Pour rompre avec la marginalité, les anticapitalistes doivent s'unir

Pour rompre avec la marginalité, les anticapitalistes doivent s´unir

Le dimanche 6 avril, Zurich et le Tessin ont renouvelé leurs autorités cantonales. Tendances générales: progrès du PS et des Verts, progrès ou consolidation de l’UDC, stagnation ou recul des partis bourgeois traditionnels et résultats difficiles pour la gauche «alternative».


Il est grand temps de travailler ensemble au regroupement de nos forces, sur le terrain mais aussi au plan électoral, par rapport à des objectifs qui rompent avec la logique du capitalisme. En effet, rien ne serait plus faux que de chercher à élargir notre audience en édulcorant notre programme. C’est à un tel objectif que nous travaillons…

A Zurich, Alternative Liste fait 2,8% en ville et 1,6% à Winterthur

L’UDC avance encore de 1,6% (+0,6% en ville), essentiellement aux dépens des Démocrates Suisses, consolidant ainsi sa position de 1er parti cantonal, sensiblement devant le PS. Ce dernier progresse cependant de 16,2% à 22,1% (+4,1% dans le canton; +7,9% en ville), regagnant ainsi son 2ème siège au Conseil d’Etat, perdu il y a 8 ans… Même tendance chez les Verts, qui passent de 5,7% à 7,9% (+2,2% dans le canton, +3,6% en ville). A droite, c’est avant tout le parti radical qui recule (-3,1%).


A la gauche du PS et des Verts, Alternative Liste (issue notamment du PdA – section du PST – et des Poch) présentait des candidat-e-s en ville de Zurich, où elle augmente sensiblement son audience, de 1,4% à 2,8% (+1,4%), ainsi qu’en ville de Winterthur, pour la première fois (1,6%). Rappelons qu’AL a joué un rôle significatif, notamment dans la campagne contre la LME et contre la privatisation de l’électricité à Zurich.


Les résultats du cercle 4/5 (quartiers populaires à l’Ouest de la gare de Zurich) se distinguent particulièrement: ici, l’UDC recule nettement (de 18,2% à 13,8%), tandis que la gauche et les Verts y réalisent un véritable bond en avant, de 49,9% à 68,1% (+18,2%) et qu’Alternative Liste y talonne les Verts, avec 11% des suffrages (+3,4%). Très encourageant!


Cette progression en voix n’est cependant pas aussi importante qu’il y paraît, puisqu’en 1999, le groupe féministe FraP (dissout en automne 2002) avait obtenu 0,9% des suffrages. Elle est aussi relativisée par les meilleurs résultats obtenus par AL aux communales 2002 (3,4% en ville de Zurich, 12,8% dans le cercle 4/5). Il est vrai que la pression au «vote utile» anti-UDC y avait été alors moins forte.


En dépit de ces gains de voix, l’arithmétique électorale des «cercles» zurichois réserve parfois des surprises désagréables: dans le cercle 4/5, le siège de Peider Filli (AL) a été perdu au profit du PS, tandis que dans le cercle 3/9, Markus Bischoff (AL) a manqué de peu son élection…

Au Tessin, le MPS atteint 1%

Avec une participation qui ne cesse de reculer (71,9% en 1995, 65,7% en 1999 et 59,5% en 2003), le Tessin fait montre d’une grande stabilité politique. Ensemble, les deux grands partis de droite, le Parti libéral radical (31,8%) et le Parti populaire démocratique (24,2%) confirment leur confortable majorité. Certes, sur leur droite, la Lega recule fortement (de 18,2% en 1999 à 11,9%), tandis que l’UDC récupère une partie de ses suffrages (1,2% en 1995, 2,8% en 1999 et 5,9% aujourd’hui).


A gauche, le PS poursuit une prudente progression (16% en 1995, 16,4% en 1999 et 17,6% en 2003), suivi par les Verts (1,2 % en 1995, 1,5% en 1999 et 2,4% aujourd’hui), tandis que le Parti du Travail s’éteint lentement (1,2% en 1995, 0,8% en 1999 et 0,7% en 2003).


Le contexte paraissait donc particulièrement propice à la présentation d’une liste de la gauche alternative, puisque, même sans apparentement, il lui suffisait d’un peu plus de 1% des voix pour décrocher un élu-e. C’est ce que le MPS (Mouvement Pour le Socialisme) – surtout implanté dans le canton de Vaud et au Tessin – a tenté, en se lançant dans la bataille, avec une liste forte de 45 candidat-e-s (dont 12 femmes), appuyée par des pages payantes dans les quotidiens, le bimensuel Solidarietà (qui revendique plus de mille abonné-e-s) et un solide noyau militant. Cette liste a obtenu 1% des suffrages (1130).


Bilan du mouvement: «Si l’objectif du MPS avait été de porter au Grand Conseil une autre force de gauche, de conquérir un siège (ou deux, ou trois, etc.) notre campagne ne pourrait pas être évaluée positivement. Mais tel n’était pas notre objectif (…) [qui était de] faire connaître largement nos propositions, nos orientations, nos analyses et nos activités» (gs, Solidarietà, 17 avril). Une opinion que ne partage pas le Conseiller national socialiste Werner Carobbio, dans les colonnes du même journal: «Le MPS aussi, après ce maigre résultat électoral, ferait bien d’analyser de façon critique ses propres choix électoraux» (Tribune Libre, Solidarietà, 17 avril). Espérons que ce débat sera alimenté par d’autres contributions…


En même temps, un ancien candidat du Parti du travail et une municipale indépendante – élue sur une liste de ce même PdT à Biasca – lançaient une liste populiste aux contours politiques on ne peut plus flous: l’Onda. Elle ne comportait que leurs deux noms! Pourtant, elle a réussi à rassembler plus de voix que le Parti du Travail (0,9% au lieu de 0,7%), lequel obtient cependant 1 siège, en raison de son apparentement avec le PS et les Verts. La démocratie représentative a de ces mystères…


Jean BATOU

Elections au Grand Conseil zurichois (1999-2003)
Canton, ville et cercle 4/5 (quartier populaire)

2003 1999
Canton Ville Kreis 4/5 Canton Ville Kreis 4/5
UDC 30.2 21.0 13.8 28.6 20.4 18.2
DS 1.4 1.5 1.5 2.4 3.4 3.5
RAD 16.5 13.6 6.0 19.6 17.0 7.1
PDC 6.4 6.0 4.4 6.7 5.9 5.3
EVP 5.1 2.9 1.1 5.0 3.3 1.7
EDU 1.8 0.5 0.7 2.1 0.4 1.0
PS 26.2 35.1 43.2 22.1 27.2 33.4
Verts 7.9 9.3 13.9 5.7 5.7 8.9
AL (0.9) 2.8 11.0 (0.4) 1.4 7.6

DS= Démocrates Suisses; EVP= Evangelische Volkspartei; EDU= Eidgenossisch-Demokratischer Union; AL= Alternative Liste