Boycott d'Israël

Boycott d'Israël : «Nous demandons à tout le monde d'envoyer des mails à la FIFA»

Dans le cadre de la semaine contre l’apartheid en Israël, qui s’est déroulée fin mars à Lausanne, nous avons eu la possibilité de poser quelques questions à Olivia Zemor, d’Europalestine, une des animatrices de cette campagne en France.

Pouvez-vous commencer par présenter brièvement l’organisation Europalestine?

 

Europalestine est une association qui s’est créée en France en 2002 à l’époque de la deuxième Intifada. Elle est composée d’hommes et de femmes de toutes origines et de tous milieux professionnels. Elle lutte pour les droits du peuple palestinien et contre toutes les formes de racisme. Depuis des années, nous sommes très actifs dans la campagne BDS (Boycott, désinvestissement, sanctions). 

 

 

Pouvez-vous nous parler de la répression des campagnes BDS en France?

 

Israël et ses relais en France ont essayé depuis plusieurs années de rendre illégal le boycott d’Israël. L’Etat d’Israël essaie d’obtenir du gouvernement français qu’il inscrive dans la loi l’illégalité du boycott et que le parlement l’approuve. Pour l’instant, il n’y a pas eu de loi votée, c’est un bras de fer, mais nous, les organisations propalestiniennes, continuons notre engagement militant et gagnons les débats où l’on cherche à criminaliser nos actions. Il y a eu tout de même une circulaire qui demande aux parquets (le ministère public, réd.) de requérir la condamnation des hommes et des femmes qui appellent au boycott des produits israéliens. 

Le gouvernement français, sous pression de l’Etat d’Israël et de ses relais en France, a porté plainte directement contre les militant·e·s du BDS et une série de procès, intentés notamment lors de la guerre de l’armée israélienne contre la population de Gaza en 2008-2009, ont débuté. Pour le moment, nous les avons quasiment tous gagnés. 

Depuis 2011, le gouvernement français n’a plus engagé de procès. Aujourd’hui, il n’y a rien qui interdit le boycott civil et non violent contre des produits israéliens en France.

 

 

Quels sont les effets et conséquences de la campagne BDS sur l’Etat d’Israël, qui est la deuxième campagne au monde qui menace le plus cet Etat

 

A vrai dire, c’est compliqué de quantifier cela, mais il est certain que le boycott économique, commercial, culturel et académique progresse, surtout après la guerre d’Israël contre Gaza en juin-juillet 2014, mais il faut du temps.

Le boycott des consommateurs progresse également, beaucoup de personnes ont arrêté de consommer des produits exportés ou fabriqués par Israël. Il faut en fait prendre les gens au portefeuille, car au niveau du gouvernement israélien, c’est plus difficile.

Pour le boycott académique, des victoires ont été enregistrées ces derniers mois dans des universités en Angleterre et aux Etats-Unis. Aux opposant·e·s au boycott académique, nous rappelons qu’aucune université israélienne n’a jamais contesté la politique d’Israël. Au contraire, les universités israéliennes participent activement à rendre plus efficaces les techniques de répression et d’occupation de la population palestinienne et ont des programmes de recherche en collaboration avec l’armée d’occupation israélienne. 

 

 

Pouvez-vous nous parler de la campagne «Israël hors de la FIFA», organisation présidée par le Suisse Joseph Blatter et dont le siège est à Zurich?

 

Nous demandons à la FIFA d’expulser Israël, qui n’a rien à faire dans les compétitions internationales à cause de ses exactions et de la manière dont il se comporte vis-à-vis des joueurs palestiniens. Ils assassinent et emprisonnent en permanence des joueurs palestiniens, ils détruisent leurs stades; ils ne peuvent pas jouer ou s’entraîner. De plus, avec le blocus de Gaza, les joueurs ne peuvent pas se réunir. 

Les règlements de la FIFA exigent le fair-play et se prononcent contre toute forme de racisme. C’est cette même FIFA qui, pour ces raisons, a exclut l’Afrique du Sud en 1976. Il est temps aujourd’hui de respecter ces textes et, tant qu’il y aura des massacres de Palestiniens, d’exclure Israël de la FIFA.

Notre campagne est une campagne d’informations dans le monde entier, surtout en Suisse, car la FIFA se trouve à Zurich et tient son congrès annuel les 28 et 29 mai 2015. Nous allons donc y aller et réclamer l’exclusion d’Israël. En attendant, nous présentons la campagne et ses arguments à tous les sympa­thi­sant·e·s. A l’argument qui dit qu’on ne peut pas mélanger le sport et la politique, nous répondons en expliquant qu’Israël ne se gêne pas de mélanger ces deux choses. Les joueurs israéliens, tant qu’ils sont sur le terrain, jouent au football, mais dès qu’ils ne s’y sont plus, ils sont dans l’armée et massacrent des populations civiles. Par exemple, une joueuse de l’équipe nationale israélienne a plus souvent été photographiée en tenue militaire qu’en tenue de foot. 

La campagne ajoute tous les jours de nouvelles actions. Nous avons écrit une lettre à la FIFA et nous ne baisserons pas les bras. Nous demandons donc à tout le monde d’envoyer des mails à l’adresse de la FIFA, avec deux trois mots demandant l’expulsion d’Israël. 

Bien évidemment, nous n’avons toujours pas eu de réponse, mais que peuvent-ils nous répondre ? Il faut qu’ils passent à l’acte. Si on ne l’obtient pas cette année, on recommencera l’année d’après. Nous augmenterons la pression jusqu’à l’exclusion d’Israël. L’exemple de l’Afrique du Sud nous montre que cela ne se fait pas en un jour. 

 

Entretien réalisé par
Zahra Alsagban et Joseph Daher

 

Envoyez le texte suivant : « Je demande l’expulsion de l’occupant israélien de la FIFA tant que cet Etat ne respecte ni les droits de l’homme ni les règles antiracistes et anti-­apartheid de la FIFA », en utilisant le formulaire de contact : fr.fifa.com/contact-FIFA.htm