La vague fuschsia est passée au rouge!

La vague fuschsia est passée au rouge!

Lundi 8 mars, à Genève, Lausanne, Neuchâtel, comme partout en Suisse, le rouge de la colère s’est affiché dès l’aube et jusque tard dans la nuit.

A Neuchâtel, les réveils-matins ont retenti dans le hall de la gare dès 6h30 et les ballons rouges destinés à décorer les lieux de travail, les salles de classe ou les entrées des bureaux trouvaient sans peine des mains prêtes à concrétiser l’action.

Belle journée genevoise, commencée à 7h30 du matin devant le camion de la Caravane des femmes, terminée 12 heures plus tard au Jardin anglais… et tant de plaisir partagé que bien des femmes regrettaient de ne pas avoir encore organisé une soirée festive, comme d’autres l’ont fait à Bâle, Berne, Zurich, Neuchâtel et ailleurs autour de forums, de débats, de films et de musique, pour clore leurs manifs.

Une traînée rouge dans toutes les rues

La caravane genevoise, cette action originale de sensibilisation, a été bien accueillie par les ouvrières des Laiteries Réunies, les vendeuses des centres commerciaux et les infirmières de l’Hôpital. Les militantes féministes renouaient ainsi avec des traditions de rencontres directes, avec des femmes exploitées sur leurs lieux de travail. Elles se sont promis de ne pas en rester là.

A midi, une traînée rouge s’est répandue dans les Rues-Basses à Genève, militantes et militants des syndicats entraient dans chaque magasin pour distribuer des tracts d’appel à la manifestation du soir, aux votations sur l’AVS et sur l’assurance-maternité.

Enfin la manifestation du soir, très rouge, a rassemblé beaucoup plus de monde que d’habitude: des jeunes en nombre et en voix, des femmes du PDC avec leur entrain de néophytes et leur banderole «Bourgeoises peut-être, solidaires et combatives sûrement». La presse a compté 1500 personnes; nous, nous avions l’impression d’être au moins 2000 tant l’enthousiasme nous gonflait!

Impossible de raconter tout ce qui s’est passé ce jour-là. Mais une chose est sûre, l’appel des femmes en colère a été largement entendu et relayé, tant dans les rues que dans les hôpitaux (à Lausanne, Genève, Neuchâtel, La Chaux-de-Fonds, Perreux, Martigny,…), dans les magasins et les bureaux. Partout la colère s’est exprimée avec des points forts dans la journée: à Neuchâtel, à midi autour d’un pique-nique de la colère, qui s’est poursuivi le soir par un apéro, une soupe à la grimace et une manif de 500 femmes, à Lausanne avec une manif du soir qui a réuni 2000 femmes malgré un temps exécrable; nulle part les femmes n’ont été arrêtées par le ciel gris et glacé: à Delémont et à La Chaux-de-Fonds où 200 femmes sont restées après la manif pour une soupe servie sur une place enneigée, à Fribourg où plus de 400 femmes ont crié leur colère contre les inégalités, sans parler des moblisations au Tessin et en Suisse alémanique, où notamment les Bernoises et les Bâloises ont organisé des actions très variées et bien suivies durant toute la jounée et où les Zurichoises ont fait très fort, avec 5000 manifestant-e-s dans la rue.

Un côté jubilatoire visible et sensible partout

Cet enthousiasme, on s’en rappellera durant toute la campagne contre la 11ème révision de l’AVS et pour le soutien à l’assurance-maternité. Il communique à toutes les femmes l’envie de collectiviser leurs rages et leurs luttes individuelles et donne à voir le côté jubilatoire du féminisme, «un côté pas assez connu de la consoeurie», comme dit une nouvelle venue.

Des jeunes qui sont venues en nombre, le slogan «rouges de colère» leur a plu, les manif festives aussi. A Genève, la mobilisation des jeunes avait été préparée par le mouvement des collégiennes et par le festival Superfemmes de l’Usine. Le collectif anarchiste Infokiosk et des groupes d’artistes étaient également actifs lors de cette journée. Le Collectif 14 juin qui depuis plus d’une dizaine d’années organise les manifestations du 8 mars et qui commençait à s’essouffler sent maintenant venir la relève! A Neuchâtel, le Parlement des Jeunes avait lui aussi invité les jeunes à manifester et dans plusieurs écoles la journée internationale des femmes a été thématisée par les profs dans tous leurs cours.

Le soir du 8 mars, une militante, Alda de Giorgi, nous confiait par courriel: «Mes premières impressions de cette manif? Une réussite! La joie évidente de centaines de femmes de tous les âges d’être dans la rue et de revendiquer leur féminisme! Une détermination aussi. La vague fuschsia est passée au rouge!»

Maryelle BUDRY et Marianne EBEL