France

Compter les sous plutôt que les mort·e·s

Le Covid-19 s’est abattu sur un système de santé déjà très affaibli par des années de restriction budgétaire. Les économies entreprises par l’État ont un coût : humain et non financier.

Manifestation du service public, Paris, 16 juin 2020

Pour pouvoir admettre en réanimation des centaines de malades du Covid-19, tous les hôpitaux français ont été réorganisés en 24 heures. Mais de nombreuses personnes âgées n’ont pas été admises, des patient·e·s atteint·e·s de diverses pathologies ont dû attendre pour être soignées. Seul un confinement total de deux mois a permis d’éviter que le système hospitalier ne se retrouve totalement dépassé.

Des soignant·e·s démuni·e·s de toute protection, dans les premiers jours, ont travaillé avec abnégation et des centaines d’entre elles·eux ont été contaminé·e·s. 

Dans les Établissements d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD), où le manque de personnel est catastrophique depuis des années, le personnel s’est trouvé totalement démuni face à l’épidémie : manque durable de protections individuelles, pas de remplaçant·e·s pour les agent·e·s malades, détresse des résident·e·s confiné·e·s dans leur solitude. Au final plus de la moitié des décès dûs au Covid-19 en France sont recensés au sein des EHPAD.

Mobilisations réprimées

Au sortir de cette crise, les mobilisations de membres du personnel hospitalier, travaillant dans tous les secteurs, ont été massives à travers tout le pays. 

Le gouvernement a réuni les syndicats au ministère de la Santé pour organiser un simulacre de négociation qui ont accouché d’une enveloppe de 6 milliards d’euros pour le public et les cliniques privées. Les syndicats et les collectifs sont loin d’être satisfaits par ces annonces. La CGT santé estime les besoins à 57 milliards d’euros, dont 32 milliards pour la santé publique. Pour FO, il faut au minimum 9 milliards d’euros pour augmenter de 300 euros nets les salaires actuels. SUD Santé juge qu’aucun de ses préalables n’a été satisfait : 300 € pour toutes et tous, réouverture des lits là où l’on a trop fermé ainsi que des hôpitaux de proximité, 100 000 embauches dans les hôpitaux publics et 200 000 dans les EHPAD.

Dans les faits, à l’hôpital public, c’est aujourd’hui le retour à l’anormal. Des soignant·e·s, applaudi·e·s il y a quelques semaines, sont victimes de la répression de leur direction comme à l’hôpital du Rouvray, à côté de Rouen, ou de celle de l’État comme Farida, infirmière mise en garde à vue à l’issue de la manifestation parisienne du 16 juin dernier et qui sera jugée en septembre prochain. Des huissiers sont chargés de surveiller le personnel qui manifeste devant l’hôpital Avicenne à Bobigny en Seine-Saint-Denis. Des lits continuent d’être supprimés, comme à l’hôpital de Besançon. Le personnel manque partout.

En fait, l’État continue de compter les sous. En lâchant des petites augmentations de salaires, il tente de casser la mobilisation naissante dans les hôpitaux. Va-t-il réussir ? La prochaine étape de la mobilisation est prévue à Paris le 14 juillet, où une manifestation est appelée par les collectifs de soignant·e·s, de médecins et par les syndicats en réponse à la provocation du gouvernement qui veut rendre hommage aux soignant·e·s le jour de la fête nationale.

NPA Secteur Santé