«SCORE pas d'accord!»

Voilà le slogan scandé par plusieurs milliers de mani-fes-tant·e·s de la fonction publique, le 9 avril dernier, mobilisés pour dénoncer le nouveau le système de rémunération que le Conseil d’Etat souhaite imposer. La réussite de la mobilisation est à la hauteur de la menace que fait planer ce projet sur le personnel de l’Etat, mais aussi sur le service public en général.

Un projet pour renforcer le New Public management

Depuis 2011, le conseil d’Etat, au mépris du dialogue avec les re-présen-tant·e·s du personnel, mène dans la plus grande opacité, un projet de réforme du système d’évaluation, de classification et de rémunération des fonctions du personnel de l’Etat, nommé SCORE (Système de Compétences Rémunération Evaluation). Ce projet prévoit la refonte de la classification salariale selon une méthodologie fournie par la société zurichoise GFO. Cette méthode, déjà utilisée dans d’autres administrations (Canton de Vaud, Ville de Zurich, etc.), a eu des conséquences extrêmement préjudiciables du point de vue des tra-vail-leurs·euses et a pour principal but d’asseoir la mise en place du New Public Management : renforcement des hiérarchies, orientation du travail en fonction d’indicateurs politiques, réduction des coûts, compression de la masse salariale, dépossession des savoir-faire, mise en concurrence des tra-vail-leurs·euses, etc.

Creusement des inégalités ?et division des travailleurs·euses

Le projet SCORE, destiné à remplacer l’actuel système de l’échelle des fonctions, loin de palier les déficits de cette dernière, renforce une orientation extrêmement néfaste de la gestion des services publics et de l’organisation du travail. Cette vision dénature la mission du service public en la cantonnant à des objectifs de compétitivité et de rentabilité politique. En creusant les inégalités salariales (en déplafonnant les très hauts salaires et en diminuant de 9,4 % à 12 % les salaires des plus basses classes (4 à 6)), SCORE porte atteinte à la solidarité entre les tra-vail-leurs·euses (en désignant des « gagnants » et de « perdants ») et renforce les avantages des hiérarchies.

 

Développons une alternative!

A cette offensive contre le statut et les conditions de travail de la fonction publique, à cette tentative de division de son personnel il faut opposer un autre projet de gestion du personnel et des services publics et réclamer :

  • Une revalorisation nécessaire des bas salaires.
  • Une meilleure prise en compte de la pénibilité au travail.
  • La réappropriation des savoir-faire par les tra-vail-leurs·euses en développant des formes d’auto-organisation du travail. 
  • Le dégraissement maximum des hiérarchies.
  • La diminution du temps de travail.
  • Le renforcement des dotations en personnel du personnel de l’Etat.

 

Augmentation de la masse salariale et négociations

D’un point de vue politique, si la nécessité de réévaluer certaines fonctions ne peut pas être contestée, il ne saurait y avoir une réévaluation de l’ensemble des fonctions sans discussions démocratiques préalables au sujet de la masse salariale et de la méthode de travail.

Pour pouvoir respecter les droits acquis, assurer une équité de traitement aux futurs tra-vail-leurs·euses et permettre une revalorisation de certains emplois, il est nécessaire d’augmenter la masse salariale. Sans ce prérequis aucun projet ne peut avoir de légitimité, car cela reviendrait à prendre dans les poches de certains pour remplir celles des autres.

De plus, les associations représentatives du personnel doivent être intégrées dans tout le processus d’élaboration et de décision du projet de réforme du système de rémunération. Aujourd’hui le projet SCORE est élaboré et développé de manière unilatérale et sans discussion de fond sur les moyens mis à disposition.

 

«SCORE, pas d’accord»

Dès lors, le projet SCORE doit être immédiatement retiré. La création d’une nouvelle méthodologie de travail, élaborée conjointement entre les partenaires sociaux, doit voir le jour. Suite à quoi le débat politique sur l’organisation et la rémunération du travail au sein de l’Etat doit avoir lieu. Sans ses prérequis, solidaritéS continuera de s’opposer et de lutter contre le projet qui menacent tant la qualité des conditions de travail que celle des services publics. 7

 

Pablo Cruchon