Hamell on Trial, une guitare et des mots

Hamell on Trial, une guitare et des mots

Dernier arrivé au label Righteous Babe Records, Hamell on Trial est un artiste détonnant. A la croisée des chemins entre le rock et le folk, sa musique, puissante, politique, passionnée et énergique, marie origines punk et style acoustique.


Hamell est né à Syracuse, New York, et a participé à de nombreux groupes avant de se lancer dans une carrière solitaire à travers laquelle il a trouvé la liberté d’écrire et de composer sans contraintes extérieures. C’est en participant à un concert où de nombreux artistes se produisaient que lui est venue l’idée de son nom. «Je n’avais jamais joué seul auparavant et encore moins en acoustique et je savais que tous les musiciens de la ville seraient présents, que je serai scruté, comparé, alors j’ai décidé de me produire ce soir-là sous le nom de Hamell on Trial, pensant que cette appellation n’allait pas rester. Après ma performance, j’ai été contacté par une maison de disque qui m’a proposé un contrat, ce qui ne m’était jamais arrivé. Depuis, le nom est rest酻 Et le choix de l’acoustique aussi. «J’ai réalisé que la structure sonore d’une guitare acoustique était bien plus large que celle d’une guitare électrique et permettait de remplacer avantageusement une basse ou une batterie.»


Hamell passe par différents labels et après avoir assuré la première partie d’une tournée US d’Ani DiFranco, c’est naturellement qu’il atterrit à Righteous Babe Records et sort, en août 2003 Tough Love.

Donner la parole aux «sans voix»

Ses chansons ont toujours été influencées par la réalité sociale qu’il a pu observer, souvent sombre et pauvre. Pour avoir côtoyé les marginaux, Hamell réussit à exprimer ce que la société refuse de voir et y prend un plaisir non dissimulé. «J’espère contribuer à donner une voix à celles et ceux qui ne sont que trop peu souvent entendus, à ces gens sur lesquels il est bien plus intéressants d’écrire que sur les chrétiens bien-pensants ou sur les républicains.»


Les textes de Hamell sont le reflet des côtés noirs trop souvent consciemment ignorés de nos sociétés. Hamell écrit sur l’amour, le sexe, la politique, la mort – subie ou frôlée – dieu, la solitude, les voyages ou encore la drogue. Sur tout ce qui fait le quotidien de celles et de ceux que l’establishment ignore, par ce qu’il refuse de les regarder.


Tough Love n’est pas son premier album, mais il est probablement la meilleure introduction à son œuvre, qui défie toute catégorisation. On retrouve Ani DiFranco (sa voix et sa guitare) sur la chanson «All That Was Said», qui nous plonge dans cet état mystérieux et doux, lorsque l’on se trouve entre le sommeil et l’éveil. Si la plupart des chansons de Tough Love ont à voir, de près ou de loin, avec l’amour, elles ne sont pas mielleuses et on est agréablement surpris par l’énergie qui émane de ce CD. Ici, la vie se vit pleinement, avec passion, avec authenticité.

Don’t Kill

Bien que critique face aux religions, Hamell rappelle non sans humour dans «Don’t Kill» ce que Dieu entend exactement par «son» commandement «Tu ne tueras point». Car il semble que certains fanatiques – au premier rang desquels un certain George W. Bush –, qui invoquent précisément d’obscures mandats divins pour leur sinistres desseins, aient quelques problèmes de compréhension de leur propre cadre de référence… Alors que certains n’expriment, sans scrupules, que mépris pour la vie de milliers d’hommes et de femmes de ce monde, Hamell rappelle le sens et la valeur de celle-ci dans «Down», chanson touchante inspirée par un accident de voiture dans lequel il a failli y rester.


Bien qu’énergique et parfois brutal, Tough Love est un album qui transpire la tendresse et la fraternité, sentiments qui animent dans son quotidien cet artiste hors du commun.


Erik GROBET