Micarna

Migros bafoue les droits des travailleur·eusexs!

Alors que Migros se présente comme un employeur idéal, promouvant le «respect mutuel» et la «conciliation de la vie professionnelle et privée», sa position vis-à-vis des employé·es de Micarna met en évidence une tout autre réalité. Celles et ceux-ci ont fait grève durant cinq jours pour s’opposer à leur licenciement.

Hadrien Buclin soutient les grévistes de Micarna
Le député d’Ensemble à Gauche Hadrien Buclin a pris la parole en soutien aux grévistes, Écublens, 4 mars 2024

Le 29 février 2024, les employé·es de Micarna à Ecublens, une filiale du Groupe Migros spécialisée dans la production et le traitement de viande, ont lancé une grève pour contester la fermeture du site et les conditions de leur licenciement. En effet, la direction de cette entreprise n’avait pas informé les travailleur·euses de manière transparente sur la fermeture du site, ne les avait pas non plus consulté·es et refusait d’entrer en négociation avec elles et eux. 

De plus, aucune solution de réengagement n’était proposée aux 84 personnes qui allaient perdre leur emploi, et le plan social restait très insuffisant, notamment sur les préretraites. Quant aux indemnités liées au départ de la société, elles sont totalement ridicules. Initialement, Migros ne prévoyait pas une indemnisation de départ en fonction de l’âge de la personne.

Des conditions de travail inacceptables

Il ressort par ailleurs que les conditions de travail au sein même de l’usine s’avèrent loin d’être «idéales», «respectueuses» ou «conciliantes»! Les heures de travail supplémentaires s’accumulent. Selon UNIA, certaines personnes sont amenées à œuvrer jusqu’à 14 heures en une journée. En outre, des heures travail fixes ne sont pas prévues, poussant certain·es à se lever à des heures incongrues (comme 3h du matin) pour rejoindre l’usine; ou à travailler toute la nuit. 

Concernant les divers frais liés au travail, comme les transports et le logement sur place, les employé·es contestent également les indemnisations offertes par Migros, les considérant trop basses. Les transports ne sont couverts que pendant 18 mois, ce qui rend les trajets rapidement chers pour les personnes vivant loin de l’usine. De plus, les indemnités de résidence pour les salarié·es devant dormir sur place (ce qui arrive souvent visiblement) ne montent qu’à 750 francs par semaine au maximum, alors que très souvent le prix pour une nuit d’hôtel, nourriture comprise, peut s’élever à 150-200 francs. Les employé·es ont revendiqué l’augmentation de ces indemnités.

Face au cynisme de Migros, la grève!

Pour faire face au cynisme de la direction de Micarna, les employé·es se sont mobilisé·es pour défendre leurs droits et pour garantir des conditions de licenciement et un plan social dignes et respectueux.  

Migros a refusé au premier abord toute discussion avec les travailleur·euses et leur représentation syndicale, puisque l’entreprise ne reconnaissait pas UNIA comme un « partenaire » social légitime, alors que le syndicat avait été mandaté par une majorité des employé·es. 

La situation a vite attiré l’attention du monde politique. Un comité de soutien de la gauche vaudoise s’est formé, réunissant Ensemble à Gauche (dont solidaritéS), le Parti socialiste, le Parti ouvrier et populaire, Les Vert·es, les Jeunes Vert·exs et la Jeunesse socialiste. Des échos ont même atteint le Grand Conseil vaudois et la grève a été rapidement médiatisée. Après cinq jours de grève, l’entreprise a été obligée  d’entrer en négociations avec le syndicat UNIA.

Face au capitalisme sauvage et à l’exploitation, organisons-nous!

Alors que les bénéfices de Migros se sont élevés à 1,5 milliard de francs en 2023 (des chiffres record!), en sachant que l’entreprise se fait des marges ahurissantes sur les produits alimentaires, rien ne peut justifier l’intransigeance et le mépris de la direction de Micarna. 

La crise sociale et économique actuelle impacte fortement la population qui a vu les prix de la nourriture et de la santé augmenter massivement ces deux dernières années. Le «géant orange» a montré, une fois de plus, que ses profits valent plus que le respect des conditions de travail de ses employé·es! 

Rappelons tout de même l’impact néfaste sur l’environnement d’entreprises comme Micarna. Son modèle d’élevage intensif et de production pollue et dégrade l’environnement, s’opposant à la perspective d’une société qui produit son alimentation de manière écologique et durable. Toute réponse syndicale et mobilisation doit intégrer des revendications contre les effets désastreux d’une industrie pour notre planète et les vies animales. Par exemple en priorisant des revendications pour un programme de maintien de l’emploi via une reconversion professionnelle.

solidaritéS Vaud a apporté son plein soutien aux travailleur·euses en lutte et salue le courage des grévistes qui ont décidé d’affronter ce géant économique et son cynisme brutal. La grève des travailleur·euses de Micarna met en évidence que seule l’action directe et la lutte collective des salarié·es peut remettre en cause les choix et les diktats d’un employeur, aussi puissant soit-il !

Ph. K.