Eco-logique

Eco-logique : Le patron de Total chahuté à Genève

Jeudi 1er septembre, Patrick Pouyanné, directeur général du groupe TOTAL, s’exprimait lors d’une réunion d’information financière à l’hôtel Kempinski à Genève. Le collectif BreakFree est venu troubler l’entre-soi de cette rencontre feutrée entre un chef d’entreprise et une salle remplie d’actionnaires et d’investisseurs.

Le président de TOTAL profitait d’une réunion prévue avec François Hollande et Angela Merkel à Evian-les-Bains le lendemain, pour pour participer à un moment de rencontre «privilégié» afin de charmer quelques actionnaires en leur présentant chiffres et projets présents et futurs du groupe pétrolier. Au menu: exploitation de pétrole et de gaz traditionnel bien sûr, mais aussi forages offshore, gaz de schiste et sables bitumineux sur tout le globe: de la Papouasie à l’Ecosse, en passant par l’Angola, le Qatar et l’Argentine… le tout enrobé du minimum de greenwashing de rigueur: «Si nous faisons de l’énergie solaire, c’est parce que c’est un business rentable!» a déclaré M. Pouyanné. Le seul «vert» de ce discours était bien celui du dollar, donc.

Avec l’annonce de prévisions de croissance de 5 % pour les prochaines années, les investisseurs dans la salle semblaient déjà bercés par la douce musique des dividendes à venir… jusqu’à l’intervention des membres du collectif Break Free, interrompant soudainement le discours du Président de la quatrième major pétrolière mondiale, en soulevant la totale contradiction entre la poursuite effrénée des forages aux quatre coins de la planète et la nécessité absolue de garder 80 % des énergies fossiles dans le sous-sol pour rester en-dessous des 2°C de réchauffement. L’un d’eux prendra à parti la salle: «Tous ceux qui achètent des actions TOTAL sont complices de la destruction de la planète pour les générations futures» …avant de se faire évacuer par les agents de sécurité.

Lors de la séance de questions, une des militant·e·s est intervenue longuement pour faire part de sa «grande admiration» pour M. Pouyanné mais aussi pour l’interroger à nouveau sur les éléments soulevés par le premier intervenant. Ce qui a (forcément) suscité la colère d’un autre complice assis dans la salle qui s’est alors levé en criant son «ras-le-bol des écolos» qui «phagocytent nos réunions» où on ne «parle plus de finance, mais uniquement de CO2»!

Provoquant un chahut général, l’intervention du collectif s’est terminée aux cris de «TOTAL-ment irresponsable», avec pancartes et masques à gaz, avant évacuation de tou·te·s les «trouble-fêtes». «Quand vous achetez des actions TOTAL, vous achetez la contestation qui va avec.» lancera encore un des militant·e·s à la salle. Ce genre d’action n’empêchera pas les investisseurs de toucher leurs dividendes sur le dos du climat, mais elle a le grand mérite de générer de l’inconfort dans l’entre-soi douillet des actionnaires.

Thibault Schneeberger