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A lire : Le capitalisme responsable de toutes nos crises

Le dernier livre de Michel Ducommun, Le capitalisme, responsable de toutes nos crises, est un essai original et ambitieux. Il témoigne de la réflexion et de l’expérience d’un militant anticapitaliste qui n’a jamais baissé les bras, cherchant à conjuguer raison et volonté, radicalité et démocratie, exigences théoriques et pédagogiques.

Son objectif est de tisser des liens entre la profonde crise de civilisation que nous traversons et les contradictions du capitalisme: l’explosion des inégalités sociales, la montée de la barbarie guerrière et la mise en péril des conditions environnementales de la vie humaine sur terre font en effet système. Il part d’un état des lieux des dégâts du capitalisme depuis une quarantaine d’années, en propose une analyse marxiste, avant de s’intéresser aux conditions et aux objectifs d’une alternative écosocialiste.

L’auteur part d’un constat: le capitalisme a changé de cours dans le courant des années 1970, amenant les classes dominantes et leur personnel à imposer un ensemble de «politiques néolibérales», dont il énumère les conséquences: montée du chômage, baisse relative des salaires (par rapport aux richesses créées), mise en cause de l’Etat providence, exploitation accrue des pays du Sud, etc. Pour vaincre progressivement les résistances sociales à un tel projet régressif, il montre l’importance toujours très actuelle de la politique des caisses vides et de la dette, comme moyen privilégié «pour contraindre l’Etat à rétrécir» (Guy Sorman).

Derrière ces politiques, l’auteur pointe les contraintes d’un système économique menacé par le ralentissement de son moteur essentiel: le taux de profit. Il montre ainsi que le poids croissant des immobilisations nécessaires à la production a pour corollaire une difficulté croissante à dégager une marge de profits constante. En effet, le profit découlant de l’exploitation du travail humain, le capitalisme ne peut le maintenir qu’en augmentant sans cesse les volumes produits, le taux d’exploitation du travail et la privatisation des communs (services publics au Nord ou terres cultivables au Sud).

Comment expliquer la résilience d’un système qui vampirise le travail humain et l’environnement naturel? C’est que sa domination économique et politique se double d’une emprise idéologique croissante, dont l’auteur décrit les ressorts, faisant notamment référence à Gramsci. Pour lui, la rupture d’un tel «encerclement» suppose une croissance et une convergence des luttes, mais aussi l’élaboration d’un projet écosocialiste et démocratique en rupture radicale avec le «socialisme réellement existant» du 20e siècle, dont il dénonce à plusieurs reprises les errements staliniens.

A lire et à débattre pour donner de la profondeur de champ à nos résistances…

Jean Batou

Michel Ducommun, Le capitalisme, responsable de toutes nos crises (Paris, Libre & Solidaire, 2016, 165 p.)