Personnel administratif et aides-soignant-e-s du CHUV

Personnel administratif et aides-soignant-e-s du CHUV : Une mobilisation payante

 

La mobilisation aura porté ses fruits et permis de remettre en cause le système salarial du Conseil d’Etat, Decfo/Sysrem, dont l’application était particulièrement discriminante au CHUV. Environ 600 aides-soignant·e·s et plus de 1 500 salarié·e·s du secteur administratif bénéficieront ainsi des mécanismes de mise à niveau prévus par les accords.

Au départ, un mouvement qui fait tache d’huile, celui des transporteurs et transporteuses de patients des hôpitaux genevois, dont l’exemple est repris par ceux et celles du CHUV. Après le dépôt d’un préavis de grève, ils obtiennent en décembre 2011 de progresser d’une classe salariale, passant de la 3 à la 4. Le tabou de l’intangibilité du Decfo/Sysrem est tombé. Mais pas dans l’oreille d’un sourd ! D’autres fonctions du CHUV, elles aussi maltraitées par le splendide système salarial du gouvernement, se disent que, visiblement, la mobilisation paie. Après avoir contacté le syndicat des services publics (SSP), elles s’organisent en assemblée générale à fin février.

     L’une concerne le personnel administratif. Si on compare la situation au CHUV avec celle des autres services de l’Etat, on constate en effet que la – basse – classe 3 est, dans ce secteur, une spécialité de l’hôpital (pour les aides de bureau et les téléopératrices) ; la classe 4 est aussi proportionnellement bien plus présente qu’ailleurs, alors que la classe 8 ne concerne qu’une seule personne. Autrement dit, les classes salariales partent de plus bas, se concentrent aux niveaux inférieurs et vont moins haut.

     Pour les aides-soignant·e·s la situation de départ était celle d’un blocage sans perspective professionnelle. Colloqués en classe 3, toute évolution semblait hors de portée de ce segment du personnel.

 

Les principaux acquis

Si l’objectif initial du double mouvement, un gain d’une classe pour toues et tous, n’a pu être obtenu, les résultats de la négociation, appuyée sur une forte mobilisation, sont tout à fait satisfaisants :

– pour le personnel administratif, les secrétaires de direction, actuellement au niveau 7, passent en 8 ;

– les téléopératrices passent du 3 au 4. Le personnel d’assistance administrative (auparavant aide de bureau) passe du 3 au 4 aussi, à condition de bénéficier de trois ans d’expérience ;

– ce double reclassement entraîne une révision des autres classifications, devant à terme déboucher sur des revalorisations de poste, aux effets salariaux garantis au 1er janvier 2012;

– un « cliquet », permettant le passage à une classe supérieure après plusieurs années de travail dans une classe, est créé.

– pour les aides-soignant·e·s, le passage du niveau 3 au niveau 4 intervient après trois ans; il y a possibilité de passer ensuite du 4 au 5 si certaines conditions sont remplies : soit l’obtention du CFC d’assistant·e en soins et santé communautaire, soit une reconnaissance interne des acquis, soit encore après vingt-cinq ans d’expérience professionnelle (dont douze au CHUV), soit encore après une formation interne, soit enfin lorsque des tâches particulières sont confiées à la personne (confection de plâtres, par ex.).

     Cette lutte, qui n’est pas terminée puisqu’il s’agit maintenant de suivre l’application des accords conclus, peut servir de fanal aux autres secteurs de la fonction publique vaudoise. En particulier la prise en compte de l’expérience acquise dans le passage à une autre classe salariale, qui permet d’opposer à l’évaluation par la hiérarchie un critère objectif. Rappelons que la lutte contre l’introduction du système salarial Decfo/Sysrem avait été l’objet d’intenses mobilisations durant l’année 2008.

 

Daniel Süri