France

Même si Macron ne le veut pas, la mobilisation est toujours là

Deux mois après le début de la mobilisation contre la « réforme » de la retraite à points, la mobilisation est toujours d’actualité et se développe sous différentes formes au grand dam du gouvernement.

Manifestation contre la réforme des retraites, Paris, 17 décembre 2019

La grève reconductible à la SNCF et à la RATP est certes terminée, mais n’a pas sonné la fin de la contestation contre la contre-réforme. Bien au contraire. Pas un jour ne se passe sans que des secteurs d’activités ne se fassent entendre par des actions inédites.

La grève est bien là, que ce soit celle des pompier·ère·s qui ont manifesté le 28 janvier dernier ; celle des éboueurs·euses et des agent·e·s chargé·e·s du traitement des déchets de l’Île-de-France ou de Marseille, qui sont en grève depuis plus d’une semaine ; celle des salarié·e·s de l’énergie qui multiplient les coupures de courant et baisses de production ; celle des personnels hospitaliers et des médecins qui démissionnent à tour de bras depuis quelques semaines et qui appellent à une journée de grève nationale le 14 février. Mais aussi et encore les professions libérales qui ont manifesté massivement le 3 février ; les agent·e·s et salarié·e·s de la Culture ou encore les enseignant·e·s, mais aussi les facs et les labos en lutte qui se sont réunis à plus de 700 le week-end des 1er et 2 février. Sans oublier les lycéen·ne·s, qui sont de plus en plus nombreux à bloquer leurs lycées contre le nouveau bac Blanquer. Et le gouvernement est en train de comprendre qu’il ne suffit pas d’aller sur les plateaux télé et de siffler la fin de la grève pour que celle-ci se termine.

Tout le monde déteste Macron et son monde

Cette exceptionnelle mobilisation démontre l’ampleur du rejet de cette réforme dans l’ensemble du monde du travail et de la détestation de plus en plus importante de ce gouvernement. Comment en serait-il autrement quand Pénicaud et les député·e·s LREM ont combattu une proposition de loi proposant de prolonger de cinq à douze jours de congé pour les parents venant de perdre un enfant ? Il aura fallu l’intervention du Medef pour assister à un rétropédalage…

Comment en serait-il autrement quand Blanquer a fait prélever un jour de grève aux enseignant·e·s qui sont allés à l’enterrement de Christine Renon, cette directrice d’école de Pantin qui s’était suicidée en septembre dernier ? Comment en serait-il autrement quand ce gouvernement met en garde à vue plusieurs dizaines d’heures des mineurs ayant bloqué leur lycée ? Comment en serait-il autrement quand ce gouvernement éborgne, mutile celles et ceux qui s’opposent à sa politique d’injustice et de régression sociale ? Comment en serait-il autrement quand Michelin licencieur demande aux salarié·e·s licencié·e·s de rembourser leurs pneus ou quand la SNCF verse des primes aux non-grévistes et que la RATP sanctionne des grévistes ?

Un gouvernement très fragilisé

Bien que ce gouvernement semble rester droit dans ses bottes, une chose est certaine : il est très fragilisé. Après que le Conseil d’État a émis de sérieuses réserves sur le projet de réforme des retraites, il vient de suspendre en référé la circulaire Castaner sur les prochaines élections municipales. Mais ce n’est pas tout. Après les nombreuses perturbations pendant les vœux des député·e·s et ministres LREM, c’est désormais le tour des candidat·e·s aux municipales.

La reprise du travail dans les secteurs en reconductible, l’épuisement du calendrier proposé par l’intersyndicale nationale dû à la répétition des journées nationales de mobilisation, l’ouverture du débat parlementaire et le début du tunnel des vacances scolaires, tout cela impose de rouvrir largement les discussions sur la stratégie pour construire la mobilisation. S’il faut continuer à défendre la nécessité de la grève, à travailler à son enracinement et son extension, les conditions de son développement sont un peu modifiées à court terme par tous ces facteurs. Le mouvement a besoin de trouver un nouveau souffle, de marquer les esprits, de permettre aux grévistes de gagner de la confiance. Et pourquoi pas une manifestation nationale pour relancer la locomotive ?

Joséphine Simplon
Article paru initialement sur le site du NPA ↗, adapté par notre rédaction

Comment continuer

Après des semaines de lutte, les forces s’épuisent même si la colère demeure intacte. Pour faire reculer ce gouvernement, une nouvelle démonstration de force semble nécessaire. Loin des mouvements partiels, étalés dans le temps. Rassembler dans la capitale le même jour toutes les catégories et les branches professionnelles dans une mobilisation centrale et massive reste possible.

Selon Olivier Besancenot « Il faut réussir une grande manifestation à Paris avec un million de personnes… pour préparer une grève générale ». Cette action constituerait
la meilleure motion
de censure.

José Sanchez