Le bras de fer entre la direction et les salariés de Filtrona se poursuit

Le bras de fer entre la direction et les salariés de Filtrona se poursuit

Depuis le 30 novembre, les salarié-e-s de l’entreprise Filtrona à Crissier sont en grève. Soutenus par le syndicat Comedia, ils entendent faire valoir des revendications légitimes: ils exigent des garanties pour leurs emplois et l’ouverture de négociations pour un contrat collectif de travail contenant des mesures d’accompagnement en cas de restructuration de l’usine. Mais le directeur de Filtrona Suisse SA, Monsieur Dylan Jones leur oppose un refus absolu: «la direction a commencé par balayer un article concernant les départs en préretraite, nous confie un des représentants des employés. Au moment où nous sommes arrivés à la négociation sur les mesures d’accompagnement, il y a eu blocage total». Vendredi 17 décembre l’Office Cantonal de conciliation a décidé elle aussi de se dessaisir de l’affaire. Son Président laisserait entendre que les deux parties seraient coresponsables de l’échec des négociations…

Les femmes particulièrement touchées

Les ouvrières qui, en grande majorité, font tourner les machines, sont pour la moitié d’entre elles des auxiliaires engagées par les entreprises temporaires. Elles n’ont pas de 13e salaire, et éventuellement une prime de fin d’année(si la production va bien…) Si le travail manque, elles sont renvoyées à la maison. Dès le début de la grève, les femmes ont été très combatives. Lors de la manifestation à Renens le 3décembre dernier, elles nous disaient:» Les femmes jouent un rôle déterminant dans la grève. Nous sommes plus de la moitié. Quand le courage faiblit et que les hommes baissent les bras, les femmes donnent du courage à tous. Par leurs chants, leurs initiatives, elles soutiennent tous ceux qui baissent les bras et la solidarité se renforce. Au travers de cette grève, nous comprenons aussi qu’il ne faut pas se laisser faire et que nous devrons défendre l’égalité des salaires pour le même travail sur les machines. La lutte nous a rendues plus conscientes d’avancer nos propres revendications.»Elles affirmaient aussi avec force: «Nous avons tout donné et maintenant on pourra crier, nous voulons travailler». Ce message doit être entendu par l’ensemble des réseaux de soutien et de solidarité. (pi)

Actuellement, les salarié-e-s sont en grève parce qu’ils luttent pour le maintien de leurs emplois, pour obtenir des garanties sur l’activité de leur entreprise, rachetée par la multinationale anglaise Bunzl l’année passée. Ils résistent à toutes les menaces de la direction: licenciements avec effet immédiat si le travail ne reprenait pas, chantage sur le versement du 13e salaire, refus de négocier tant que la grève continue. Le syndicat a depuis le 2 novembre déjà, fait une proposition de contrat collectif de travail comprenant des mesures d’accompagnement, mais la direction n’a fait que durcir le ton, jour après jour.

Délocalisation programmée

Les craintes des travailleurs-euses sont basées sur les agissements des patrons anglais qui ont racheté l’usine, il y a un peu plus d’un an. Le nouveau directeur est venu en Suisse après avoir fermé un site de production en Italie à Rovereto: en décembre 2002, le personnel italien avait reçu des vœux d’embauche à l’occasion du Nouvel An. Mais, en janvier 2003, la fermeture leur avait été annoncée pour le mois d’avril ainsi que le déménagement des machines en Angleterre, avec 134 licenciements à la clé (cf. Solidarités no 57). Ici à Crissier, ces derniers mois, plusieurs machines parmi les plus performantes ont été démontées et deux sont parties en Angleterre. Des travailleurs anglais sont venus se former sur ces machines et la direction continue à refuser toute information sur l’avenir de la production en Suisse.

Comité de soutien créé

Le vendredi 17 décembre, un Comité de soutien formé de nombreuses organisations, associations et syndicats s’est créé à Renens pour soutenir la grève. La région de l’Ouest lausannois a été durement touchée ces dernières années et les fermetures d’entreprises se sont multipliées: Iril, Leu, Veillon, Kodak. Demander à la population de la région de soutenir la grève, c’est aussi lutter contre la volonté patronale de faire de cette région une région sinistrée. Dans ce sens, un tract a été distribué le samedi 18 décembre au marché de Renens et à Lausanne avec un appel de soutien financier et une explication sur la lutte courageuse des employé-e-s de Filtrona.

Il y a urgence

La grève dure maintenant depuis plus de deux semaines et demie. Soutenir les grévistes, c’est aussi venir en aide aux salarié-e-s de Filtrona qui ont des salaires bas et qui vont se retrouver dans des situations très difficiles. Certain-e-s sont payé-e-s à la semaine et vu la grève, ils voient venir les fêtes avec appréhension. «Il n’y aura pas de festivités» m’a confié une travailleuse sur son lieu de travail, «c’est trop dur actuellement».

Passez à Filtrona Crissier pour apporter votre soutien! Ou versez vos dons pour les grévistes au CCP 30-458-7,Comedia, 3001 Berne, mention «dons Filtrona»

Pierrette ISELIN