Brésil

Brésil: Une droite corrompue veut révoquer la présidente,...

Le Brésil vit depuis plusieurs mois une crise politique, marquant visiblement la fin de la période ouverte par l’élection à la présidence de Luis Ignacio da Silva («Lula») en 2002. Le 17 avril, par 367 voix contre 137, une majorité des député·e·s brésiliens ont approuvé une procédure de destitution (impeachment) contre la présidente Dilma Roussef.

Après 180 jours, le Sénat devra aussi se prononcer. Ces dernières semaines, les partis de droite, jusqu’ici présents au gouvernement – dont le Parti Mouvement démocratique brésilien (PMDB), du vice-­président Michel Temer – avaient quitté la coalition avec le Partido dos Trabalhadores (PT). Hormis les élu·e·s du PT, ont voté contre la destitution le Partido comunista do Brasil (PCdoB), allié du PT, et le Partido Socialismo e Liberdade (PSOL), fondé en 2005 par des secteurs de la gauche du PT, opposés à la ligne sociale-libérale de Lula.

Dilma Rousseff est accusée d’avoir maquillé les comptes déficitaires de l’année 2015, en différant les paiements du Trésor Public, par une manipulation comptable, aux chargés de distribution (banques et autres organismes de crédits d’Etat) de certains bénéfices sociaux et autres pensions. Par ailleurs, un vaste scandale de corruption a déclenché l’opération Lava Jato: «Jusqu’ici cette enquête a démontré que le PT, les principaux partis alliés du gouvernement, y compris l’opposition (PSDB), ont reçu des dessous de table se montant à des millions de la part des principales entreprises de construction en passant par le détournement de l’entreprise étatique Petrobras. Malgré le fait que parmi les accusés il y a des politiciens de diverses tendances, les grands médias, avec Globo à leur tête ont créé un discours où le PT apparaît comme le seul coupable.» (Agnese Marra, Brecha, 8.4.2016). Or, de nombreux député·e·s de droite ayant voté la destitution sont poursuivis pour corruption. N’est pas chevalier blanc de la lessive Ajax qui veut!

Par-delà les aspects parfaitement répugnants de cette supposée crise de moralité au sein de la droite brésilienne, l’enjeu est clair. «Une partie importante de la bourgeoisie a soutenu les gouvernements du PT lorsque ceux-ci allaient dans le sens de la collaboration de classe. Cependant, avec la crise économique qui a commencé à s’intensifier en 2014, la bourgeoisie a exigé un gouvernement beaucoup plus dur pour qu’il applique une politique d’austérité totale qui a conduit à dégrader les conditions de vie du peuple. […] Le PT, à travers les liens qu’il maintenait encore avec la majorité du mouvement syndical et populaire, a eu des difficultés pour mener à bien cette politique.» (João Machado, militant du PSOL, L’Anticapitaliste/NPA, nº 333, 21.4.2016).

Dans les manifestations «anti-­corruption» de la droite, dans le plus pur style d’avant le coup d’Etat militaire contre le gouvernement de João Goulart (1964), les programmes sociaux Fome zero et Bolsa familial sont ouvertement remis en cause. Une possible relève de Dilma Rousseff par le vice-­président Michel Temer, corrompu notoire, annonce une «cure» d’austérité néolibérale renforcée.

Hans-Peter Renk


Grève générale pour les virer tous et exiger des élections générales (extraits)

Le PSTU affirme la nécessité d’une grève générale pour virer tou·te·s les politicien·ne·s corrompus et contre l’ajustement fiscal. Aujourd’hui, la classe ouvrière est capable de faire cette grève et de garantir des élections générales. Ce fut démontré lorsque les ouvriers·ères ont paralysé les fabriques avec cette consigne, comme cela s’est passé à General Motors, à la Embraer et dans d’autres fabriques de São José dos Campos (São Paulo). Ou avec des milliers d’ouvriers·ères de la construction civile à Belém (Pará).

La CSP-Conlutas et les entités qui forment l’Espace d’unité d’action appellent à une grande manifestation pour le 1er mai, jour des travailleurs·euses, sur l’Avenida Paulista. Ce sera une manifestation contre le gouvernement Dilma et contre Temer, le PSDB et ce Congrès national, pour une alternative de la classe ouvrière face à la crise.

Partido socialista dos trabalhadores unificado  pstu.org.br


Pourquoi le  PSOL vote contre l’impeachment (extraits)

Le dimanche 17 avril, les 6 député·e·s du PSOL (Ivan Valente, Chico Alencar, Jean Wyllys, Glauber Braga, Luiza Erundina et Edmilson Rodrigues) ont voté contre l’ouverture d’une procédure de destitution de la présidente Dilma Rousseff.

Notre vote est basé sur la conviction que l’impeachment, selon la forme dont il est conduit, apparaît comme un coup d’Etat institutionnel, injuste, non seulement contre le gouvernement, mais contre la population du pays. […]

S’il existe un secteur de la politique brésilienne sans légitimité pour renverser une présidente, spécialement lorsqu’il n’y a pas crime de responsabilité et sur laquelle ne pèsent pas des dénonciations directes de corruption, c’est un Congrès dirigé par Eduardo Cunha et Renan Calheiros, tous deux du PMDB. Avant tout, Cunha doit se retirer (ou être retiré par la justice) de la présidence du Parlement. Un processus aussi grave pour le pays que l’impeachment ne peut être dirigé par un politicien de cet acabit.

Partido Socialismo e Liberdade

psol50.org.br