Hongrie

Hongrie : Manif d'extrême-droite anti-Roms... et contre-manifestation de Roms à Miskolc

Parmi les aspects alarmants de la Hongrie actuelle, on notera l’existence d’une extrême-droite raciste, dont les groupes de choc tolérés par la police terrorisent la population rom.

Nous publions ci-dessous un article par Juan de Dios Ramírez Heredia (fondateur de l’Unión Romani International). Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur la communauté gitane et la défense des droits des minorités et a été nommé en février 2008 docteur « honoris causa » de l’Université de Cadix. (réd)

 

Selon une dépêche Reuters, le 18 octobre, 3000 personnes ont participé à une manifestation contre les Roms, organisée à Miskolc (la 2e ville la plus importante de Hongrie) par le parti d’extrême-droite Jobbik (qui occupe 45 sièges au Parlement sur un total de 386 député·e·s). Son chef, Gabor Vona, le décrit comme la formation qui « aidera ceux qui construisent la Hongrie, indépendamment de leur couleur» – thème favori des racistes et des nationalistes violents, « mais nous combattrons ceux qui détruisent notre pays et nous ne les laisserons pas en paix».

 

Il préconise ouvertement la « ségrégation », entre « les gens honnêtes et les malhonnêtes», entre les « constructeurs et les destructeurs» de la nation. Il critique « ceux qui veulent présenter les Gitans comme les victimes et les Hongrois comme les agresseurs».

Mais cette fois-ci, les persécuté·e·s ont réagi. Cette fois-ci, les Gitan·e·s ne se sont pas cachés dans leurs maisons, ils sont également descendus dans la rue pour s’opposer aux racistes. 1000 gitan·e·s se sont rassemblés, à Miskolc, pour accuser l’extrême-droite d’agir sur la base de préjugés.

 

La police a dû intervenir pour séparer les deux groupes et éviter des affrontements.

Le dirigeant des Gitan·e·s de Miskolc a admis l’existence d’un « problème d’intégration », mais a souligné que la solution ne réside pas dans une augmentation des mesures sécuritaires : « Nous avons besoin de travailleurs sociaux, non de policiers». Maria Gagyi, une mère de 4 enfants (âgée de 26 ans), raconte qu’avant son installation à Avas (quartier où réside une bonne partie de la communauté gitane), elle vivait avec son mari et ses enfants dans une habitation sans eau courante. Elle a donc demandé à l’extrême-droite de constater la situation réelle « au lieu de manifester».

Les Gitans hongrois (comme ceux de Grèce, comme les Roumains et les Albanais vivant en France et en Italie) ressemblent à l’image biblique des brebis qui vont à l’abattoir. Mais certains d’entre eux se sont levés et ont dit : « Nous devons affronter les racistes. Nous ne pouvons pas rester plus longtemps tranquilles. Le monde doit savoir à quel point nous sommes menacés et parfois assassinés». Il est donc bien que les Gitans hongrois n’aient plus peur, que pacifiquement, démocratiquement, ils soient présents dans la rue pour attirer l’attention de la majorité sur leur situation. Surtout parce que nous n’aimerions pas donner raison à nouveau au cri angoissé de Martin Luther King : « Plus que les cris et les menaces des méchants, je suis davantage préoccupé par le silence des bons»…

 

Juan de Dios Ramirez-Heredia

(Paru sur www.rebelion.org traduction HPR)