Les maçon·ne·s se mobilisent

À travers le pays, les maçon·ne·s débrayent et manifestent. En jeu: la préservation et l’amélioration de la Convention nationale régissant leur profession.

Face au chantage patronal qui attaque leur retraite, leurs conditions de travail et leurs salaires, 3000 maçon·ne·s se sont mis en grève au Tessin le 15 octobre, suivis par 2500 collègues genevois·e·s les 16 et 17 octobre. En jeu: la préservation et l’amélioration de la Convention nationale régissant leur profession.

Des actions sont prévues entre octobre et novembre de manière alternée entre les cantons, afin de renverser le rapport de force d’ici aux prochaines négociations prévues le 9 novembre. solidaritéS s’est joint et se joindra aux mobilisations à venir!


Défilé, Genève, 17 octobre 2018

Le 23 juin dernier, près de 18 000 maçon·n·es manifestaient dans les rues de Zurich. Leurs revendications? Une meilleure Convention nationale (CN) réglant les salaires et conditions de travail de 80 000 travailleurs·euses, la défense de la retraite anticipée à 60 ans ainsi qu’une augmentation de salaire de 150 francs. Les patrons de la Société suisse des entrepreneurs (SSE) ont accepté de négocier concernant les retraites, mais pour mieux conditionner ces dernières à l’acceptation d’un paquet de mesures visant le démantèlement de la CN, comme le passage de 100 heures à 300 heures flexibles par an.

Concrètement, cela revient à normaliser des journées de 12 heures pendant la période estivale. « C’est inadmissible » rétorque David Kazadi, membre du comité vaudois des maçons. « Ils ne se rendent pas compte qu’on a une famille, quand on rentre le soir on est déjà crevé. »

Ce n’est pas tout. La SSE veut abolir la reconnaissance des acquis salariaux lors d’un changement d’employeur, baisser l’augmentation de salaire exigée – qui passerait de 150 francs par mois à moins de 45 francs en moyenne – et introduire un contrat « stagiaire » non soumis au salaire minimum, porte ouverte au dumping salarial.

Face à ce chantage patronal agressif, les maçon·ne·s, avec le soutien des syndicats UNIA et Syna ainsi que du SIT à Genève, ont décidé d’agir. Vendredi 5 octobre, une assemblée générale de plus de 1300 maçon·ne·s vaudois·es a voté à l’unanimité deux jours de grève reconductible les 5 et 6 novembre prochains. Du côté du Tessin, 3000 maçon·ne·s se sont mis·es en grève et ont défilé dans les rues de Bellinzona le 15 octobre, suivi·e·s le lendemain par la Suisse alémanique. À Genève, 2500 travailleurs et travailleuses du bâtiment ont cessé le travail le 16 octobre, avant de reconduire leur mouvement pour le 17.

L’automne s’annonce chaud

En réponse à un sondage d’UNIA, mené auprès de 20 000 maçon·ne·s au printemps dernier, neuf personnes sur dix se déclaraient prêtes à débrayer. Cette motivation, alliée à la dispersion géographique et temporelle des journées de grève durant une période de forte demande – les chantiers devant être bouclés avant l’hiver – constitue un atout majeur dans le rapport de force engagé.

Qu’attendre donc de ces journées? On se souvient des mobilisations pour la retraite anticipée, entrée en vigueur le 1er juillet 2003, après une campagne intensive et un débrayage suivi par 15 000 maçon·ne·s à travers la Suisse. Ce fut l’une des plus grandes victoires syndicales de ces dernières années et l’une des grèves les plus importantes depuis des décennies. Aujourd’hui, les actions s’étalant entre octobre et novembre relèvent d’une stratégie principalement défensive, mais ces mobilisations régionales alternées permettront, on l’espère, d’inverser le rapport de force en vue des prochaines négociations le 9 novembre.

« Nous allons nous soutenir entre les cantons et les collègues » ajoute David Kazadi. Nous ferons de même. Solidarité avec les travailleurs et travailleuses sur les chantiers!

Térence Durig