C'est nous qui allons gagner!
Le Conseiller fédéral socialiste Alain Berset a réussi à convaincre le parlement d’adopter un projet de réforme de la prévoyance vieillesse avec le soutien du PS et des Verts et malgré l’opposition unanime du PLR et celle divisée de l’UDC.
La gauche de gouvernement soutient que le projet renforce l’AVS et met un frein aux velléités d’augmentation de l’âge de la retraite à 67 ans. Les petits partis de droite, qui cherchent à exister au niveau fédéral, la soutiennent. La droite néolibérale s’offusque elle de l’augmentation des rentes AVS et estime que le projet ne permettra pas d’assurer le financement des retraites. L’ensemble du parlement s’accorde sur deux choses inéluctables, selon lui, pour sauver nos retraites: l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes et la baisse du taux de conversions.
Les tenant·e·s du compromis soulignent les compensations obtenues. Les nouveaux retraité·e·s auront une hausse de 70 francs des rentes individuelles et à 155% du plafond des rentes de couples. Pourtant PV 2020 constitue une régression importante pour les travailleuses.eurs. L’âge de la retraite des femmes passe de 64 à 65 ans. Le taux de conversion sombre de 6,8% à 6%. La TVA augmente de 0,6%. Certains éléments sont plus ambigus. La part de salaire soumise à cotisation s’accroit par le passage de la déduction de coordination à 40% du salaire annuel avec un plafond à 21 150 francs et un plancher à 14 100 francs. Les cotisations pour le 2e pilier augmentent de 1% pour les 35 à 54 ans et celles pour l’AVS de 0,3% pour tous et toutes.
Faire sauter le verrou
Ce projet est salué dans la presse comme une victoire de la gauche. Mais quelle gauche? La gauche qui s’est englué dans des compromis institutionnels? La gauche qui n’essaie plus de créer des rapports de force sur les lieux de travail et dans la rue? Nous ne sommes pas de cette gauche-là, bien au contraire.
PV 2020 fait sauter le verrou de l’augmentation de l’âge de la retraite, en validant le discours alarmiste lié au financement de nos retraites. Il focalise sur l’allongement de l’espérance de vie sans questionner le problème de la redistribution des richesses et des revenus défiscalisés. Ainsi, il affaiblit toute bataille future contre l’augmentation du temps de travail alors que nous ne sommes de loin pas tous et toutes égaux devant la mort. Les métiers les plus pénibles, les employé·e·s les moins formés, les plus basses classes salariales meurent plus tôt que les autres catégories sociales. De plus, le paquet participe à la précarisation des salarié·e·s âgés sur un marché du travail qui les rejette. Il est donc plus que nécessaire de se battre pour une réduction du temps de travail en luttant notamment pour abaisser l’âge de la retraite et la durée de travail hebdomadaire.
Des chiffres pour dire quoi?
Les tenant·e·s de la réforme affirment que le 2e pilier et l’AVS sont en difficulté et que PV 2020 permettra de sauver nos retraites. Mais c’est la population travailleuse ou inactive qui paiera les 2/3 de ce projet tandis que les employeurs·euses et la Confédération 17% chacun. De plus, de cet apport sera attribué à l‘AVS et au 2e pilier. Ils nous assomment encore avec des chiffres dont la constitution même pose problème. Les tabelles de mortalité utilisées ne sont pas maîtrisées par les pouvoirs publics. Les projections sur 30 ans des avoirs du 2e pilier sont des plus aléatoires au vu de la volatilité des marchés financiers. La seule régularité est la baisse des taux de conversion moyens qui sont passés de 7,13% en 2002 à 6,13% en 2016 et le maintien des bénéfices des assureurs.
Cette réforme se fait sur le dos des salarié·e·s et des chômeurs·euses pour favoriser les assureurs d’un 2e pilier inégalitaire et en faillite.
Une opposition de gauche
Les caisses de pension annoncent déjà qu’il faudra reprendre des mesures dans dix ans. La droite gesticule sa volonté d’augmenter l’âge de la retraite à 67 ans. L’Union patronale suisse estime que le projet ne répond pas au défaut de financement de l’AVS. Le Centre patronal et la Fédération romande des entrepreneurs soutiennent PV 2020 en affirmant qu’il y a suffisamment à y gagner. La direction du PS omet certaines informations dans le vote interne qu’elle organise sous pression. L’USS et le PSS crient au loup en affirmant qu’un refus engendrerait le pire. Aujourd’hui, ils préparent leurs campagnes.
Entre ces deux positions, il est indispensable de faire vivre une opposition de gauche pour se dégager d’un choix binaire. Nous devons absolument faire aboutir le référendum afin de thématiser les questions qui nous importent.
Vers une victoire référendaire le 24 septembre
Des sections syndicales romandes et tessinoises, incluant des militant·e·s Unia, SSP, SIT, Syndicom ou SEV, la Communauté genevoise d’action syndicale et l’Union syndicale vaudoise ainsi que des organisations politiques comme solidaritéS et le POP ont lancé le référendum ; des militant·e·s syndicaux et politiques dans les cantons de Genève, Vaud, Valais, Fribourg et à Neuchâtel ont constitué des comité unitaires et se sont engagés à récolter des signatures ; des sections de la jeunesse socialistes en Suisse romande et alémanique, des organisations politiques telles que BastA!, BFS et AL à Bâle, Zürich ou Berne, des sections des Verts à Neuchâtel et du Parti socialiste à Genève s’engagent pour le référendum.
Partout en Suisse, des militant·e·s récoltent des signatures pour faire aboutir ce référendum. Le défi est grand et à double sens.
Il faut faire aboutir ce référendum!
Toutes les forces disponibles pour imposer notre opposition au projet doivent être réunies. Il s’agit de gagner contre un projet qui aura un impact direct sur les travailleurs et les travailleuses. Une occasion de construire progressivement un front syndical et politique s’activant vers des positions combatives plutôt que de compromis politiciens.
Sébastien Schnyder