Brésil

Brésil : Bolsonaro - La résistance continue

La résistance continue

Avec la victoire électorale de l’extrême droite, de nouveaux défis se posent à la gauche radicale. Voici l’analyse éditoriale de Esquerda Online, le portail de nouvelles et d’analyses politiques de Resistência, courant de gauche du Parti Socialisme et Liberté. Nous soutenons la formation d’un comité de solidarité avec le Brésil.


Rassemblement contre Bolsonaro et l’extrême droite, Lausanne 20 octobre 2018 – Jorge Lemos

Par une marge moins importante que prévue, Jair Bolsonaro, candidat de l’extrême droite (PSL), a remporté les élections nationales avec 55 % des voix. La vague en faveur de la démocratie et des droits, qui a rassemblé des millions de personnes dans tout le Brésil, a réduit l’écart entre les candidats: Fernando Haddad (Parti des travailleurs), qui avait obtenu un score de 29 % lors du 1er tour, a atteint 44 % des votes au second tour. La résistance aguerrie, qui a surgi spontanément dans les rues de centaines de villes, réunissant étudiant·e·s, travailleurs·euses artistes et féministes, a suscité l’espoir et encouragé la lutte pour affronter et mettre en déroute le fascisme.

Il ne s’agissait pas d’un combat démocratique. Le candidat-dictateur a vaincu lors d’une élection souillée par la mise hors-jeu politique de Lula (qui arrivait nettement en tête dans tous les sondages), l’usage délinquant de la caisse noire patronale pour financer massivement les mensonges sur les réseaux sociaux, l’action antidémocratique et partisane des tribunaux électoraux et d’une majorité de la grande presse, des grands patrons et des Églises évangéliques en faveur du candidat du PSL.

Construire une muraille démocratique

Bolsonaro a remporté une importante bataille dans les urnes, mais la lutte n’est pas finie. La résistance démocratique et sociale continuera dans les rues, sur les lieux de travail, d’études et d’habitation. Nous allons construire une muraille démocratique dans chaque coin du pays.

Qu’on le sache: nous n’accepterons pas la fin des garanties démocratiques et des droits sociaux et du travail, en commençant par la réforme de la prévoyance sociale annoncée par le général Mourao [ndt: candidat du PSL à la vice-présidence]. Nous ne tolérerons aucune violence contre les femmes, les LGBT, les indigènes et les immigrant·e·s. Nous nous lèverons contre l’extermination de la population noire et pauvre des banlieues. Nous nous rebellerons contre l’instauration d’un régime autoritaire et répressif. Nous défendrons notre patrimoine naturel et culturel ; nous serons inconditionnellement aux côtés des peuples indigènes et «quilombolas» [ndt: communautés afro-brésiliennes]. Nous n’accepterons pas la criminalisation des mouvements sociaux: les travailleurs·euses sans terre et sans toit ne sont pas seul·e·s. Nous creuserons des tranchées contre la persécution de la gauche et de ses dirigeant·e·s. Nous serons attentifs et attentives à toute tentative de censurer la presse, dans les arts, les écoles et les universités. Avis à Bolsonaro et à son groupe: nous résisterons et, tôt ou tard, nous les mettrons en déroute.

Nous sommes des millions

Nous sommes nombreux et nombreuses, nous sommes des millions. Bolsonaro a gagné la majorité de la population, mais il a perdu les travailleurs·euses les moins payé·e·s, dans tout le Nord-Est, les femmes, les Noir·e·s, les plus jeunes et les personnes LGBT. Parmi les couches les plus exploitées et opprimées, la gauche et la démocratie l’ont emporté.

Dès lors s’impose comme tâche centrale la formation d’un Front unique réunissant toute la gauche, les mouvements sociaux, syndicaux et étudiants pour résister et battre le gouvernement d’extrême droite de Bolsonaro ; et construire l’unité démocratique avec tous les secteurs prêts à la lutte unitaire contre l’autoritarisme et le fascisme.

La construction de ce Front doit se référer au mouvement des femmes unies contre Bolsonaro, qui a fait descendre plus d’un million de personnes dans les rues le 29 septembre, et au mouvement spontané de rue impulsé par des dizaines de milliers d’activistes lors du second tour. Ce regroupement précieux doit être préservé et renforcé.

En résistant, nous allons aussi nous battre pour construire un nouveau projet de gauche, cherchant à dépasser les graves erreurs et limites du PT. Ceci avec le Parti socialisme et liberté (PSOL), le Parti communiste brésilien (PCB), le Mouvement des travailleurs·euses sans toit (MTST), l’Articulation des peuples indigènes (APIB) et tous les secteurs prêts à construire un nouvel horizon socialiste dans notre pays.

Avec l’élection de Jair Bolsonaro, il nous faudra affronter des jours difficiles. Mais nous devons garder la tête haute et un moral élevé. La vérité est de notre côté. Il faut répondre à l’ascension du néofascisme avec courage, grâce à l’unité la plus large de la gauche et des secteurs démocratiques. Nous allons unir les activismes, tous les mouvements, les collectifs et les organisations. Nous allons nous donner la main, ensemble avec le peuple travailleur et opprimé. Uni·e·s, nous serons fort·e·s pour résister et vaincre!

Esquerda Online, édition spéciale, 28.10.2018 (esquerdaonline.com.br)
Traduit de l’espagnol par Hans-Peter Renk
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