Comment combattre le Front National?

Devant quelque 50 personnes, Omar Slaouti, militant antiraciste français et un des organisateurs principaux de la Marche de la Justice et de la Dignité du 19 mars en France, expliquait que, pour les musulman·e·s des quartiers populaires du pays, le résultat des élections présidentielles françaises avait déjà été joué, bien avant le premier tour.

Les choix catastrophiques  de la gauche radicale sur le port du voile dans les écoles en 2004, sa décision de ne pas inclure dans ses listes électorales une femme voilée en 2009, et un discours très ambivalent envers les populations musulmanes sont révélateurs de la puissance de l’offensive islamophobe en France selon Omar Slaouti.

Bien qu’elle soit menée par les partis dominants et les médias, par des flics qui violent et qui frappent sans aucune réticence, par des maires qui interdisent à certaines musulmanes d’aller à la plage, cette offensive touche toutes les couches de la société: des femmes voilées se faisant virer par des restaurateurs, insulter dans les rues et/ou harceler au travail ne sont que quelques exemples d’une longue liste de formes que prend aujourd’hui l’islamophobie en France et qui rendent la vie quotidienne des familles musulmanes insupportable. Une offensive qui n’est pas moins importante au niveau matériel, car le chômage, la précarité et les mauvaises conditions dans les écoles augmentent de façon significative dès qu’il s’agit des populations musulmanes.

Dans ce cadre, il faudrait mettre en perspective l’islamophobie et le racisme explicites et vulgaires du Front National avec ceux de la droite et du gouvernement sortant du Parti socialiste. De même, la négligence des problèmes liés à ce racisme de la part de la gauche mérite d’être analysé, pour comprendre en quoi « le jeu avait déjà été joué bien avant les élections ».

L’introduction d’Omar Slaouti a suscité de nombreuses questions et réflexions sur l’incapacité qu’a la gauche anticapitaliste en France de s’exprimer au nom de cette population discriminée, sur la nature de la France Insoumise, ainsi que sur la nécessité d’autonomie des mouvements et des collectifs antiracistes et anticoloniaux non mixtes.

Omar Slaouti a insisté sur le fait que toute force politique, mouvements ou partis, qui veut s’opposer à la montée de l’extrême droite doit aujourd’hui se confronter à l’islamophobie, être solidaire avec ses victimes et soutenir toute mobilisation qui viendrait de la part des populations discriminées.

Pour nous en Suisse, l’expérience de nos camarades français·es est importante, car nous ne sommes pas épargnés du danger de l’extrême droite et des initiatives islamophobes. Nous avons besoin d’une stratégie antiraciste qui réunirait toutes celles et tous ceux qui veulent combattre le Front National en Suisse et leurs idées répugnantes. Cette conférence représente un tout petit pas dans cette direction. La suite demandera un effort commun de la part de tous et toutes pour changer de cap. DD