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Internet : L'empire US vise le contrôle total - Vive la résistance!

Vive la résistance!

Mardi 2 juillet, aux ordres des USA, les Etats italien, portugais, français, espagnol ont exécuté un acte de piraterie aérienne sans guère de précédent. Au mépris de toutes les règles du droit international, l’avion du président de la Bolivie Evo Morales a été détourné, forcé d’atterrir à Vienne, retenu pendant une quinzaine d’heures, les laquais de l’Empire étasunien exigeant de pouvoir le fouiller avant de le laisser repartir.

Cette manifestation indigne d’allégeance et de servilité absolues envers les USA, venait pourtant trois jours après les révélation du Spiegel sur l’espionnage exercé par les USA envers l’Union européenne et le dispositif qui a permis d’infiltrer les réseaux informatiques de l’UE à Bruxelles et de placer des systèmes d’écoute dans ses bureaux, y compris dans l’immeuble du Conseil européen, des écoutes concernant aussi les représentations de Bruxelles à Washington et à l’ONU.

 

Le droit du plus fort

Le motif de ce détournement, tenter de capturer le lanceur d’alerte Edouard Snowden, tenter de l’empêcher illégalement d’obtenir l’asile politique auquel il a droit, non seulement en Amérique latine… mais dans n’importe quel pays démocratique du monde ! Mais quant au droit et aux lois, cette affaire montre que celui du plus fort est la seule règle que reconnaissent les puissances impérialistes quand leurs intérêts sont en jeu.

En Suisse, un groupe de 25 organisations, dont droitsfondamentaux.ch, partant de l’évidence selon laquelle les programmes d’espionnage US (et ceux de leurs complices britanniques) dénoncés par Snowden, se sont traduits par des infractions pénales contre la Suisse et ses habitant·e·s vient pourtant de porter plainte auprès du Ministère public de la Confédération. Bravo… et bonne chance !

Cette affaire, révélée notamment par le quotidien britannique Guardian et documentée sur son site Internet guardian.co.uk a conduit, le Département de la Défense US à bloquer l’accès Internet au dit site sur toutes ses bases et installations. Les soldats US ont le droit de participer à des guerres illégales aux quatre coins du monde, de se faire tuer au service du capitalisme étasunien, mais pas le droit de s’informer librement !

 

Droits humains menacés

Cette censure de la presse préfigure celle que le gouvernement US aimerait pouvoir sans doute voir s’exercer à l’échelle mondiale, au détriment des droits élémentaires des peuples. La liberté de l’information, dont l’Internet est un rouage devenu indispensable, est en effet une condition sine qua non des droits démocratiques. Comme l’est aussi le droit à des communications privées, sûres, anonymes et sans surveillance, qui sont une condition de la liberté d’expression, ce qu’a souligné le rapporteur spécial des Nations Unies Frank La Rue dans son rapport annuel à Genève début juin, mettant en évidence les risques pour la démocratie de la surveillance étatique des communications et les moyens nouveaux dont celle-ci disposait avec le développement technologique.

La publication de ce rapport était suivie quelques jours plus tard par les révélations de Snowden – ex-collaborateur de la National Security Agency (NSA) étasunienne – sur les sinistres activités de l’agence. Par exemple le programme PRISM, mis en place en 2007, pour surveiller les communications provenant de l’étranger et passant par des serveurs US. Il donne à la NSA un accès total aux serveurs de grandes compagnies : Microsoft, Google, Facebook, Yahoo, Paltalk, AOL, Skype, YouTube et Apple… Si quelqu’un a usé des services de ces sociétés, ses données ont été captées via PRISM. Conversations audio ou vidéo, photos, E-mails, documents, historique de connexions, chats via Skype, fichiers Google Drive, photothèques… tout est espionné, filtré, archivé ou transmis à la CIA ou au FBI pour suivi.

 

La machine et le dissident

Par le biais de cette surveillance massive, la NSA capterait en moyenne, quelque trois milliards de données par mois, volées dans les ordinateurs du monde… «La NSA, a bâti une formidable infrastructure qui lui permet d’intercepter pratiquement tout type de communication. De sorte que cette Agence parvient à stocker la grande majorité des communications humaines?; et elle peut en faire usage à sa convenance à tout moment.» dénonce Snowden.

La NSA s’intègre au système Echelon. Créé en secret, après la 2e Guerre mondiale, par les USA, la Grande-Bretagne, le Canada, l’Australie et la Nouvelle Zélande, c’est un système de surveillance mondiale orwellien. Il s’étend sur toute la planète en se branchant sur les satellites et câbles qui acheminent les communications du monde. Echelon enregistre des millions de conversations à la minute.

Cette activité vise une maîtrise totale – et totalitaire – des communications mondiales. Elle est exercée à l’échelle industrielle. D’après le New York Times ce seraient 10 000 personnes qui travaillent directement pour la NSA, d’autres estimations vont jusqu’à 50 000, l’agence se fait construire un nouveau centre dans l’Utah pour deux milliards de dollars. Selon certains le budget de la NSA de l’an prochain augmenterait de près de 50 % pour atteindre 14,7 milliards. Mais tout ça sont des données secrètes.

C’est face à cette monstrueuse machine qu’un jeune homme de 29 ans, loin d’être de gauche, autodidacte de l’informatique, sans diplôme, issu d’un milieu modeste et de parents divorcés. Un garçon somme toute banal que chacun·e d’entre nous a pu croiser, peut-être à Genève, il y a quelques années, lorsqu’il y habitait au Seujet, a accepté de sacrifier son avenir et de risquer toute sa vie au service de sa conception du droit et de la justice. Avec pour seules armes son intelligence et son courage. Bravo !

 

Pierre Vanek