Pour l’extension... des droits des travailleurs

Pour l’extension… des droits des travailleurs

Intervention de Pierre VANEK, le 8 décembre 2004 au Conseil national pour le groupe «A gauche toute!», dans le débat d’entrée en matière sur l’extension de la «libre circulation» et les «mesures d’accompagnement».

Le groupe «A gauche toute!» est favorable à l’ouverture des frontières et aux droit pour toute personne de venir librement s’établir et travailler dans ce pays, y compris pour celles et ceux provenant d’au-delà des limites de l’Union européenne, que ce soit à 15 ou à 25!

Nous réaffirmons, par ailleurs et avant tout, le droit primordial de tous et de toutes – bafoué par les réalités du désordre économique mondial capitaliste – de ne pas être contraint à l’exil ou à la migration par les inégalités croissantes, par la pauvreté, la misère et les guerres, le droit primordial à vivre décemment dans son pays d’origine en bénéficiant de conditions décentes en matière de travail, de salaires, de logements, de santé, d’éducation, etc.

Parler de «liberté» en matière de migrations ne doit pas servir à occulter les contraintes comme le déni de droits et de libertés réelles qui conduisent trop souvent à celles-ci!

Nous réaffirmons notre position, exprimée dans le débat sur la Loi sur les Etrangers (LEtr): nous sommes fondamentalement opposés à une politique «migratoire» raciste des deux cercles qui dresse des barrières, non plus autour de la Suisse mais aux frontières d’une Europe forteresse, avec pour conséquence de priver de tous droits les «étrangers» en provenance du reste du monde qui sont parmi nous.

Nous déclarons ici notre solidarité avec les habitant-e-s de ce pays, qui y travaillent sans statut légal et sans droits, pour nous ils ont non seulement le droit d’y rester, mais aussi d’y vivre dignement. Cette position n’est pas seulement une position morale, c’est une position politique dictée par les intérêts fondamentaux des salarié-e-s de ce pays… le déni de droits et la surexploitation de toute catégorie de travailleuse ou travailleur dans ce pays porte en effet atteinte aux intérêts matériels de l’ensemble des salarié-e-s.

Nous repoussons avec la dernière énergie les discours xénophobes cherchant à désigner les travailleurs-euses étrangers comme les causes du chômage, du dumping salarial, de l’insécurité et la dégradation des conditions de travail dont sont victimes aujourd’hui et de plus en plus en plus les salarié-e-s de ce pays. La responsabilité de cette situation est clairement du côté de la course au profit toujours plus effrénée des patrons et des actionnaires, sanctifiée comme valeur suprême par les dogmes de la secte néolibérale.

Quant au paquet de l’extension de l’accord de «libre» circulation aux dix nouveaux membres de l’UE et des mesures «d’accompagnement» qui nous sont présentées, la position d’AGT est la suivante:

La Suisse connaît une législation particulièrement déficiente en matière de protection des droits des travailleurs-euses, non pas d’un point de vue idéal, mais concrètement, en comparaison avec les réalités et les législations des pays qui nous entourent.

Cette situation est inacceptable, avec ou sans «libre» circulation d’ailleurs. Comme est inacceptable l’idée d’attendre des situations de «sous enchère salariale abusive et répétée» selon la formule consacrée, pour réagir, face à ce que le Conseiller fédéral Deiss a présenté, dans les débats au Etats, comme une alternative aux délocalisations, permettant aux entrepreneurs de bénéficier «des différences de prix et de salaires en Europe» en obtenant des avantages comparables «tout en restant en Suisse»! Pour nous en particulier:

  • L’extension de conventions collectives devrait être possible à la seule demande du syndicat comme c’est le cas d’autres pays, en France par exemple.
  • La protection des syndicalistes et des réprésentant-e-s des travailleurs contre les licenciements, qui fait défaut en Suisse, comme l’a relevé l’OIT ces derniers jours, doit être garantie.
  • Il faut dans ce pays mettre en place des salaires minimaux par branche et par région…

Ce sont là des revendications élémentaires et légitimes contre le dumping salarial et social!

Dans ce sens et en l’état, les mesures d’accompagnement qui nous sont présentées sont insuffisantes pour que nous acceptions le paquet qu’on entend nous faire adopter. Il est à remettre sur le métier, dans l’intérêt de tous les travailleurs-euses, suisses et étrangers.

Vous savez qu’au sein du mouvement syndical la question a été posée, et reste posée, d’un référendum de gauche contre ce paquet au motif de l’insuffisance des mesures d’accompagnement. Prenez-y garde!

Pierre VANEK