Manifeste de la Grève pour l’Avenir

Le 21 mai, toutes et tous en grève pour la justice climatique !

Nous reproduisons ici le texte du manifeste de la Grève pour l’Avenir, publié le 6 avril 2021 en prévision de la journée de grèves et mobilisations du 21 mai.

Grande banderole de la Grève pour l'avenir dans le hall d'Uni Mail Genève
Banderole de la Grève pour l’avenir à Uni Mail, Genève

Partout dans le monde, des millions de personnes descendent dans la rue pour un avenir plus juste. Ils·elles sont révolté·e·s par des terribles feux de forêt, des camps de réfugié·e·s surpeuplés, les conditions de travail indécentes ou la destruction des écosystèmes. Ces crises sont réelles et leur urgence exige une action immédiate et radicale. Leurs causes et la logique qui les alimentent sont bien connues: l’exploitation de la nature et de l’humain induite par une croissance économique aveugle, le patriarcat et l’impérialisme. 

Les gouvernements, les grandes entreprises et les institutions financières n’ont aucun intérêt à apporter des réponses à ces crises. Le côté antidémocratique de notre politique parlementaire l’empêche d’aborder sérieusement ces questions. Les crises économiques, écologiques et sociales générées par le système capitaliste ne peuvent donc être résolues en son sein.

La transition vers une société écologique et socialement juste nécessite une mobilisation sans précédent. Face à l’inertie des décideurs·euses, unissons nos forces et créons des structures démocratiques de base nécessaires à la transition à une société sociale et écologique !

Nos revendications

Atteindre la neutralité carbone au plus vite ; ne pas dépasser 1,5 degré !

La crise climatique aggrave toutes les autres. Un réchauffement global de 2 degrés pourrait causer entre 300 millions et 3 milliards de morts ! 

Les émissions responsables de ce réchauffement sont en grande partie dues à notre système énergétique. Nous devons au plus vite sortir des énergies fossiles pour passer aux énergies renouvelables, créant ainsi de nombreux emplois. Mais cela ne suffira pas, il nous faut également baisser notre consommation.

Crise globale, réponses globales

La politique internationale et le système économique globalisé sont à l’origine des crises sanitaires, économiques, écologiques et sociales. Les monopoles des multinationales et les accords de libre-échange détruisent l’environnement. Ils augmentent la fréquence des phénomènes climatiques extrêmes, avec un impact dévastateur sur le Sud et sur les minorités discriminées du Nord.

Nous demandons une réglementation légale des industries en accord avec les droits humains et les objectifs écologiques fondamentaux définis par l’ONU.

La santé est un droit

La crise écologique est aussi une crise sanitaire. Les atteintes à l’environnement renforcent les événements climatiques extrêmes et les pandémies. Le réchauffement climatique, la pollution, l’élevage, l’étalement urbain ou encore la destruction des habitats naturels ont et auront des effets terribles pour la santé des populations. 

Nous ne sommes pas tou·te·s égaux·ales face aux risques actuels et à venir. C’est pourquoi nous avons besoin d’un système de santé fort, résilient et solidaire. Toute la chaîne de la santé, de la recherche aux soins en passant par l’industrie pharmaceutique, doit relever du service public et être affranchi des logiques de profit.

Le climat et la biodiversité sont deux facettes de la même crise 

La biodiversité est un aspect fondamental qui permet le fonctionnement de tous les écosystèmes, lesquels sont à la base de toute vie. Les humains en sont aussi dépendants et doivent donc la protéger.

Alors que la sixième extinction de masse a déjà commencé, nous exigeons qu’avant toute décision future, l’impact sur la biodiversité soit pris en compte. Nous revendiquons ainsi la fin du recours à des produits et des méthodes nocives pour l’environnement.

Mise sur pied d’une culture collective solidaire et d’une sécurité sociale pour les acteurs·rices du milieu culturel

L’art et la culture sont des vecteurs d’éducation populaire. La création culturelle doit être reconnue comme service d’utilité publique. Nous demandons une vraie reconnaissance de ces métiers, un soutien financier et des procédures administratives simplifiées pour les personnes et structures qui font vivre la culture.

Nous avons besoin d’une démocratie délibérative directe, pour résoudre l’urgence écologique et sociale

Nous croyons généralement que nous vivons dans une démocratie, mais ce n’est que partiellement vrai.
Le lobbying, le financement opaque des campagnes politiques, le cumul des mandats, le contrôle de l’information empêchent la tenue d’un débat équitable. De plus, tout le monde n’est pas en mesure de participer à notre « démocratie » : environ 25 % des personnes vivant en Suisse n’ont pas le droit de vote et un pourcentage encore plus élevé n’a ni les ressources ni le temps libre pour se présenter aux élections. 

Nous demandons le droit de vote pour les personnes migrantes et un financement transparent de la politique, mais également l’inclusion des personnes concernées dans les projets législatifs et politiques pertinents. Dans le cadre de l’élaboration de la politique climatique suisse, il est essentiel que celles et ceux qui travaillent et vivent ici aient leur mot à dire.

