Saint-Gall

Saint-Gall : Smash little WEF!

Ce document de base reflète les positions et les analyses de l’alliance pour l’action Smash little WEF, formé dans la foulée de la première protestation contre le Symposium de Saint-Gall, en 2014. Une critique de ce symposium ne doit pas se concentrer sur tel ou telle participant·e ou sur l’une ou l’autre entreprise, mais commence et se termine par une critique systémique du monde dans lequel nous vivons.

Le capitalisme est une domination

 

Il n’y a pas si longtemps, la crise et ses conséquences brutales pour ses victimes était encore dans toutes les conversations. Depuis, toutes sortes de projets de réforme et de propositions de sorties de crise ont été formulés. Mais le capitalisme néolibéral dominant continue à légitimer les rapports de force économiques actuels et leurs mécanismes en propageant la légende de l’invariance du marché : «There is no alternative!». Ce slogan a été inculqué avec force et succès à toute une génération, car le néolibéralisme ne tolère aucune critique et aucun processus de changement de société. 

Les réformes des dernières années n’ont pas amené une amélioration des conditions de vie des gens, mais bien davantage leur aggravation. Et ces réformes font système. Le néolibéralisme semble sortir renforcé de la crise : la privatisation des biens publics comme l’éducation ou le système de santé vont tout à fait dans son sens. La dérégulation permanente des marchés financiers, la précarisation des conditions de travail, la croissance de l’endettement privé, la diminution des retraites, les milliers d’expulsions forcées, l’exclusion de nombreuses personnes des soins médicaux de base, la revalorisation des villes et la rélégation des pauvres qui lui est liée, tout cela montre la « qualité » des réformes auxquelles nous nous voyons confrontés. 

La brutalité et l’orgueil des idéologues de l’invariance du système s’expriment actuellement sans pitié en Grèce et en Espagne. Des institutions sans légitimité démocratique, comme la BCE ou le FMI donnent le ton au nom de la compétitivité et de l’esprit de concurrence et ordonnent austérité et « restructurations ».

 

 

A chaque système ses institutions

 

Depuis toujours, la Haute école de Saint-Gall (Hochschule St.Gallen, HSG) fait partie des institutions qui prêchent l’invariance et la consolident scientifiquement. Elle met à disposition une infrastructure dans laquelle se propage l’idéologie de l’exploitation, du démontage social, de la destruction de l’environnement. La Haute école fait office de marraine et garantit des conditions cadres optimales pour la rencontre des élites néolibérales.

Le symposium représente l’intrication problématique de régimes néolibéraux avec des instances universitaires et médiatiques. Le symposium montre aux étu-diant·e·s, les « leaders de demain » autoproclamés de la Haute école, comment fonctionnent l’économie et la politique et donne un aperçu de la manière dont, à l’écart des personnes concernées et de la société civile, on négocie en matière de pouvoir et de politique : entre les entreprises multinationales, les institutions financières, les réseaux transnationaux des élites et les laboratoires d’idées et quelques très influents agents d’exécution dans les gouvernements. La critique et la transparence n’ont ici pas droit de cité.

 

 

Une main lave l’autre

 

De manière moins surprenante, le symposium attire toute la gamme des représentant.e.s de l’absence de solution de rechange au capitalisme et des trusts douteux. L’an passé, Ivan Glasenberg, directeur général du géant des matières premières Glencore Xstrata était invité. Cette année Douglas Flint (banque HSBC) et Anders Fogh Rasmussen (OTAN) sont, entre autres attendus. Rasmussen, représentant de l’OTAN, est l’un des acteurs principaux du réarmement et de la militarisation des frontières de l’Europe présent au forum. Dans le capitalisme, basé sur la concurrence entre nations et entreprises et qui doit constamment croître, les conflits sont monnaie courante. L’OTAN participe aux jeux de pouvoir des Etats occidentaux en défense de leurs intérêts politiques et économiques. Les très nombreuses guerres d’agression de la dernière période – en Yougoslavie, Afghanistan ou en Lybie – l’illustrent, comme aussi la militarisation interne et les débats sécuritaires sur le terrorisme, les émeutes sociales ou les migrations.

 

 

There is an alternative ! Contre le symposium !

 

Nous opposons donc au symposium des espaces dans lesquels on réfléchit concrètement aux solutions de rechange. On verra qu’il peut aussi en aller autrement de nos jours. Que ce soit en Grèce, où la population n’accepte plus d’être reléguée dans la pauvreté et l’exploitation crasse, en Espagne, où des centaines de milliers de personnes dans les rues forment un mouvement par en bas, ou encore à Francfort où se développe une opposition internationale à la Banque centrale européenne. En Suisse, comme partout, il faut participer à ces mouvements et les soutenir. Car où pouvons-nous mieux affirmer notre solidarité que dans le pays des exilé·e·s fiscaux, ce havre du bien-être où les capitalistes se sentent en sécurité et arrivent en limousine dans une Haute école, où l’on saluera leur personne et donnera prix à leur politique erronée, comme si la crise n’avait jamais éclaté. Dans un pays, toutefois, où les programmes massifs de démontage et de réduction des prestations font tache d’huile.

Un fil rouge relie l’invariance barbare d’un système aux trusts multinationaux privilégiés, aux régimes néolibéraux et aux organisations militaires qui assurent la sécurité des affaires et seraient chargés d’écraser les insurrections sociales. Ce sont les plateformes comme le symposium, nécessaires aux élites néolibérales. Transformons le en désastre. 

 

De Francfort à Thessalonique, de Madrid à Saint-Gall:

Contre l’absence prétendue de solutions de rechange à la tristesse néolibérale!

Pour un autre mode, solidaire, qui ne pourra s’ériger que sur les ruines de l’ordre ancien*: SMASH little WEF! 

 

Traduction de la rédaction

 

* Allusion au poète Friedrich Schiller : «L’ordre ancien s’effondre, les temps changent, une vie nouvelle fleurit sur des ruines.»