Ça chauffe à l'hôpital

Le Conseil d’Etat reprend les conclusions d’un groupe de travail et veut donner au personnel de l’Hôpital fribourgeois (HFR) un «statut indépendant de la loi sur le personnel de l’Etat (LPers)». Mesures d’austérité et attaques contre les salaires sont programmées.


Le personnel de l’hôpital tient à sa Lpers! – Marcela

Depuis longtemps, le Conseil d’administration de l’HFR cherche à se débarrasser de la LPers. En 2016, un groupe de travail (duquel les organisations syndicales ont été exclues) estime que «seule une sortie du personnel du HFR de la LPers permettrait de réaliser les besoins exprimés par l’hôpital et d’avoir un impact sur les coûts salariaux». L’HFR a également mandaté la société Perinnova compensation pour faire une comparaison des salaires entre différents hôpitaux. Wolfi Müller, président de la commission santé du SSP suisse, doute cependant de la pertinence de cette analyse. Elle intègre d’une part les cliniques privées dans la comparaison et ignore la sous-dotation globale du canton de Fribourg en personnel hospitalier.

Parallèlement, deux députés bourgeois (Bapst et Wüthrich) déposent une motion devant le Grand Conseil, demandant une révision totale de la loi sur l’HFR et la sortie de la LPers. Après pas mal d’hésitations (le sujet est explosif!), Le Conseil d’Etat estime désormais que «la LPers ne fournit plus le cadre adéquat pour la gestion du personnel hospitalier».

Construire la mobilisation

L’ensemble des organisations du personnel hospitalier se prononce contre la décision du gouvernement. Le 1er Mai, plusieurs centaines de salarié·e·s de l’hôpital ont manifesté pour défendre la LPers. Mais des difficultés surgissent pour la mise sur pied d’une assemblée unitaire. La Fédération du personnel de l’Etat (FEDE) tient à sa propre assemblée. Pire, la FEDE semble ne pas comprendre les enjeux et se réfugie derrière la perspective d’un éventuel référendum. C’est une position dangereuse car il faut se mobiliser avant que les décisions ne soient prises. La droite invite les syndicats à «sauter par-dessus leurs ombres» pour permettre au dossier d’avancer. Et puis quoi encore? Il faudrait plutôt que la direction de la FEDE cesse d’avoir peur de son ombre et s’engage de façon claire dans la bataille.

Le Conseil d’Etat à la manœuvre

Si le gouvernement se prononce très clairement contre le maintien de la LPers pour le personnel de l’hôpital, il essaie d’enrober sa position d’une couche de pseudo-souplesse. Il utilise l’agenda du Grand Conseil (la motion Bapst-Wüthrich sera votée le 24 mai) pour soumettre deux variantes: (1) la création d’une loi spéciale pour l’HFR ; (2) la mise sur pied d’une CCT. C’est un marché de dupes, dans les deux cas les conditions de travail et les salaires seront péjorés. D’une manière ou d’une autre, il faudra donc agir avant le 24 mai.

Pierre Girardet