Trump et les républicains prennent le gouvernement, l'opposition prend la rue
Trump accèdera à la présidence le 20 janvier, avec le gouvernement le plus à droite et le plus raciste de l’histoire US moderne. Mais il sera contesté. Des dizaines de milliers de gens sont descendus dans la rue des villes du pays et des autorités municipales s’engagent à continuer à offrir l’asile aux immigrant·e·s. Son choix de cabinet et les réactions qu’il suscite suggèrent que nous sommes à l’orée de 4 ans de batailles sociales et politiques majeures.
Waltarrr
Trump occupera la Maison blanche et son parti républicain contrôlera aussi le sénat, la Chambre des représentants et bientôt la Cour suprême, comme aussi les postes de gouverneur dans 30 Etats et les législatifs de plusieurs d’entre-eux. Rarement ou jamais l’histoire US n’a vu une situation où un seul parti a eu tant de pouvoir. Immigrant·e·s, Noir·e·s, et nombre d’autres Etasunien·ne·s, même parmi les politicien·ne·s démocrates voire républicains, craignent une menace pour la démocratie aux USA.
La victoire de Trump propulse un groupe de politicien·ne·s de droite dure à la Maison blanche et met de vrais fascistes sur son seuil. Si Trump n’a pas finalisé ses choix ministériels, celui de Stephen Bannon, leader du mouvement de droite identitaire alt-right comme stratège-en-chef met un nationaliste blanc, islamophobe, antisémite et antiféministe au Bureau ovale. Trump a offert le poste de Procureur général, chef de l’appareil judiciaire, au sénateur raciste d’Alabama, Jeff Sessions. Et le Lieutenant Général Mike Flynn, ancien chef de la Defense Intelligence Agency, qui parle de l’Islam comme d’une «idéologie politique» et d’un «cancer» va devenir le conseiller de Trump pour la sécurité.
Un programme nationaliste blanc
Trump s’est présenté sur la base d’une plateforme économique nationaliste et d’un programme social raciste. Dans ses objectifs des 100 premiers jours, il promet:
- La déportation immédiate de 2 ou 3 millions d’immigrant·e·s sans papiers «connus de la justice» et la construction d’un mur USA / Mexique.
- L’arrêt de l’immigration venant de régions affectées par le «terrorisme», soit le Moyen Orient et les pays à population musulmane.
- Le choix, pour le siège vide à la Cour suprême, d’un nouveau juge conservateur pour y créer une majorité rétrograde qui mettrait fin au droit à l’avortement au plan fédéral.
Trump entend aussi agir de suite sur la base de son programme économique qui prétend reconstruire l’industrie US et créer des emplois, avec:
- La fin des restrictions environnementales sur les compagnies charbonnières, gazières et pétrolières, en autorisant l’oléoduc Keystone à aller de l’avant.
- Le retrait de l’Accord de Partenariat Trans-Pacifique, la renégociation de l’Accord de Libre-échange Nord-Américain et le fait de définir la Chine, deuxième partenaire commercial des USA qui détient mille milliards de dollars de la dette étasunienne, comme un manipulateur de devises.
- Un programme de construction sur 10 ans de mille milliards de dollars de routes et de ponts confiés au privé.
- L’abolition de la loi sur les soins abordables, plan de santé privé d’Obama, coordonné au niveau fédéral et son remplacement par un plan de couverture maladie privé concurrentiel.
Finalement, il y a la politique étrangère de Trump:
- Trump et Giuliani ont déclaré que le combat contre l’Etat islamique en Irak et en Syrie, comme à l’échelle mondiale serait au centre de leur politique étrangère.
- Trump, qui a proclamé de manière réitérée son admiration pour Putine, l’a appelé immédiatement, promettant d’améliorer les relations avec lui.
Les protestations dans les rues et les villes
Obama a demandé aux Etasunien·ne·s de donner sa chance à Trump. Mais des dizaines de milliers d’Etasunien·ne·s dans toutes les villes du pays ont refusé et ont manifesté en scandant qu’il n’était pas leur président! Etudiant·e·s, immigrant·e·s et Afroaméricain·e·s ont rejoint le mouvement de protestation, portant des placards contre le racisme, l’islamophobie et la misogynie. Femmes et LGBT se sont portées en tête de beaucoup de manifs.
Les démocrates sont le plus souvent à la tête des villes multiethniques, alors que les républicains gouvernent banlieues blanches et régions rurales. Les maires des plus grandes villes du pays et l’Etat de Californie ont promis que leurs collectivités resteraient des lieux d’asile pour les migrant·e·s, en refusant de coopérer avec les services de l’immigration du Département de la sécurité.
New York, Chicago, les villes de Boston, Denver, Los Angeles, Oakland, San Francisco, Santa Fe, Seattle et Washington D.C. se sont engagées à maintenir leur politique d’asile. Etudiant·e·s et profs poussent aussi leurs unis dans ce sens. En campagne, Trump a promis que «Les villes refusant de coopérer avec les autorités fédérales, n’auront pas un dollar d’impôt» ce qui promet des batailles politiques
Les démocrates mèneront-ils le combat militant contre Trump?
Les démocrates en sont arrivés à partager la même idéologie néolibérale et le même engagement pro-austérité. Le président Clinton et son épouse Hillary furent responsables de certaines des pires lois en matière sociale et de politique judiciaire qui se soient abattues sur les Noir·e·s et les latinos.
Alors que la gauche large tend à s’orienter vers une refondation du parti démocrate via des élections au plan local et des Etats, la petite gauche radicale met en garde qu’on ne peut pas faire confiance aux démocrates néolibéraux. Les organisations de gauche sont toutes d’accord sur le fait que la résistance est à l’ordre du jour, mais reste à voir si la gauche peut devenir une force dirigeante de la résistance à Trump. La question la plus importante à terme est la construction d’une force politique indépendante, idéalement un parti indépendant sur la base des mouvements de résistance émergeant. Mais, pour l’heure, nous résistons!
Dan La Botz