Tunisie: Ben Ali «réélu»… la répression continue

Tunisie: Ben Ali «réélu»… la répression continue

En Tunisie, la confiscation du pouvoir se poursuit avec la même arrogance; prétendument réélu avec plus de 95% des voix, Ben Ali continue sa politique d’oppression et de casse sociale. Derrière la destination touristique paradisiaque, l’envers (l’enfer) du décor est réel pour les démocrates.

Le 4 novembre, Jalel Zoghlami a été condamné à dix mois de prison. Cette condamnation confirme la répression et l’acharnement à l’égard de tous les démocrates et militant-e-s de la gauche anti-capitaliste tunisienne. S’en prendre à Jalel, c’est attaquer l’organisateur du groupe l’Arc de la dignité, dénonciateur inlassable du pouvoir de Ben Ali, bien avant d’autres. Le procès a été monté de toutes pièces, avec des accusations fallacieuses à son égard; en effet, comme l’a répété le genéral-président Ben Ali, «il n’y a pas de détenu-e-s politiques en Tunisie».

Mais voilà, plus de 500 personnes sont en prison pour leurs idées. Le délit d’opinion n’existant pas, il faut donc inventer des crimes afin de les garder au frais le plus longtemps possible et d’intimider d’autres éventuels contestataires. C’est dans ce système de mascarade judiciaire, qu’interviennent les condamnations de Jalel et de son frère. En prison depuis le 22 septembre, Jalel a commencé une grève de la faim pour dénoncer l’acharnement dont les opposant-e-s au régime sont victimes. Jalel a arrêté sa grève le 17 novembre, suite à une mobilisation de ses ami-e-s, action très surveillée et réprimée par la police politique.

En solidarité avec Jalel et tou-t-e-s ses compagnes et compagnons d’infortune, une journée d’action internationale s’est tenue le 19 novembre. A Genève, une vingtaine de militant-e-s ont diffusé un tract devant Tunisair pour dénoncer la situation. Le collectif pour la liberté de Jalel exige la libération immédiate et inconditionnelle de Jalel et de son frère, tient pour responsable Ben Ali de ce qui pourrait leur arriver, exige l’arrêt des poursuites judiciaires et l’acharnement policier subis par Jalel et ses camarades et condamne les méthodes utilisées pour faire taire celles et ceux qui se battent pour le respect des droits humains.

Depuis le 24 novembre, Jalel a repris sa grève de la faim, cette date correspond au procès contre son frère Taoufik Ben Brik. La répression s’abat sur la famille Ben Brik: à l’exception de la mère, toutes et tous ses membres sont convoqué-e-s le 17 décembre pour un procès en appel, initié par le procureur. La date du procès en appel de Jalel a été fixée au 22 décembre, des actions et mobilisations sont indispensables. Notre solidarité avec les femmes et hommes épris de justice sociale, de liberté et d’utopie ne cessera pas avec la libération de Jalel et l’abandon des poursuites, elle se poursuivra jusqu’à ce que chaque homme et femme puisse vivre debout et dignement.

Marie-Eve TEJEDOR