Libre circulation: OUI le 25 et... sur le terrain des luttes le 26!

Libre circulation: OUI le 25 et… sur le terrain des luttes le 26!

SolidaritéS appelle à dire OUI à l’extension de la libre circulation aux 10 nouveaux pays de l’UE. Un OUI critique qui combat de front le NON des xénophobes, UDC en tête. Comme nous l’écrivions dans le tract électoral de l’Alliance de Gauche genevoise… il y a quatre ans, alors que nous combattions en première ligne l’entrée de ce parti au parlement genevois:

« L’UDC a bâti son fond de commerce en recourant aux pires bassesses et en érigeant les étrangers en boucs émissaires, les désignant fallacieusement comme responsables de la dégradation des conditions de vie d’une partie importante de la population, alors que cette dégradation résulte du système économique et politique de notre pays dont l’UDC est le fer de lance. »

Nous nous souvenons aussi des larmes de crocodile de la droite nationaliste qui, pendant des décennies, a martelé que les habitant-e-s de l’Est étaient prisonniers du Rideau de fer… Aujourd’hui, ce sont les mêmes qui exigent qu’on les empêche d’entrer en Suisse… ou du moins d’y entrer avec des droits!

Notre OUI antixénophobe s’inscrit dans le prolongement de notre combat contre une nouvelle loi raciste sur les étrangers. Nous sommes opposés au «mur» que la droite nationaliste veut bâtir autour du pays pour n’y laisser entrer des travailleurs-euses étrangers, que privés de droits et sans statut légal, mais nous sommes aussi opposés à une politique «migratoire» raciste des deux cercles qui dresse ses barrières aux marges d’une Europe forteresse, avec pour conséquence de priver de tous droits ces «étrangers-ères» en provenance du reste du monde qui sont parmi nous. Cet engagement en faveur du droit à la libre circulation ne nous empêche pas en outre de réaffirmer le droit primordial de tous et de toutes de ne pas être contraint à l’exil ou à la migration par les inégalités croissantes, par la pauvreté, la misère et les guerres…

Ainsi notre OUI s’oppose au OUI bourgeois des milieux économiques – nationaliste lui aussi, qui vante la Suisse «qui gagne»… Nous sommes du côté de ceux et celles qui «perdent», essorés par le rouleau compresseur néolibéral et les «règles du jeu» du tout-pour-le-profit, qui sont le dogme du capitalisme mondialisé. Chaque fois que la machine de propagande patronale vante les avantages du OUI… pour la place financière suisse par exemple, nous savons qu’elle sert la soupe aux populistes xénophobes de l’UDC. En réalité, ce pile ou face se retourne dans tous les cas contre les intérêts populaires.

Nous nous distançons aussi du OUI europhile béat de ceux, à gauche, qui vantent une «Europe» sociale mythique. Notre Europe, celle des travailleurs-euses et des droits sociaux est en germe, bien plus dans la mobilisation populaire sans précédent, venant d’en bas, qui a porté le NON français à la «constitution» européenne néolibérale, que dans les salons de Bruxelles. Nous savons aussi que les «mesures d’accompagnement» sont insuffisantes et ne représentent pas cette assurance «tous risques» pour lesquelles certains veulent les faire passer. Dans ce sens, nous nous battons pour renforcer les droits réels des travailleurs-euses dans ce pays… et surtout pour qu’ils les exercent!

Ainsi, nous comprenons celles et ceux qui peuvent être tentés par un NON de gauche protestataire. Pourquoi n’est-ce pas notre mot d’ordre? D’abord parce que ce NON-là contredit notre position de principe en faveur de la libre circulation. Expliquer qu’on est pour la libre circulation «sur le fond» mais contre son extension réelle, aussi limitée soit-elle, est indéfendable, concrètement. Puis, parce que ce NON là, qui cherche à se parer des oripeaux du NON français à la constitution européenne, ne s’appuie pas sur une mobilisation sociale analogue. Au contraire, il ressuscite les pires démons d’un syndicalisme helvétique qui a cautionné par le passé la mise en place du système de «régulation» du «marché du travail», appuyé sur la discrimination Suisses/étrangers, la multiplication des statuts et des permis et la «priorité nationale».

Ce NON là dérive vite vers des mots d’ordre xénophobes… on l’a vu à Genève, avec la position de la section locale du Parti du Travail et celle des Indépendants de l’Alliance de Gauche, qui met en équation dans son programme frontaliers-ères et chômeurs-euses, comme le fait la droite blochérienne, qui divise les travailleurs-euses. Ce NON enfin propage l’illusion qu’on arrivera «par en haut» – en imposant d’autres «mesures d’accompagnement» par exemple –, à se substituer à la nécessaire reconstruction, sur le terrain syndical et social, d’une force de résistance à la hauteur de l’offensive antisociale que nous subissons.

Ainsi – le 25 septembre – nous voterons OUI, sans hésiter! Mais surtout, le 26 septembre nous serons au rendez-vous des batailles sociales et syndicales qu’on nous impose et qui s’imposent…

Pierre VANEK