L’action syndicale est un droit: NON à la dérive pénale!

L’action syndicale est un droit: NON à la dérive pénale!

Pour le 26 août, l’ex-président central du Syndicat des Services Publics (SSP) Eric Decarro, et le vice-président genevois du SSP Paolo Gilardi, ont été convoqués par le juge d’instruction Stéphane Esposito pour être «inculpés d’entrave au service public […], d’instigation […] et de violation de domicile», rejoignant ainsi un autre inculpé connu, le secrétaire régional genevois du SSP, Rémy Pagani qui fait partie des membres de solidaritéS qui siègent comme député-e-s au Grand conseil genevois dans le groupe de l’Alliance de Gauche.

Ces inculpations concernent l’action menée le jour de la grève de la fonction publique du 14 mai par une cinquantaine de militante-e-s syndicaux. Tôt le matin, ils ont tenu des piquets pacifiques devant les dépôts des Transports Publics Genevois. Seuls quelques véhicules sont sortis malgré le piquet et les transports publics n’ont fonctionné, ce jour-là à Genève, qu’à partir de 8h. du matin.

Intervenant à l’aube d’une journée de grève massivement suivie dans la fonction publique, cette action syndicale en direction des transports en commun a rencontré un bon écho parmi la population. Celui-ci a été largement favorable parmi le personnel des services publics et les chauffeurs TPG qui arboraient les badges «TPG solidaire», étant solidaires et inquiets de l’accord qu’avait signé la majorité de droite du Grand Conseil pour s’attaquer aux subventions de leur entreprise, comme à celles de l’hôpital.

Cette action n’a pas plu aux représentants des partis bourgeois. Le parti radical en tête, suivi par les autres partis de l’Entente, le soir même du 14 mai demandait publiquement aux TPG de déposer plainte contre le SSP.

La droite patronale essaye ainsi de transformer un conflit social en affaire pénale. En choisissant parmi la cinquantaine de personnes ayant participé aux piquets des personnalités syndicales connues et remuantes, on cherche à faire condamner pénalement la résistance des employé-e-s, des travailleuses-eurs et de leur syndicats. Avec en plus la menace de suites civiles, les TPG exigeant un «dédommagement» de l’ordre de trois cent mille francs!

Ces inculpations ne visent pas nos seuls collègues ou même le SSP: elles constituent une atteinte générale aux droits syndicaux. C’est en effet souvent par des actions de ce type que les syndicats genevois – comme d’autres mouvements – ont pu, à des moments donnés, imposer un rapport de forces. Un exemple récent: le blocage du centre postal de Montbrillant un matin de juin dernier qui a contribué au rapport de forces permettant d’obtenir le maintien de l’ouverture de plusieurs bureaux de poste à Genève et qui n’a pas connu de suite pénale, malgré une plainte de la Poste!

L’action en justice d’aujourd’hui vise ce type de moyens de lutte légitime. La menace de condamnation pénale contre l’expression des droits syndicaux est brandie à l’encontre de l’ensemble du mouvement syndical et des salarié-e-s, comme d’autres mouvements sociaux également.

Une pétition circule à Genève et est disponible sur le site www.forumsociallemanique.org La signer permet d’appuyer le refus de l’inculpation ou de la condamnation de Pagani, Decarro et Gilardi pour l’action du 14 mai. Ces inculpations sont en effet un grave précédent ouvrant la voie au transfert sur le terrain judiciaire de nombre d’actions syndicales. En solidarité avec les syndicalistes inculpés les signataires de la pétition demandent le classement en opportunité de cette affaire par le Procureur Général, en considérant que la lutte syndicale exercée en proportionnalité ne relève pas du Code pénal.

Rédaction