Biodiversité en Suisse
Biodiversité en Suisse : Le feu est passé au rouge
Le Forum Biodiversité Suisse vient de publier son Etat de la biodiversité en Suisse en 2014. Une analyse scientifique. Une quarantaine d’experts ont ainsi rassemblé les dernières données scientifiques concernant la biodiversité dans le pays. Richement illustré, l’ouvrage dresse un constat plutôt accablant et lance un appel solennel aux responsables politiques, économiques et sociaux : « L’ensemble des chiffres et des faits scientifiques présentés ici montrent qu’à l’heure actuelle, la qualité, la quantité et la connexion des milieux ne sont pas suffisantes en Suisse pour préserver à long terme la biodiversité et les services écosystémiques qu’elle génère. La plupart des écosystèmes ont subi de lourdes pertes au cours des 100 dernières années. »
Il est vrai que certaines données font froid dans le dos. Ainsi, entre 1900 et 2010, 95 % des prairies et pâturages secs ont disparu en Suisse; plus tard, la violence des aménagistes a eu des résultats désastreux : entre 1950 et 1985, par suite de remembrements, 4438 hectares de biotopes proches de la nature ont été détruits sur les surfaces cultivées, 49 193 hectares ont été drainés, 2520 kilomètres de ruisseau rectifiés et 5854 kilomètres de route construits. Bien sûr, on ne peut attendre de l’Académie suisse des sciences naturelles, dont est issu le Forum Biodiversité Suisse, qu’elle relie ces constats au développement du capitalisme en Suisse et qu’elle propose des mesures radicales.
Elle a néanmoins fait œuvre utile, indiquant dans quelle direction agir : enrayer la disparition des habitats; mener une exploitation du territoire propice à la biodiversité; restaurer — c’est-à-dire doubler — les surfaces actuelles au service de la biodiversité. On saluera aussi l’intégration de la responsabilité au niveau mondial de la Suisse. DS