Venezuela

Venezuela : Contre la révolution bolivarienne, la «stratégie de la tension du 21e siècle»

Durant le mois de février 2014, le Venezuela a connu – d’abord dans certains Etats frontaliers, ensuite à Caracas – des manifestations hostiles au gouvernement bolivarien. Ayant débuté dans l’Etat de Táchira « comme une banale fronde étudiante » (Maurice Lemoine), elles ont été prises en main par le secteur le plus droitier de l’opposition, qui réclame la « sortie » du gouvernement, avant toute échéance institutionnelle. Fait peu relevé : dans les Etats frontaliers de la Colombie (Táchira, Mérida, Apure), depuis plusieurs années des paramilitaires colombiens « démobilisés » ont mis leurs « compétences » au service de la droite vénézuélienne.

Il existe deux lectures des événements de février : « Selon le gouvernement et ses porte-parole étrangers, le Venezuela est actuellement confronté à une tentative de coup d’Etat fasciste et pro-impérialiste. Selon les conservateurs du monde entier et la presse du grand capital, nous sommes face à de légitimes protestations démocratiques de masse durement réprimés par une «dictature socialiste ».» (Guillermo Almeyra).

Fin février, un bilan des affrontements dressés par des organisations vénézuéliennes de défense des droits humains dénombrait 17 morts et 261 blessé·e·s. Pour information, voici quelques extraits d’une déclaration de Marea Socialista, courant marxiste-révolutionnaire au sein du Parti socialiste uni du Venezuela, ainsi que les références à quelques articles récents. Hans-Peter Renk

Pour freiner l’offensive de la droite,
il faut rectifier et avancer vers la révolution économique

 

Le 12 janvier [ndr: début des manifestations à Caracas], a débuté la partie violente de l’offensive de la droite. Un secteur de cette droite occupe la rue de manière violente pour compléter la prise en tenailles, approfondir l’usure du gouvernement de Nicolas Maduro et chercher à récupérer le contrôle du pays en faveur de la bourgeoisie locale et internationale.

Il ne faut pas s’y tromper : « négociatrices » ou « violentes », la droite politique et la bourgeoisie n’ont qu’un seul et unique plan de gouvernement. Ce plan a été rendu public par 47 économistes de l’opposition fin janvier. Il repose sur trois axes : libération du dollar?; endettement international avec les centres du pouvoir financier comme le FMI et, sous le prétexte du déficit budgétaire, application de contre-réformes afin de démanteler les conquêtes politiques, sociales et économiques du peuple vénézuélien. Tout cela vise aussi à récupérer le contrôle de PDVSA (ndr : entreprise pétrolière d’Etat). Ils veulent tout et pas seulement une partie des dollars provenant de la rente pétrolière.

Au-delà des deux tactiques de la droite, nous sommes en présence du schéma classique des contre–révolutions : mettre le gouvernement sous pression pour qu’il applique des mesures anti-populaires et perde ainsi sa base sociale en approfondissant son usure vis-à-vis du peuple bolivarien. Il sera alors forcé de partir, de manière violente ou plus « en douceur ».

Nous affirmons avec détermination notre engagement en faveur du processus bolivarien, contre toute tentative de coup d’Etat, même déguisé avec des mobilisations de sympathisants de la droite dans les rues.

Nous appelons le gouvernement à rectifier son orientation et à appliquer des mesures anticapitalistes afin de garantir l’approvisionnement, freiner l’augmentation incontrôlée des prix et mettre en oeuvre une nouvelle phase du processus bolivarien. Nous proposons en outre les mesures d’urgence politiques et économiques suivantes:

 

1 mettre fin à l’impunité de la droite?;

2 encourager et soutenir la mobilisation et la lutte des secteurs du peuple bolivarien et au-delà qui sont en train de défendre leurs conquêtes: ceux qui luttent pour les salaires, pour la défense de leur poste de travail, pour leurs contrats collectifs, comme les électriciens et bien d’autres?;

3 participation réelle et effective, à la prise de décision du gouvernement, des organisations sociales et politiques du peuple révolutionnaire et de ses syndicats de base, de ses conseils de travailleurs, de ses mouvements sociaux et populaires?;

4 soutenir les médias communautaires et alternatifs comme réseau national de communication de ceux qui luttent contre la droite et en défense des conquêtes de la révolution?;

5 ouvrir les casernes de notre Force armée nationale bolivarienne au début public avec l’ensemble du peuple révolutionnaire et de ses organisations.

 

« Marea Socialista » (15 février 2014) Source : www.avanti4.be

 

 

 

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A LIRE

 

Guillermo Almeyra, « Un an après la mort de Chávez : où va le Venezuela ? », « La Jornada », 5.3.2014

Maurice Lemoine, « Stratégie de la tension au Venezuela » (medelu.org)

Thierry Deronne, « Les militants vénézueliens d’ONG indépendantes des droits humains répondent aux médias internationaux » (legrandsoir.info)

Aram Aharonian, « La violencia « paraca-contra-revolucionaria » presiona el cambio de model » (rebelion.org)