataille
politique et sociale dépend aussi de vous : rejoignez-le
donc !

Pierre Vanek