Organisation collective et démocratique de l’économie

L’objectif à long terme est d’établir une société répondant aux besoins fondamentaux de la population, dans le respect des limites de la planète, rompant ainsi avec un système guidé par le seul profit à court terme au bénéfice d’une minorité privilégiée.

En termes de développement économique, le processus d’amélioration significative des conditions de vie de la société devrait primer sur la croissance et le profit. La manière dont nous produisons doit être basée sur les besoins et la santé de la société et de l’environnement.

Pour des voies de migrations sûres et légales et la reconnaissance de la crise climatique comme motif d’asile

De nombreuses personnes voient leurs moyens de subsistance être détruits par la crise climatique et se retrouvent forcées de quitter leurs foyers.
 Nous exigeons la libre circulation de tou·te·s et des droits identiques pour toutes et tous, indépendamment de leur statut. À court terme, nous exigeons la mise en place d’importants programmes de sauvetage en mer.

Nous exigeons aussi que les entreprises basées en Suisse respectent les droits humains et de l’environnement à l’étranger. Les conséquences du réchauffement climatique doivent être reconnues comme un motif d’asile en Suisse.

Pour le droit à un emploi durable, dans de bonnes conditions, avec une rémunération juste, et un travail qui fait sens !

L’organisation économique actuelle est caractérisée par l’exploitation sans limites des ressources et des personnes. Elle contribue à la destruction de l’environnement, accentue les inégalités sociales, rend malade et participe au manque de sens de nos vies. Le tournant écologique implique le démantèlement des industries et services polluants. Mais ce n’est pas aux travailleurs·euses des secteurs de payer ce tournant. Ils·elles doivent bénéficier de garanties de revenus ou d’emploi et de possibilités de reconversion.

Nous voulons donc des investissements publics majeurs dans la création d’emplois durables, stables, sains, rémunérés correctement. Cela nécessite un service public fort financé proportionnellement aux revenus et fortunes ainsi que l’arrêt des privatisations.  Nous voulons plus de démocratie sur les lieux de travail. Les travailleurs·euses doivent être inclus·e·s dans la prise de décisions concernant les méthodes de production et les conditions de travail au sein de l’entreprise, ce qui comprend la diminution des écarts de rémunération.

Nous demandons une réduction du temps de travail avec une compensation salariale complète : des semaines de travail plus courtes, un congé parental plus long et un abaissement de l’âge de la retraite ! Nous réduirons ainsi l’empreinte écologique, créerons les conditions du plein emploi et d’une répartition équitable du travail domestique, éducatif et de soins aux proches.

Pour un avenir écoféministe !

La surexploitation de la nature, des femmes, des personnes transgenres et/ou non binaires, des êtres et du Vivant ont une même origine : les systèmes de domination patriarcale, capitaliste, néolibérale et colonialiste.

L’écoféminisme nous donne les clefs pour un avenir plus harmonieux, où le Vivant est respecté. Nous voulons vivre dans une société solidaire sans racisme, sans sexisme, sans homophobie, sans transphobie, sans validisme et sans écocide.

Pour un système alimentaire social, paysan et agro-écologique

Le modèle agro-industriel actuel, axé sur l’exportation, les monocultures et la transformation industrielle, est extrêmement nuisible à l’environnement et ne garantit pas le droit fondamental de tou·te·s à une alimentation saine et adéquate. Il ne respecte pas non plus le droit des producteurs·trices à un revenu décent. 

Nous appelons à la mise en œuvre de la souveraineté alimentaire. À cette fin, la Déclaration des Nations unies sur les droits des travailleurs·euses ruraux·ales doit être mise en œuvre le plus tôt possible.

Réduction des transports privés motorisés et développement des transports publics

Nous devons réinventer notre façon de nous déplacer en accord avec les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Nous avons besoin de transports publics gratuits, accessibles, efficaces, décarbonés et rapides, sans divisions en classes. Il faut également développer un réseau européen de trains à grande vitesse et des itinéraires à vélo.

Une éducation pour une société juste sur les plans climatique et social

La notion d’éducation est aujourd’hui comprise comme étant limitée à l’éducation à l’école et à la formation professionnelle. Mais elle doit avoir pour objectif de résorber les inégalités fondées sur la classe, les moyens financiers, le handicap, le genre ou encore le fait d’être issu·e de la migration. Elle doit contribuer au développement de l’autodétermination de chacun·e et être conçue comme un projet intergénérationnel, s’étendant sur toute la durée de la vie. L’éducation ne doit pas se centrer sur des compétences strictement utiles au marché du travail et doit pouvoir fournir aux personnes les capacités nécessaires pour éviter la catastrophe climatique.

Un système financier transparent sans investissements polluants et meurtriers

Les institutions financières doivent utiliser leurs ressources pour permettre une transition vers la neutralité carbone en respectant les critères de durabilité et les droits humains. En outre, aucun nouvel investissement ne doit être accordé aux entreprises extrayant des combustibles fossiles ou contribuant de quelque manière que ce soit au dépassement de l’objectif de 1,5 degré !

Adaptation et coupes de notre rédaction.