Motion M 1984: motion xénophobe
Motion M 1984: motion xénophobe
A lordre du jour de la
séance du 9 juin 2011 du Grand Conseil genevois, la
proposition de motion M 1984. Des militant·e·s
dACOR SOS Racisme, du Collectif Jasmin et du mouvement
Métis et Fiers ont réagi à cette proposition
xénophobe en distribuant aux parlementaires le texte de
dénonciation que nous reproduisons ci-dessous.
Cette motion xénophobe M 1984 contrevient aux articles 1, 2 et 5
de la Convention internationale sur lélimination de
toutes les formes de discrimination raciale que la Suisse a
ratifiée fin 1994.
Mesdames et Messieurs les
député·e·s, nous sommes encore quelques
un·e·s à nous rappeler les expulsion
décidées sous le prétexte de lutte contre
« lenjuivement ». Ce souvenir
contribue à notre motivation à vous appeler à
rejeter la proposition M 1984.
Le Grand Conseil doit la rejeter. Purement et simplement.
La proposition de motion M 1984 « pour une loi sur
lintégration fondée sur léquilibre
des droits et devoirs et sur ladhésion aux valeurs
fondamentales de Genève » a été
déposée le 24 novembre 2010 à la veille du vote
pour expulser le mouton noir. La propagande populiste avait
dramatisé la vie politique et accrédité
lexistence dune prétendue délinquance
ethnique.
Les auteurs de la M 1984 affirment
« que la croissance économique dun pays
dépend de la conjugaison de trois facteurs : la
disponibilité du capital, la créativité et
linnovation, la force de travail ». Un pays
nest pas une plante mais une collectivité de citoyennes
et de citoyens. Max Frisch a rappelé comment une telle politique
migratoire a nourri la xénophobie populiste : «Nous
avions demandé des bras, ce sont des hommes qui sont
venus. »
Sur quelle base proposent-ils de légiférer ?
Sur la surreprésentation de « certaines
catégories détrangers » dans les
statistiques du chômage, de laide sociale, des
délits, du surendettement, des résultats scolaires. Ces
statistiques seraient « des indicateurs objectifs de
nombreux domaines de la société ». Le
chômage, un domaine de la société ? Et tant
pis pour qui pense que le chômage dépend du marché
du travail ! Laide sociale, un domaine de la
société ? Et tant pis pour qui pointe la
responsabilité de la fracture sociale ! La misère
sociale ne serait plus le fruit de circonstances à corriger mais
exprimerait le déficit dintégration de
« certaines catégories
détrangers ».
Et puis, dautres faits objectifs ne
pourraient-ils pas être établis ? La
corrélation entre les horaires de travail, et la qualité
de vie, par exemple ? Ou la contribution des CCT à cette
dernière ?
La liste de « faits
objectifs » retenue par les motionnaires dessine le profil
du chômeur-abuseur-délinquant-illettré et incivil
quimposent depuis plusieurs années les affiches racistes.
Ils basent une loi sur un cliché de propagande pour engager
létrangère, létranger à ne
pas lui ressembler !
Cerises sur le gâteau, les conjoints suisses
pourraient être amené·e·s à signer de
tels contrats qui, rédigés, sur une base individuelle,
rétabliraient, en lui donnant force de loi, larbitraire
qui a conduit le Conseil fédéral à réviser
la LSEE.
ACOR SOS Racisme, collectif Jasmin, Métis & Fiers
Freysinger à Paris le 18 juin 2011
« Riposte laïque » et
« Résistance populaire », deux
mouvements islamophobes, avaient choisi la date symbolique de
lAppel du Général de Gaulle pour mobiliser et
étendre leur lutte contre la prétendue «invasion
musulmane».
La présence dOskar Freysinger a suffi au Matin – qui sait
reconnaître les bons clients – pour accorder deux pages à
ce non-événement qui na guère réuni
plus de 200 personnes à cette manifestation quils
annonçaient à hue et à dia depuis des semaines.
Freysinger nen était pas à son
coup dessai. Après ses voyages en Belgique chez le leader
du Vlams Belag, Filip Dewinter et sa récente intervention
à La Haye aux côtés de Geert Wilders il poursuit sa
tournée européenne.
Leitmotiv
Européens insurgez-vous, imitez les Suisses qui sont parvenus
à faire plier le genou aux musulmans en interdisant la
construction de minarets, exigez des droits de démocratie
directe, changez les institutions de vos pays.
Est-ce lextrême-droite qui nous menace ?
Le menu du 18 juin identitaire ? Le Chant des Partisans, Ma
France (Jean Ferrat), Douce France (Charles Trénet), A Paris
(Montand), La Carmagnole, Le Temps des Cerises, Ma Liberté
(Reggiani), Sous le Ciel de Paris (Piaf), Les Bourgeois (Brel), Les
Copains dabord (Brassens), Ne mappelez plus jamais France
(Sardou) et Oskar Freysinger, en pièce montée, au
dessert. A qui, et au prix de quels efforts et de quelles contorsions
faire comprendre que les mouvements qui ont pris cette initiative sont
« dextrême-droite » ? Un tel
effort présente-t-il du reste le moindre
intérêt ?
Cest le racisme, le vrai racisme pur porc !
Nous lavons déjà développé dans les
colonnes de ce journal, ce mouvement identitaire qui étend ses
ailes aujourdhui ne se caractérise pas comme un mouvement
dextrême droite classique. Et il a raison, cest un
mouvement raciste. Ce mouvement ne professe pas lexistence
dune supposée supériorité due à de
prétendus critères biologiques. Il essentialise des
traits culturels. Sa cible, le métissage, le mélange.
La menace que disparaisse la race blanche comme le
répète à lenvi Oskar Freysinger, ce triste
sire. Ce cheval de Troie est peut-être bien chargé de
militants dextrême-droite, mais le combattre
aujourdhui cest saisir lidentité de cette
nouvelle forme de racisme, pour le combattre. Affaire à suivre.
KG